Dès qu'une tromperie en attire une autre, il n'y a plus rien d'assuré parmi les hommes.
La mollesse énerve, elle affadit tout, elle ôte leur sève et leur force à toutes les vertus et à toutes les qualités de l'âme.
Avant de se jeter dans le péril, il faut le prévoir et le craindre : mais quand on y est, il ne reste plus qu'à le mépriser. Montrez un cœur plus grand que tous les maux qui vous menacent.
L'amour-propre est un censeur âpre, rigoureux, soupçonneux et implacable.
Le malheur ajoute un nouveau lustre à la gloire des grands hommes.
Le corps de l'homme, qui paraît le chef-d'œuvre de la nature, n'est point comparable à la pensée.
C'est la destinée de la vertu d'être livrée à la persécution des lâches et des méchants.
Ceux qui veulent qu'on ne parle pas mal d'eux n'ont qu'une seule ressource, qui est de bien faire.
Il faut laisser les morts en paix, et ne jamais flétrir leur mémoire.
La vieillesse languissante et ennemie des plaisirs dégoûte du présent, fait craindre l'avenir, rend insensible à tout, excepté à la douleur.
Les aumônes sont des remises faites sur l'éternité, à son arrivée chacun les trouvera payables à vue.
L'homme le plus heureux est celui qui croit l'être.
Qui ne craint point la mort est au-dessus de tout.
La meilleure politique, dans le gouvernement des États, ainsi que dans la conduite de la vie, est celle de n'en avoir aucune, et de ne se servir en tout ce qu'on fait, que des moyens que le bon sens prescrit, et que la raison autorise.
Les péchés sont entrés dans le monde par l'intempérance, c'est l'abstinence qui y ramène les vertus.
Aimez et observez la religion, le reste meurt, mais elle ne meurt jamais.
La vertu donne la véritable politesse ; on doit préférer une vertu sans tache à une longue vie.
La principale prudence consiste à parler peu, à se défier bien plus de soi que des autres.
La bienfaisance est l'élément de toute âme honnête.
Il faut mériter les louanges, puis les fuir.
Il n'y a ni vertu, ni vrai courage, ni gloire solide, sans humanité.
Tel serait sage dans une condition médiocre qui devient insensé quand il est le maître du monde.
Le véritable esprit ne consiste que dans le bon sens.
Il ne faut avoir de l'esprit que par mégarde et sans y songer.
La véritable éloquence n'a rien d'enflé ni d'ambitieux : elle se modère et se proportionne aux sujets qu'elle traite et aux gens qu'elle instruit ; elle n'est grande et sublime que quand il faut l'être.
Apprenez à souffrir : en l'apprenant, on apprend tout.
Si vous voulez juger un homme, observez quels sont ses amis.
La santé donne de plus véritables plaisirs que les plaisirs mêmes.
On se perd en se donnant trop aux autres ; on se retrouve quand on sait un peu être seul.
On n'est pas homme quand on n'aime que soi.
Les plaies du corps ne sont rien en comparaison de celles de l'âme.
L'amitié est si jalouse et si délicate qu'un atome qui s'y mêle la blesse.
Les savants ne savent guère se contraindre ni dissimuler, parce qu'ils sont au-dessus des passions grossières des hommes.
Les savants ne sont pas d'ordinaire trop propres à l'action, parce qu'ils aiment le repos des muses.
La cruauté et la perfidie, bien loin de diminuer les périls, les augmentent sans mesure.
La critique de nos ennemis, toute sévère et vigilante qu'elle est, ne peut aller jusqu'à nous désabuser de nous-mêmes ; leur malignité sert même de prétexte à notre amour-propre, par l'indulgence qui veut nous inspirer en faveur de nos plus grands défauts, et l'aveuglement de cet amour-propre va tous les jours jusqu'à trouver moyen de faire en sorte qu'on soit content de soi, quoiqu'on ne contente personne.
Rien ne doit être si sacré aux hommes que les lois destinées à les rendre bons, sages et heureux.
