Les femmes, lorsqu'elles sont véritablement sensibles, l'emportent sur les hommes par une délicatesse dont ils ne sont pas susceptibles. Elles ont une certaine finesse qui les fait jouir vivement de mille petits détails qui nous échappent. Elles ont une manière d'aimer qui n'appartient qu'à elles ; et celle qui proposait à son amant, prêt à s'éloigner, de regarder toutes les nuits la lune à la même heure, se faisait sûrement de cette convention une idée délicieuse ; et je suis persuadé que cette heure fortunée la consolait de toutes les peines du jour.
Je crois qu'il est infiniment plus aisé de trouver une femme qui n'ait pas eu d'amant que d'en trouver qui n'en ait eu qu'un. Le premier pas est le plus difficile ; quand il est franchi, le reste du chemin est bien glissant.
Les femmes ont aujourd'hui la prétention d'être piquantes, naturelles et gaies. Je sais bien qu'autrefois on leur plaisait en les louant sur la réserve et la modestie. Mais à présent la timidité n'est plus qu'une disgrâce, et la douceur qu'une preuve de bêtise. Enfin, de l'assurance, un ton tranchant et décidé, des éclats de rire perçants et redoublés ; voilà les qualités qui seules aujourd'hui peuvent distinguer une jeune et jolie femme.
Une femme jeune et jolie trouve dans d'autres femmes de sévères censeurs.
Ma fille, toi l'enfant de mon choix et de mon cœur ! Je ne crois pas que qui que ce soit au monde puisse t'aimer autant que moi ! Je veux bien ne pas avoir la préférence, je veux bien que ton affection soit également partagée, mais ne confonds jamais l'affection de ta mère avec une autre, ne compare pas mes sentiments : c'est tout ce que je te demande.
Perdre sa mère pour un enfant, c'est perdre une partie de son existence, une portion de soi-même !
Il est quelque chose de plus terrible que la mort, c'est l'oubli ! L'ingrat, l'affreux oubli, voilà le néant pour une âme sensible !
La mort ne saurait détruire les affections, elle ne fait que les épurer.
Le grand charme de l'amour est dans les vives émotions qu'il procure. Quelles émotions peuvent surpasser celles que produisent la piété filiale, la tendresse maternelle et la seule amitié ?
Si on a le droit de réclamer des services, on a aussi celui d'attendre tous les témoignages du regret quand on ne peut nous les rendre.
La plus belle parure de la beauté est le voile de la décence.
Ce qu'une femme n'oublie jamais, c'est la première passion qu'elle ait inspirée.
Il vaut mieux, même par vanité, employer une grande fortune à faire du bien, qu'à briller seulement par un luxe frivole.
Chercher de mauvais motifs aux belles actions, c'est en quelque sorte participer à la bassesse de sentiments des ingrats qui ne manquent jamais de trouver des raisons de ce genre pour se dispenser de la reconnaissance qu'ils doivent à leurs bienfaiteurs.
Il n'est pas permis de faire un mal pour faire un bien ; par exemple, de mentir pour obliger quelqu'un.
La nature m'a douée d'un talent, lire sur les physionomies et d'y découvrir les vices cachés du cœur.
On est à l'abri du malheur de se ruiner lorsqu'on dédaigne tous les colifichets d'un faste vulgaire, et que l'on n'aime à s'entourer que des véritables richesses offertes par la nature, des fleurs, des fruits, et des animaux.
Quand on fait sans scrupule de petites fautes, on en fait bientôt de grandes.
L'amour promet tout, entreprend tout, et après avoir tout obtenu, il expire !
S'il est inhumain de refuser son assistance à l'infortuné, ne l'est-il pas d'aggraver ses peines en écoutant, avec froideur, sa plainte et ses gémissements ?
La cupidité est le vice des petits esprits qui ne réfléchissent pas.
Avec de la piété on ne manque jamais de consolations, et l'on a toujours du courage dans l'adversité.
La tristesse est un état cruel, un état qui existe souvent sans cause.
Auprès d'une femme perverse, le Lovelace le plus fourbe et le plus séduisant ne sera jamais qu'un écolier.
L'amour égare les femmes, et l'ambition ne les conduit qu'à l'intrigue.
L'amour a plus de soupçons qu'il n'a de confiance.
