Nous croyons avoir mille affaires, et nous n'en avons qu'une. Si celle-là se fait, toutes les autres se trouveront faites : si elle manque, toutes les autres, quelque succès qu'elles semblent avoir, tomberont en ruine.
La sagesse prépare le plaisir par le travail, et elle délasse du travail par le plaisir.
Si les hommes ne sont pas libres dans ce qu'ils font de bien et de mal, le bien n'est plus bien, et le mal n'est plus mal.
La vraie noblesse consiste à ne recevoir rien de personne, et à faire du bien aux autres.
On a beau aller loin pour éviter le péril ; si on n'est modeste et sensé, on va chercher son malheur bien loin : autant vaudrait-il le trouver chez soi.
Combien d'hommes dans le monde, avec des gestes façonnés, un petit caquet et un air capable, n'ont ni sens ni conduite !
Chaque âge a ses défauts : les jeunes gens sont fougueux et insatiables dans leurs plaisirs ; les vieux sont incorrigibles dans leur avarice.
Il ne faut rien chercher au-dessus de soi, ni se flatter sur ses avantages.
On trouve dans une vie sobre, dans un travail modéré, dans des mœurs pures et dans la pratique de la vertu, le bonheur et la santé que ne peuvent procurer la continuité de la bonne chère et la variété des plaisirs.
Quand dans l'opulence et la grandeur on perd la simplicité, l'innocence et la modération, alors le cœur et la conscience, qui sont les vrais sièges du bonheur, deviennent la proie du trouble, de l'inquiétude, de la honte et du remords.
J'aime mieux être jeune, et manger du pain noir, et chanter tous les jours en gardant mes moutons que d'être reine dans le chagrin et dans la douleur.
Il vaut mieux danser sur l'herbe ou sur la fougère que d'être malheureux dans un palais.
Défiez-vous des belles paroles des gens qui se vantent d’être vertueux. Jugez-en par leurs actions, et non par leurs discours.
Considérez toujours de loin toutes les suites de ce que vous voudrez entreprendre ; prévoyez les plus terribles inconvénients et sachez que le vrai courage consiste à envisager tous les périls, et à les mépriser quand ils deviennent nécessaires.
La puissance temporelle est une autorité coactive pour faire vivre les hommes en société, avec subordination, justice et honnêteté de mœurs ; la puissance spirituelle est une autorité non coactive, mais persuasive.
L'abstinence accoutume l'homme à la pauvreté et au détachement ; elle dompte la chair rebelle ; elle nous détrompe des nécessités imaginaires et nous en délivre.
On ne saurait en ce monde goûter une douceur qui ne soit mêlée de quelque amertume.
Pour bien lire, il faut digérer sa lecture et la convertir en sa propre substance.
Le grand remède qui toujours est innocent, et toujours d'un usage utile, c'est la sobriété, c'est la tempérance dans tous les plaisirs, c'est la tranquillité de l'esprit, c'est l'exercice du corps ; par là on fait un sang doux et tempéré, et on dissipe toutes les humeurs superflues.
Heureux ceux qui se dégoûtent des plaisirs violents, et qui savent se contenter des douceurs d'une vie innocente !
L'abondance des aliments fait la vraie force et la vraie richesse d'un royaume.
Quand on a une fois trompé on ne peut plus être cru de personne ; on est haï, craint, détesté et on est attrapé par ses propres finesses.
Quand on est destiné à l'instruction des enfants, il faut être instruit soi-même.
La simplicité est la droiture d'une âme qui s'interdit tout retour sur elle et sur ses actions.
Le passé n'est qu'un songe ; le présent nous échappe dans le clin d'œil où nous voulons le voir ; l'avenir n'est pas à nous, peut-être n'y sera-t-il jamais ; et quand il y serait, qu'en faudrait-il croire ? Il vient, il s'approche, voilà l'avenir ; il n'est déjà plus, il est tombé dans cet abîme du passé où tout s'engouffre et s'anéantit.
Que quitte-t-on en quittant le monde ? Ce que quitte celui qui, à son réveil, sort d'un songe plein d'inquiétudes.
L'éclat attaché aux dignités est faux et ne peut éblouir que les âmes vaines.
Quand tout est contre nous, ceux mêmes qui ne nous font pas une guerre ouverte désirent notre abaissement, et la jalousie ne nous laisse aucun allié.
Un peuple gâté par une liberté excessive est le plus insupportable des tyrans.
Il y a des lois qui ressemblent aux toiles d'araignées qui n'arrêtent que des mouches.
C'est une clémence que de faire d'abord des exemples qui arrêtent le cours de l'iniquité. Par un peu de sang répandu on en épargne beaucoup pour la suite et on se met en état d'être craint sans user souvent de rigueur.