L'imagination est la folle de la maison, elle ne cesse de faire du bruit et d'étourdir, l'esprit même est entraîné par elle, il ne peut s'empêcher de voir les images qu'elle lui présente.
La grandeur est comme certains verres qui grossissent tous les objets.
Les politiciens qui ont dans leurs mains les lois pour gouverner le peuple doivent toujours se laisser gouverner eux-mêmes par les lois : c'est la loi, et non pas l'homme qui doit régner.
La solidité de l'esprit consiste à vouloir s'instruire exactement de la manière dont se font les choses qui sont le fondement de la vie même ; toutes les plus grandes affaires roulent là-dessus.
La véritable élévation est une disposition sublime de l'âme ; son effet est de donner de grandes vues à l'esprit et d'inspirer au cœur de nobles sentiments.
L'ambition met l'honneur à ne compter pour rien la sincérité et la justice.
Il vaut mieux périr en combattant pour la patrie que la vaincre et triompher d'elle.
Une patience à toute épreuve n'est pas moins la vertu d'un héros que le courage.
Si vous reconnaissez votre faute, hâtez-vous de la réparer.
Rien n'est si honteux que de promettre une chose de mauvaise foi.
Un homme intrépide se laisse égorger plutôt que de promettre ce qu'il ne peut pas tenir.
L'excellente prière n'est autre chose que l'amour de Dieu.
L'aliment de l'âme, c'est la vérité et la justice.
Le vrai courage consiste à envisager tous les périls, et à les mépriser quand ils deviennent nécessaires.
Il ne faut point s'opiniâtrer à faire goûter aux enfants certaines personnes pieuses dont l'extérieur est dégoûtant.
La vraie, la bonne simplicité, être soi-même, fait la parfaite politesse.
La vertu surmonte tout quand elle est douce, simple, ingénue et modeste.
On ne peut voir la vertu sans l'aimer, et l'on ne peut l'aimer sans être heureux.
Il ne suffit pas d'avoir raison, c'est la gâter, c'est la déshonorer, que de la soutenir d'une manière brusque et hautaine.
Celui qui n'a point senti sa faiblesse et la violence de ses passions, n'est point encore sage, car il ne se connaît point encore, et ne sait pas se défier de soi.
La sagesse n'a rien d'austère ni d'affecté, c'est elle qui donne les vrais plaisirs. Elle seule sait les rendre purs et durables ; elle prépare le plaisir par le travail, et elle délasse du travail par le plaisir.
La condition des hommes serait pire que celle des bêtes, si la solide philosophie et la vraie religion ne les soutenaient.
Heureux celui qui, n'étant point esclave d'autrui, n'a point la folle ambition de faire d'autrui son esclave.
Le bon gouvernement est celui où les citoyens sont élevés dans le respect des lois, dans l'amour de la patrie et du genre humain, qui est la grande patrie.
Quand vous cherchez la vérité, ne croyez pas à vos sentiments, et ne vous appuyez pas trop sur vos pensées.
Les enfants sont les fruits de la bénédiction du mariage.
Le premier pas dans le vice mène insensiblement jusqu'au crime, et l'homme aveugle n'aperçoit le précipice qu'après y être tombé.
L'amour est lui seul plus à craindre que tous les naufrages.
L'amour, il faut le désirer, travailler à le mériter, sans sentir le malheur d'en être privé.
La politesse est de toutes les nations ; les manières de l'exprimer sont différentes, mais indifférentes de leur nature.
L'ambition et l'avarice des hommes sont les seules sources de leur malheur.
Le bien qu'on fait n'est jamais perdu ; si les hommes l'oublient, les dieux s'en souviennent.
La bassesse est quelquefois le chemin de la fortune, mais elle ne procure jamais l'estime.
Il y a dans la véritable vertu une candeur et une ingénuité que rien ne peut contrefaire et à laquelle on ne se méprend point.
Malgré toute son impudence, le vice rend un hommage forcé à la vertu, en voulant se parer de ce qu'elle a de plus beau, pour recevoir les honneurs qu'elle se fait rendre.