Étrange sentiment que l'amour : il ne peut naître sans l'estime, et cependant souvent il lui survit.
Il y a un grand éloge à faire du bon goût, c'est qu'il réprouve toujours ce qui est contre la raison.
Les qualités de l'esprit font des jaloux, celles du cœur ne font que des amis.
La coquetterie vieillit ; son instinct et ses ruses ressemblent à l'expérience. La naïveté sera toujours la fleur de la jeunesse.
Les modèles les plus éclatants ne sont pas toujours les plus utiles ; ils éteignent l'ambition de surpasser, la seule qui puisse inspirer de l'enthousiasme.
Un artisan laborieux et vertueux et qui sait bien son métier est digne de la plus grande estime.
L'amitié est un sentiment noble et réel ; la source en est pure ; elle vient du cœur. De près, de loin, l'été et l'hiver, en toutes saisons, elle charme également les premiers beaux jours et les derniers instants de la vie.
L'égoïste a son cœur dans la tête.
L'amitié est la plus sévère école de la vérité, elle n'admet ni le mensonge ni la trahison.
Le luxe n'éblouit que les sots, et ne produit pas une seule vraie jouissance.
Le vrai bonheur est d'une nature solitaire, et l'ennemi de la pompe et du bruit.
On serait bien heureux si, au lieu d'envier et de haïr ses voisins, on avait assez de bon sens et un assez bon cœur pour s'entendre avec eux et de passer ensemble de bons moments.
On s'étonne trop de ce qu'on voit rarement et pas assez de ce qu'on voit tous les jours.
Les sots parlent beaucoup du passé, les sages du présent et les fous de l'avenir.
En toute chose on enseigne bien que ce que l'on sait bien.
Le plus détestable de tous les vices est l'orgueil poussé au dernier excès.
La coquetterie rétrécit l'esprit, le rend susceptible des misères les plus ridicules ; elle éteint la sensibilité et conduit au plus affreux égarement.
La vertu, dans toute sa pureté, est simple, sublime, naturelle, sans vanité, sans ostentation, et trouve en elle seule sa gloire et sa récompense.
On ne doit pas se permettre, même en plaisantant, de dire une chose désagréable.
L'envie rend injuste et cruel, elle conduit à la haine, c'est la plus odieuse de toutes les passions.
On se souvient froidement des plaisirs qu'on a goûtés ; on se rappelle avec plaisir les bonnes actions qu'on a faites.
Nous entrons aveugles dans la carrière de la vie, heureux si quelqu'un veut nous y guider !
Les mêmes livres, relus à différents âges, ne paraissent plus les mêmes.
On prend la plus mauvaise opinion d'une jeune personne qui paraît occupée de sa figure.
Les gens qui n'ont aucun usage du monde, ou les sots orgueilleux, sont toujours prêts à se fâcher pour la moindre chose. Mieux vaut éviter de plaisanter avec eux !
L'amour, tel que je l'éprouve, ne peut être senti qu'une fois : on dit que dans le cours de la vie, on peut aimer passionnément deux personnes ; mais une passion violente, impétueuse, n'est pas toujours le véritable amour, ce n'est souvent qu'une folie coupable, dont l'ardeur insensée ne saurait s'allier avec une douce sensibilité.
Les sentiments purs et délicats de l'amour, lorsqu'ils s'évanouissent, ne renaissent plus ; ils sont comme le duvet effacé des fleurs, que le printemps et la rosée ne sauraient reproduire une seconde fois.
Le véritable amour, toujours prêt à sacrifier son propre bonheur, toujours tremblant et craintif, ne s'exprime point par des transports ; son énergie est toute entière dans sa générosité ; plus il est chaste et pur, plus il se plaît à s'envelopper de voiles, à se cacher sous des emblèmes ; lui seul sait épuiser tous les charmes réunis du mystère, de la délicatesse et de la sensibilité.
Beaucoup de personnes emploient fort improprement le mot complaisance pour le mot bonté. La complaisance est de céder à une prière, elle n'existe point sans une demande : elle consiste surtout à sacrifier sa volonté ou son opinion à celles que manifestent les autres. Quand on prévient, on n'est pas complaisant, on est bon.
Il y a toujours de la magnanimité dans la véritable bonté ; car la bonté sacrifie sans cesse ses propres intérêts, et, généreuse par sentiment, elle est toujours prête à pardonner.