Les hommes sont faibles, inconstants, aveugles ; les uns ne veulent pas ce qu'ils peuvent, les autres ne peuvent pas ce qu'ils veulent. La créature est un roseau cassé : Si on veut s'appuyer dessus, le roseau plie, ne peut vous soutenir et vous perce la main.
Nous retrouverons bientôt les êtres que nous avons perdu. Nous en approchons tous les jours à grands pas. Encore un peu et il n'y aura plus de quoi pleurer. C'est nous qui mourons : Ce que nous aimons vit et ne mourra point.
Rien ne doit être si sacré aux hommes que les lois destinées à les rendre bons, sages et heureux.
L'imagination est la folle de la maison, elle ne cesse de faire du bruit et d'étourdir, l'esprit même est entraîné par elle, il ne peut s'empêcher de voir les images qu'elle lui présente.
La grandeur est comme certains verres qui grossissent tous les objets.
Les politiciens qui ont dans leurs mains les lois pour gouverner le peuple doivent toujours se laisser gouverner eux-mêmes par les lois : c'est la loi, et non pas l'homme qui doit régner.
La solidité de l'esprit consiste à vouloir s'instruire exactement de la manière dont se font les choses qui sont le fondement de la vie même ; toutes les plus grandes affaires roulent là-dessus.
La véritable élévation est une disposition sublime de l'âme ; son effet est de donner de grandes vues à l'esprit et d'inspirer au cœur de nobles sentiments.
La simplicité est la perfection de l'humilité.
La vie s'écoule comme un torrent. Le passé n'est plus qu'un songe ; le présent, dans le moment que nous croyons le tenir, nous échappe, et se précipite dans cet abîme du passé. L'avenir ne sera point d'une autre nature, il passera aussi rapidement. Les jours, les mois, les années se pressent comme les flots d'un torrent se poussent l'un l’autre. Encore quelques moments, encore un peu, dis-je, et tout sera fini. Hélas ! que ce qui nous paraît long par l'ennui et par la tristesse nous paraîtra court quand il finira !
La simplicité est libre dans sa course, elle ne s'arrête point pour se composer avec art.
Il y a une simplicité qui est un défaut, et il y a une simplicité qui est une merveilleuse vertu.
L'amour-propre d'un misanthrope n'est que sauvage et inutile au monde, mais celui des faux philanthropes est traître et tyrannique. Ils promettent toutes les vertus de la société et ils ne font de la société qu'un trafic, dans lequel ils veulent tout attirer à eux, et asservir tous les citoyens.
Que vos vertus et vos bonnes actions soient les ornements de votre personne.
Écoutez tout le monde, mais croyez peu de gens.
Si vous ne haïssez dans l'homme que le mal, pourquoi n'aimez-vous pas l'homme pour le délivrer de ce mal, et pour le rendre bon ? Le médecin hait la fièvre et toutes les autres maladies qui tourmentent les corps des hommes, mais il ne hait point les malades. Les vices sont les maladies des âmes : soyez un sage et charitable médecin, qui songe à guérir son malade par amitié pour lui, loin de le haïr.
Dès qu'une tromperie en attire une autre, il n'y a plus rien d'assuré parmi les hommes.
La mollesse énerve, elle affadit tout, elle ôte leur sève et leur force à toutes les vertus et à toutes les qualités de l'âme.
La gloire n'est due qu'à un cœur qui sait souffrir la peine et fouler aux pieds les plaisirs.
L'ambition met l'honneur à ne compter pour rien la sincérité et la justice.
Il vaut mieux périr en combattant pour la patrie que la vaincre et triompher d'elle.
Une patience à toute épreuve n'est pas moins la vertu d'un héros que le courage.
Rien n'est si honteux que de promettre une chose de mauvaise foi.
Un homme intrépide se laisse égorger plutôt que de promettre ce qu'il ne peut pas tenir.
La flatterie est l'écueil contre lequel viennent se briser les maximes les plus sages, les principes les plus vrais, les conseils les plus utiles.
La noblesse n'est souvent qu'une pauvreté vaine et ignorante qui se pique de mépriser tout ce qui lui manque.
On apprend beaucoup plus en reprenant les fous qu'en fréquentant les sages. Les sages ne le sont qu'à demi, et ne donnent que de faibles leçons ; mais les fous sont bien fous, et il n'y a qu'à les voir pour savoir comment il ne faut pas faire.
L'ambition et l'avarice des hommes sont les seules sources de leurs malheurs ; les hommes veulent tout avoir, et ils se rendent malheureux par le désir du superflu ; s'ils voulaient vivre simplement et se contenter de satisfaire aux vrais besoins, on verrait partout l'abondance, la joie, la paix et l'union.
La terre ne se lasse jamais de répandre ses biens sur ceux qui la cultivent ; son sein fécond ne peut s’épuiser. La terre, cette bonne mère, multiplie ses dons selon le nombre de ses enfants qui méritent ses fruits par leur travail.