Celui qui met toute son application à s'amuser toujours s'expose à s'ennuyer longtemps.
En se conformant, dans ses disgrâces, à la volonté du Ciel, on ne s'aperçoit quasi pas des rigueurs de la fortune.
Céder en pensée à la tentation ne nous dispense pas d'y céder en fait.
Quand on trouve son bonheur en soi-même on fait peu d'estime de celui qui peut venir d'ailleurs.
Le rire est la trompette des fous.
Les mouches s'assemblent où il y a du miel, et les critiques sont aussi importunes que les mouches.
Les grands de ce monde ont les oreilles aux pieds, il faut s'abaisser pour leur faire entendre ce qu'on souhaite d'eux.
Un aveuglement volontaire est incurable, et l'opiniâtreté d'un sot est inflexible.
Celui qui médite de se venger dispose tout ce qui est nécessaire pour hâter sa perte.
L'estime ne fait pas toujours naître l'amitié, et l'amour n'inspire pas toujours de l'estime.
La marque la plus infaillible de l'inexécution d'une promesse c'est lorsqu'on la fait avec trop de facilité.
La mesure du bonheur ou du malheur de l'homme c'est l'idée qu'il en a.
La mode est l'idole de la jeunesse, la plus ridicule et la plus ruineuse de toutes les vanités.
Sot et opiniâtre sont des termes différents mais qui expriment la même chose.
Le hâbleur et la pie se ressemblent parfaitement ; tous deux ont la voix, et rien de plus.
Un honnête homme craint toujours un refus auquel souvent il est plus sensible qu'au plaisir d'une grâce accordée.
La terre n'est qu'une hôtellerie où on loge quelques nuits et au-delà de laquelle il n'y a qu'un pas jusqu'à l'éternité.
Le soupçon est le fruit d'une mauvaise conscience, et l'effet de l'appréhension qu'on sent d'être payé de la même monnaie dont on régale les autres.
La bonne économie est le milieu entre la prodigalité et l'avarice, elle doit s'y tenir si ferme, qu'elle ne penche ni d'un côté ni de l'autre.
Le prédicateur qui prêche plus d'exemples que de paroles, enseigne le chemin du ciel de la manière la plus éloquente du monde.
La pénétration, la vivacité, l'étendue, la sublimité de l'esprit, la force du raisonnement : voilà pour les hommes des sources de mille soucis, de mille inquiétudes, de mille chagrins, de mille malheurs dont les autres créatures sont heureusement délivrées.
Que les bornes de notre raison sont étroites ! elle ne peut s'élever au-dessus des choses périssables : dans celle-ci même, il est rare qu'elle ne soit la dupe de ses conjectures. Que de faiblesse, que d'incertitude dans nos raisonnements !
C'est un sot et aveugle guide que la raison humaine : abandonnez-vous à sa direction, elle ne manquera jamais de vous conduire à la folie.
Que l'homme est peu sage de se tourmenter pour acquérir tant de diverses connaissances ! Il est rare qu'il réussisse : pour le faire avec succès, il faut un travail opiniâtre, qui use, qui abrège la vie : est-il assez heureux pour arriver au but qu'il s'est proposé, à peine y touche-t-il que la mort survient et ensevelit le tout dans un oubli éternel.
Quoique la fortune soit sans pudeur, elle rougit pourtant quelquefois à la vue du mérite.
Les grandeurs et les dignités acquises par des crimes sont des ornements qui rendent hideux. Il y a tant de rapport entre la vie et le songe, qu'il est plus difficile qu'on ne s'imagine d'en bien marquer la différence.
La plupart des biens et des maux de cette vie n'ont de réalité qu'autant qu'il plaît à notre imagination de leur en donner. Comme ils lui devaient leur naissance, elle aussi la maitresse de leur durée.
Il n'est point de crime plus criant que la trahison. Elle est parmi les vices ce que l'araignée est parmi les animaux venimeux, c'est-à-dire tout poison.
L'amour-propre est le plus terrible et le plus dangereux de nos ennemis, puisque, après s'être insinué auprès de nous à titre de conseiller intime, il ne se sert de de ses lumières que pour nous trahir.
Il n'est point de moyen plus efficace pour se consoler de la perte de ce qu'on a aimé que de se rappeler à l’esprit le temps qui a précédé sa possession.
Il faut se résoudre à perdre l'estime et l'amitié du reste des hommes, quand on se laisse posséder par l'amour de l'argent.
Dieu ne saurait faire que ce qui doit arriver n'arrive pas.
Les mouches s'assemblent bientôt où il y a du miel ; et les critiques, nation pour le moins aussi importune que les mouches, font paraître une diligence incroyable à porter la sape partout où il y a du savoir et de la vertu.
Le talent du critique est la malice, et très souvent l'incapacité.
Heureux celui qui passe sa jeunesse dans l'étude de la sagesse, dans l'application aux leçons qu'elle donne, et dans la pratique de la vertu. Car il conservera immanquablement dans sa vieillesse plusieurs agréments de sa jeunesse.
