La crainte de la mort fait oublier tous les maux et toutes les incommodités de la vie.
Nous ne sommes point attentifs quand on nous parle, à moins que ce ne soit de nos plaisirs ou de nos intérêts, parce que nous en avons l'esprit rempli, ou de ce que nous voulons dire nous-mêmes.
L'honnête homme ne doit jamais lier de commerce avec les personnes décriées.
Qui exagère ses bonnes qualités en ôte le mérite par son orgueil.
Le mépris que nous faisons de nos ennemis est souvent la cause de notre perte.
La diligence qui n'est point dirigée par la lenteur n'a pas toujours un succès favorable.
Plus un homme est raisonnable, et moins il est malheureux.
On se peut dire heureux à proportion qu'on est raisonnable.
Qui se met souvent en colère n'est raisonnable que par intervalle.
Tout le monde peut obéir, mais il n'appartient qu'aux belles âmes d'obéir de bonne grâce.
Il y a un art d'obéir et de commander ; personne ne veut obéir et peu savent commander.
L'obéissance aveugle est le partage des sujets comme l'absolue volonté est celle des monarques.
Les bienfaits accompagnés d'orgueil sont souvent payés de haine.
Une belle âme ne tient jamais compte de ses bienfaits.
L'oubli augmente le mérite des bienfaits, le souvenir en diminue la gloire.
Les jeunes femmes n'ont pas assez d'esprit, et les plus âgées n'ont pas assez de beauté.
L'orgueilleux a le malheur de déplaire à tout le monde, et de ne plaire qu'à lui-même.
Que sert de faire des voeux pour une longue vie si nous n'avons dessein de la rendre meilleure ?
Il faut bien employer le présent et ne souhaiter l'avenir que pour en faire un bon usage.
La réflexion précède l'action, la précipitation ruine toutes affaires.
Il faut tant faire se peut ses affaires soi-même ; les laisser faire par d'autres, elles seront négligées.
La précipitation gâte plus d'affaires que la précaution et la diligence n'en font réussir.
La contradiction passe pour une offense parce que c'est condamner le jugement d'autrui.
La valeur est plus nécessaire pour mépriser ou pour souffrir une offense que pour s'en venger.
Les esprits qui s'irritent par les offenses se peuvent adoucir par les services.
La bienfaisance veut que l'on caresse les uns, et que l'on rebute les autres d'une juste manière.
On obtient rien sans mal ni sans bien.
Vouloir obliger des ingrats, tenus pour ingrats, c'est un moyen sûr de s'en attirer la haine.
La vaillance n'est bonne que pour secourir les opprimés, ou pour maintenir la justice.
L'honnêteté est la qualité au monde la plus aimable.
Il y a des gens si raisonnables que la raison ne les abandonne jamais.
Il faut haïr l'insolence et l'ingratitude de ceux que la fortune favorise.
Il n'y a rien qui s'accommode plus mal avec un honnête homme que la vanité.
Il n'y a point de bonnes qualités qui plaisent si la sottise les accompagne.
Quand on aime une personne d'un mérite exquis, cet amour remplit d'honnêteté le cœur et l'esprit.
Tout le monde raisonne, mais il y a peu de gens raisonnables.
La crainte qui accompagne la jalousie en amour lui agrandit les moindres objets et lui représente les maux autres qu'ils ne sont.
Qui aime bien n'offense point et ne peut être offensé.
La plus belle victoire est de se vaincre soi-même.
Il n'y a point de sage qui n'ait été fou, et de fou qui ne puisse devenir sage.
La plupart des actions des hommes sont fardées et n'ont rien que l'apparence.
La malice n'est agréable qu'à ceux qui s'en servent.
C'est faire un présent que d'avancer le paiement d'une dette.
Il n'est pas bon d'être malheureux, mais il est bon de l'avoir été.
Un secret qui passe à un tiers n'est plus un secret.
Rien n'est plus difficile à trouver qu'un véritable ami.
La condition des pauvres donne moins d'inquiétude que celle des riches. Ceux-ci doivent craindre au lieu que les autres n'ont qu'à espérer.
Le cœur est souvent la dupe des yeux.
L'amour est l'occupation de ceux qui n'en ont pas.
La vie est une espèce de comédie qui n'est pas plutôt achevée que chaque personnage reprend sa première condition, et tous se trouvent égaux après la fin de la pièce.
On ne condamne jamais le silence, mais tout le monde se plaint de ceux qui parlent trop.
Écoute beaucoup, parle peu, et ne répond qu'à propos.
Qui commence une affaire sans jugement ne doit pas être surpris si elle finit sans succès.
Il ne faut jamais craindre que les maux qu'on peut éviter.
Qui ne veut pas se hasarder ne doit pas songer à s'élever.
Il faut être hardi pour devenir heureux.
C'est un grand supplice de vivre avec des gens qu'on n'aime pas naturellement et qui nous donnent sujet de les haïr.
Celui qui découvre son faible apprend ce qui le doit vaincre et par où il peut être vaincu ; Samson ne l'aurait jamais été s'il ne s'était découvert à sa maîtresse.
La prévoyance va au-devant du péril pour le connaître ; la circonspection le regarde de tous les côtés et la précaution se met à couvert de ses attaques.
L'amour est le fils de la vue ; les yeux le conçoivent avant le cœur : il pousse ses conquêtes par la parole et les achève par la volonté.
La générosité ressent autant de plaisir à donner que la nécessité en a à recevoir.
L'importance de la vie ne doit pas se mesurer sur le temps, mais sur l'étude qu'il faut de bien vivre pour bien mourir.
Le moyen d'arriver à la gloire est d'être tel que l'on veut paraître.
La délicatesse est à l'esprit ce que la bonne grâce est au corps.
Il faut songer quelquefois à la mort parce que cette seule pensée est capable de nous apprendre à bien vivre.
Les passions qu'on flatte le plus sont celles que l'on cache davantage.
Défiez-vous de ceux qui vous font de petites confidences, c'est pour vous en tirer de plus grandes.
La justice divine ne s'abuse jamais et son retardement à punir les coupables n'est pas une marque de leur pardon.