Dans les temps de troubles et de révolution les libelles se multiplient, c'est ainsi que les tempêtes et la pluie produisent la fange et la boue. La liberté de la presse ne saurait empêcher de rechercher et de punir les libellistes anonymes ou les imprimeurs de ces méprisables ouvrages. Tout auteur qui attaque, ou qui seulement critique, doit se nommer.
Si la personne avec laquelle on veut se lier a une mauvaise réputation, il est parfois possible que ce soit injustement. Il y a toujours dans le monde un fonds permanent de calomnie et de médisance pour alimenter les conversations des envieux, et des personnes malsaines.
La conduite et la destinée des jeunes gens dépendent presque toujours de leurs liaisons. Il n'y a point de proverbe d'un meilleur sens et plus vrai que celui-ci : Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es.
Une lettre anonyme est une chose si vile, que, même pour donner un avis utile et bienfaisant, on ne doit jamais se permettre d'employer un semblable moyen. Il est étonnant qu'il n'y ait pas des peines infamantes contre une lâcheté par malheur trop commune, et qui, dans certains cas, peut jeter tant de trouble dans les familles.
De tous les êtres que l'on peut rencontrer, le plus ridicule est un jeune homme de dix-huit ou vingt ans, qui se pique d'une entière indépendance ; qui joint à un air capable un ton tranchant ; qui croit n'avoir nul besoin de conseils, qui ne sait pas écouter avec respect les gens d'un âge mûr et les vieillards.
La jeunesse, âge heureux, où l'on peut emprunter aux autres l'utile expérience, au lieu de l'acheter du temps qui la vend si chère !
L'ambition vise à mériter, et non à tromper.
Il faut toujours être tolérant pour les personnes, et ne jamais l'être pour les erreurs.
Les vieillards sont comme les vins que le temps a rendus aigres ou qu'il a bonifiés.
Pour réussir dans quelque art que ce puisse être, il faut de la réflexion et de l'étude, et l'art d'écrire en demande beaucoup. Les qualités indispensables d'un bon style sont : la clarté, le naturel, la pureté, l'harmonie et l'élégance.
Rien n'est plus juste en ce monde que de montrer le respect où il est dû ! Il y a de la bonne grâce et du bon goût dans le respect, lorsqu'il est rendu avec naturel et simplicité.
Dans le cours de la vie, rien ne vieillit plus vite que les bienfaits. Il y a des gens qui les sentent vivement dans les premiers moments, et qui, peu d'années après, ne se les rappellent que dépouillés de tous les accessoires qui en doublaient le mérite et le prix.
Pour être apprécié dans ce monde, il faut y porter de la bonhomie et de la simplicité.
Les personnes qui portent dans le monde la prétention d'y être remarquées, distinguées, d'y produire de l'effet, n'y seront jamais aimables, quelque esprit qu'elles puissent avoir, et elles y paraîtront toujours fatigantes et souvent ridicules.
Le but d'une courtisane est de plaire, celui d'une honnête femme est de se faire estimer.
L'orgueil excessif gâte le cœur et l'esprit, il fausse tous les jugements.
Aveugle sur lui-même comme sur les autres, l'orgueilleux ne connait aucun de ses défauts.
Qu'il est affreux de voir un être qu'on chérit s'avancer d'un pas précipité vers la tombe ! Hélas ! chaque instant nous en rapproche tous ! et par un enchantement, que la raison ne saurait concevoir, nous parcourons sans effroi cette route inévitable quand rien n'y hâte notre marche ; mais, connaître avec certitude le terme de la vie de ceux qu'on aime, savoir qu'il est prochain, ce n'est plus exister : On n'ose plus alors jeter les yeux sur l'avenir ; on ne peut, en s'y refugiant, se soustraire à sa peine présente ; on ne peut y chercher l'espérance ou des douces chimères ; on n'y voit plus qu'un tombeau !
L'ingratitude est la plus affreuse et la plus méprisable de toutes les injustices.
L'orgueilleux n'estime que ceux dont il se croit admiré, il méprise tous les talents ainsi que toutes les qualités qu'il n'a pas.
La paresse a fait plus de destinées malheureuses qu'aucun autre vice ; c'est un poison lent, qui affaiblit, qui mine l'existence morale, qui la borne, et qui trop souvent l'avilit.