La jeunesse d'aujourd’hui croit tout savoir, sans même vouloir apprendre. Elle veut mettre la théorie à la queue de l'expérience. Elle s'amuse et s'occupe de bagatelles, et se livre tout entière à la folie. L'indolence est son oreiller, et la licence son lit de repos.
La haine et le désir de se venger sont des passions ingénieuses ; elles trouveront toujours pour se satisfaire des moyens auxquels on n'aurait jamais pensé.
Rien de tout ce qui doit finir n'est insupportable.
La raison veut qu'on s'accommode au sort qu'on ne saurait changer.
La raison enseigne que toute agitation d'esprit est inutile lorsque le mal est sans remède. L'inquiétude pendant qu'on est entre la crainte et l'espérance sur l'issue d'une affaire me parait plus raisonnable que le chagrin quand on en est dans le malheur ; puisque dans la première situation, le peut-être peut aussi bien tourner du mauvais côté que du bon.
La sincérité, un cœur ouvert est sa devise, et son but n'est que l'honneur.
La sincérité n'a pas besoin de témoins pour prouver ce qu'elle dit, et ses protestations sont incontestables. Elle enferme diverses vertus en elle-même ; car elle ne ment jamais, ni ne flatte gratuitement personne.
Tout homme qui n'est pas muet parle ; mais chacun ne connaît pas l'art de parler. Il faut pour cela de l'esprit, du jugement et de la rhétorique. C'est un si grand talent que celui de bien parler.
Les plaintes sont les vapeurs du chagrin qui semblent soulager le cœur, mais ne nous procurent cependant guère de consolation.
L'homme est d'un goût si dépravé que tout ce qu'il aime n'est dans le fond que pure sottise. Son désir n'est que pour les honneurs, et son inclination que pour les plaisirs.
Tous ceux qui ont du bien sont en état de donner, mais tous ceux qui sont en état de donner ne savent pas la manière de le faire. C'est un secret réservé pour les belles âmes qui considèrent à qui, quand et comment il faut donner.
Notre monde est bien corrompu ! le vice se cache sous le masque de la vertu !
Un bon cœur ne sait ce que c'est que l'envie, et souhaite du bien à tout le monde. Il console les affligés et n'ajoute rien au fardeau du malheureux.
Un bon cœur ne saurait voir qu'avec peine la désunion des amis, et ne s'en fait aucune de se fatiguer pour les remettre bien ensemble. Il adoucit la colère de l'emporté, et a en horreur toute sorte de vengeance.
Un bon cœur ne se sert de sa langue que pour dire du bien de tout le monde, et il est muet lorsqu'on lui demande témoignage au préjudice d'autrui.
Un bon cœur est sensible au malheur d'autrui, et compatit à tous ceux que son impuissance l'empêche d'aider. Il explique tout en bien, et est ingénieux à cacher les défauts d'autrui.
La nature est si parfaite dans ses ouvrages qu'elle n'a pas besoin d'embellissement.
L'ennui est un déplaisir que le sage ne connait point, et que le niais trouve partout.
Le joueur est un voleur qui dérobe sans s'exposer à être puni par la justice.
Un vieillard qui s'amuse à entretenir ses maîtresses est aussi fou qu'un aveugle qui ferait emplette de lunettes.
Le débauché à qui la conscience annonce des malheurs fait à son égard l'office de prophète, et de prophète infaillible.
L'excessive familiarité est la source des inimitiés les plus irréconciliables.
L'effronterie est l'avorton de la hardiesse et ordinairement l'héritage d'une basse naissance. Tous les honnêtes gens l'ont en aversion, et il n'y a que les sots qui lui attribuent une espèce de courage.
L'espérance a la vertu d'encourager ceux qui au milieu des adversités manque de force.
Tant que l'espérance l'accompagne, quelque disgrâce qui puisse arriver, l'homme se soutient.
L'espérance, c'est elle qui fait revivre les esprits les plus abattus.
L'homme est souvent la dupe de ses espérances, et de la connaissance de ceux à qui il a rendu service.
II n'y a qu'une sincère générosité qui sache assaisonner ses bienfaits de tout ce qui peut les rendre précieux.
La vraie libéralité est toujours accompagnée de circonstances propres à la rendre parfaite.
L'abondance a tué plus de gens que l'indigence la plus affreuse n'en a fait mourir.
La paresse est le trône du péché.
II n'y a rien qui ressemble mieux à une éponge qu'un homme avare.
L'amitié et l'amour s'aiment comme deux frères qui ont une succession à partager.
La recommandation est souvent plutôt un effet de l'envie de se défaire des gens, qu'une réelle marque de sincère amitié.
Le plus sûr pour vivre heureux est de ne mépriser et de ne désobliger personne, le moindre ennemi peut faire plus de mal que l'ami le plus zélé ne peut faire de bien.