Quelle que soit l'idée qu'on a de la vertu d'une femme, ce n'est certainement que l'espoir qui fait qu'on lui déclare l'amour qu'on a pour elle ; et l'on n'est jamais malheureux quand on espère.
Blâmer un jeune homme d'être amoureux, c'est reprocher à quelqu'un d'être malade.
Le comble du bonheur est de goûter avec la même personne les plaisirs de l'amour et les douceurs de l'amitié.
Le comble de la gloire est de mériter et de mépriser les louanges.
Le premier pas vers la politesse n'est que trop souvent contre l'innocence.
Quand les gens d'esprit et d'honneur s'entendront, les sots et les fripons joueront un bien petit rôle. Il n'y a malheureusement que les fripons qui fassent des ligues, les honnêtes gens se tiennent isolés. Mais la probité sans courage n'est digne d'aucune considération ; elle ressemble assez à l'attrition, qui n'a pour principe qu'une crainte servile.
Les préjugés les plus tenaces sont toujours ceux dont les fondements sont les moins solides.
On est ordinairement insensible quand on veut paraître plus compatissant pour les autres que pour soi-même.
On ne saurait trop s'attacher à corriger ou régler les passions qui fendent les hommes malheureux, sans les avilir ; et on doit rendre de plus en plus odieuses celles qui, sans les rendre malheureux les avilissent et nuisent à la société, qui doit être le premier objet de notre attachement.
L'extrême dissipation où l'on vit, fait qu'on ne prend pas assez d'intérêt les uns aux autres pour être difficile ou constant dans ses liaisons.
Personne ne méprise davantage que ceux qui sont véritablement méprisables.
Si quelque pique éloigne quelquefois les gens d'esprit les uns des autres, les sots les réconcilient, par l'impossibilité de vivre continuellement avec des sots.
On ne voyait jadis que des hypocrites de vertu, on trouve aujourd'hui des hypocrites de vice.
Les hommes sans caractère sont des visages sans physionomie.
Le premier amour est confiant dans ses désirs, timide dans ses plaisirs.
Le meilleur des gouvernements n'est pas celui qui fait les hommes les plus heureux, mais celui qui fait le plus grand nombre d'heureux.
L'amour se fait sentir, l'amitié se mérite, elle est le fruit de l'estime.
Le plus heureux des hommes est celui qui croît l'être.
L'ingénuité est une suite de la sottise quand elle n'est pas l'effet de l'inexpérience.
La naïveté n'est que l'expression la plus simple et la plus naturelle d'une idée dont le fonds peut être fin et délicat ; et cette expression simple a tant de grâce, et d'autant plus de mérite, qu'elle est le chef-d'œuvre de l'art dans ceux à qui elle n'est pas naturelle.
L'esprit fin est souvent faux, précisément parce qu'il est trop fin ; c'est un corps trop délié pour avoir de la consistance. La finesse imagine au lieu de voir, à force de supposer elle se trompe.
La candeur est la première marque d'une belle âme.
La haine prouve souvent plus de motifs d'estime que l'aveu même d'une estime sincère.
Les larmes sont la ressource du malheur impuissant.
Le plus grand avantage pour le bonheur est une espèce d'équilibre entre les idées et les affections, entre l'esprit et le caractère.
L'honneur est comme la neige qui ne recouvre jamais sa première blancheur quand une fois elle l'a perdue.
Le luxe est une divinité bizarre à laquelle on sacrifie le nécessaire pour en obtenir le superflu.
La licence est contraire au respect et à la modération, elle signifie dérèglement dans les mœurs.
On n'aurait jamais fait un pas vers la vérité si l'autorité eut toujours prévalu sur la raison.
L'amour-propre persuade aisément à chacun que ce qu'il fait par décence, on le lui rend par justice.
L'orgueil, dans une belle âme, a ses scrupules comme la vertu, et produit souvent les mêmes effets.
La gaieté, qui est le contrepoison du chagrin, rend sensible aux agréments de la vie qu'elle prolonge presque toujours.
Il y a telle action dont le soupçon fait la preuve, et la publicité le châtiment.
Quand l'amitié balance le devoir, elle tient rarement contre l'ambition ou la crainte.
Il est permis d'avoir mauvaise opinion de celui qui n'a bonne opinion de personne.
La réputation la plus étendue est toujours très bornée ; la renommée même n'est jamais universelle.
L'amour est un sentiment aveugle qui ne suppose pas toujours du mérite dans son objet.
Les bienfaits qui ne ramènent pas un ennemi ne servent qu'à l'aigrir.
L'intérêt particulier, toujours inhérent à chaque homme, devient vertu quand il s'applique au bien public, tel que l'amour de la réputation : l'intérêt particulier est, en morale, la matière subtile qui pénètre tout.
Quand le fruit est mûr, le premier qui tend la main le reçoit, et croit l'avoir cueilli ; mais il n'y a pas un fruit qui ne tombe, si on l'abandonne à sa maturité parfaite.
Quand on n'est plus sensible à l'amour, on a plus de repos et moins de plaisir, moins de vie.
La femme a toujours été le maître de l'homme, même dans le mal.
Toutes les femmes se ressemblent quand la chandelle est éteinte.
Les imitateurs ne saisissent ordinairement que les ridicules de leurs modèles.
Les hautes spéculations de la philosophie ne prouvent que l'esprit, la conduite seule prouve le philosophe. Son objet doit être de rectifier les idées, épurer les sentiments, régler les mœurs et par là conduire au bonheur.
Il y a beaucoup de femmes qui se croient malades parce qu'à soixante ans leur teint a perdu sa fraîcheur.
Il n'est guère de femmes qui ne trouvent des larmes pour appuyer leur mensonge.
La chose la plus changeante est le cours des eaux, et l'humeur d'une femme.
Il est des jours heureux, il n'est point de vie heureuse.
La meilleure politique avec les hommes, c'est la franchise et la loyauté.