Les 110 pensées et citations d'Henri Lacordaire :
Le but de notre vie, c'est Dieu ; la règle de notre vie, le devoir ; l'obstacle, les mauvaises passions.
Le culte ou la dévotion, car la dévotion n'est que la pointe la plus tendre du culte, le culte ou la dévotion c'est l'amour, en tant qu'il vit et s'exprime.
L'union de l'âme avec Dieu dans l'ordre surnaturel est une sorte de déification qui, sans confondre le fini avec l'infini, le créé avec l'incréé, le met dans un rapport si étroit, que non seulement l'homme pense comme Dieu, mais que Dieu est dans l'homme par une pénétration de sa substance, à la manière dont le feu est dans le fer qu'il transfigure par sa lumière et sa chaleur sans le dénaturer ni se dénaturer lui-même.
Je vous prie, mon cher ami, de ne point vous laisser séduire aux écrits modernes. Presque tous sont infectés d'orgueil, de sensualisme, de doutes, de prophéties qui n'ont d'autre valeur que l'audace des poètes qui se les permettent.
La volupté tue la sagesse et la vie.
Le plus sûr moyen d'être constant à soi-même, c'est de n'avoir pas d'ambition ; et que l'on n'a pas d'ambition quand on sait se réduire à des goûts modestes, ne cherchant le bonheur qu'en Dieu, dans l'étude et dans quelques âmes qui vous aiment.
Ce qu'il y a de plus doux au monde, c'est d'être oublié des hommes, hormis de ceux qui nous aiment et que nous aimons. Le reste nous apporte plus de trouble que de joie.
Il y a une grande force dans la vie de communauté, c'est le plus sûr chemin d'une vie utile et spiritualisée. L'isolement nous borne à nous-même ; et nous-même c'est bien peu de chose, sous le rapport de la pensée comme sous celui de la vertu. En étant plusieurs sous une règle, on s'aide, on s'éclaire, on se maintient, on s'édifie, on décuple son être, et le plus petit prend une certaine taille à côté de celui qui le dépasse.
L'homme n'aime pas le travail. Il aime seulement une activité qui flatte l'orgueil et trompe l'ennui.
Nul n'a le droit d'enseigner s'il n'est certain de ce qu'il enseigne.
L'homme est sans cesse exposé à l'ignorance par la faiblesse de son intelligence.
Je vous aime, ce mot est souvent trompeur dans la bouche de l'homme. Ce mot est trop souvent trahi, vite oublié, mais pourtant il est dit. Il remplit de son immensité un jour de notre existence, et, lorsqu'il tombe à terre comme une fleur qui s'est fanée, nous lui donnons quelque part encore dans notre souvenir un tombeau doux et sacré.
On voit des amours effrénés tomber comme un vent qui s'apaise ; celui-là même qui adorait tout à l'heure ne sait pas d'où vient l'indifférence qui a glacé son cœur.
Mille circonstances impérieuses désignent à l'homme la compagne de sa vie. La naissance, la fortune, le hasard, lui dictent des lois au moment où son cœur seul devrait commander, et, victime couronnée de roses amères, il s'avance à l'autel pour tout promettre et pour donner bien peu. Que de noces où l'amour est absent !
L'homme quittera son père et sa mère, et il s'attachera à son épouse.
Tout cœur pur possède la sympathie, et par conséquent tout cœur pur attire à lui.
Une fausse modestie n'est qu'un voile pour couvrir l'orgueil.
La réciprocité est la loi de l'amour, elle en est la loi entre deux êtres égaux.
L'humilité est une acceptation volontaire de la place qui nous a été marquée dans la hiérarchie des êtres, une possession de soi-même avec une modération égale à ce que l'on vaut, et qui nous porte à descendre vers ce qui ne nous vaut pas.
Sans la famille, l'homme peut être citoyen d'une république, capable de défendre son corps de toute violence ; mais il ne s'appartient plus, et brisé par l'impuissance de vivre des plus saintes et des plus chères affections de sa nature, il languit sans épanchement et sans consolation.
Sans la patrie, l'homme est un point perdu dans les hasards du temps et de l'espace.
La famille est le cœur même de l'homme ; elle y verse l'amour sous toutes les formes qu'il a reçues de Dieu, et ce qu'il nous en reste en dehors d'elle est une goutte trop rare et trop amère pour nous contenter.
Les chagrins et les peines, c'est ce qui manque le moins dans le monde.
Il vient un temps dans le célibat où nous ne pouvons plus vivre pour nous-mêmes, où il nous faut quelque autre vie où la nôtre se rattache ; la famille comble admirablement ce besoin que nous éprouvons quand toutes les jouissances personnelles sont connues et comme épuisées.
J'apprends tous les jours davantage qu'on n'est jamais sûr du lendemain.
Le cœur, c'est la foudre ; on ne sait où elle tombe que quand elle est tombée.
L'amitié et l'estime viennent du cœur ; c'est le cœur qui juge les actions, qui apprécie les dévouements, qui sait ce qu'on doit de respect aux croyances des hommes, même quand on ne les partage pas.
La vérité est le premier nom de Dieu, la justice est le second.
L'erreur n'est qu'une feuille tombée de l'arbre de la vérité, et emportée par le vent.
Le bonheur est le patrimoine naturel et prédestiné de tous les êtres intelligents.