Quiconque n'aime pas Dieu est assuré de ne pas aimer le bien.
La guerre est l'art par lequel un peuple résiste à l'injustice au prix de son sang.
Dieu, qui est grand dans sa justice, l'est aussi dans sa miséricorde, et il a fait du cœur de l'homme une immortelle patrie à tous ceux qui ont perdu la leur en demeurant par leur courage dignes d'en avoir une.
Ni la nature ni la société ne possèdent la pénalité complète, la pénalité qui blesse et qui guérit, qui punit et qui réconcilie, qui frappe en aimant et abaisse pour relever. La nature a le glaive inexorable de la douleur et de la mort, la société a sa hache et ses bourreaux ; ni l'une ni l'autre ne connaissent le vase où se cachent l'onction de la miséricorde et l'honneur du repentir.
Quand l'homme ne peut plus rien, il faut qu'il s'abandonne en paix à la miséricorde divine.
La vérité est la perfection et la béatitude de l'intelligence.
Le propre des hommes, à cause de leur nature bornée, est de vouloir hâter ou plutôt de faire le temps.
Le pauvre croit à la richesse et cette image regardée de loin lui fait un songe qui dore ses mauvais jours, comme ces soleils dont on ne jouit pas parce qu'ils sont perdus dans la sérénité rigoureuse de l'hiver, et qui donnent pourtant quelque idée et quelque espérance d'une suave chaleur.
Il y a des situations qu'il vaut mieux abandonner au cours ordinaire des choses que de les intervertir en chargeant sa responsabilité.
Le but de notre vie, c'est Dieu ; la règle de notre vie, le devoir ; l'obstacle, les mauvaises passions.
Le culte ou la dévotion, car la dévotion n'est que la pointe la plus tendre du culte, le culte ou la dévotion c'est l'amour, en tant qu'il vit et s'exprime.
L'union de l'âme avec Dieu dans l'ordre surnaturel est une sorte de déification qui, sans confondre le fini avec l'infini, le créé avec l'incréé, le met dans un rapport si étroit, que non seulement l'homme pense comme Dieu, mais que Dieu est dans l'homme par une pénétration de sa substance, à la manière dont le feu est dans le fer qu'il transfigure par sa lumière et sa chaleur sans le dénaturer ni se dénaturer lui-même.
Je vous prie, mon cher ami, de ne point vous laisser séduire aux écrits modernes. Presque tous sont infectés d'orgueil, de sensualisme, de doutes, de prophéties qui n'ont d'autre valeur que l'audace des poètes qui se les permettent.
La volupté tue la sagesse et la vie.
Le plus sûr moyen d'être constant à soi-même, c'est de n'avoir pas d'ambition ; et que l'on n'a pas d'ambition quand on sait se réduire à des goûts modestes, ne cherchant le bonheur qu'en Dieu, dans l'étude et dans quelques âmes qui vous aiment.
Ce qu'il y a de plus doux au monde, c'est d'être oublié des hommes, hormis de ceux qui nous aiment et que nous aimons. Le reste nous apporte plus de trouble que de joie.
Il y a une grande force dans la vie de communauté, c'est le plus sûr chemin d'une vie utile et spiritualisée. L'isolement nous borne à nous-même ; et nous-même c'est bien peu de chose, sous le rapport de la pensée comme sous celui de la vertu. En étant plusieurs sous une règle, on s'aide, on s'éclaire, on se maintient, on s'édifie, on décuple son être, et le plus petit prend une certaine taille à côté de celui qui le dépasse.
L'homme n'aime pas le travail. Il aime seulement une activité qui flatte l'orgueil et trompe l'ennui.
Nul n'a le droit d'enseigner s'il n'est certain de ce qu'il enseigne.
L'homme est sans cesse exposé à l'ignorance par la faiblesse de son intelligence.
Je vous aime, ce mot est souvent trompeur dans la bouche de l'homme. Ce mot est trop souvent trahi, vite oublié, mais pourtant il est dit. Il remplit de son immensité un jour de notre existence, et, lorsqu'il tombe à terre comme une fleur qui s'est fanée, nous lui donnons quelque part encore dans notre souvenir un tombeau doux et sacré.
On voit des amours effrénés tomber comme un vent qui s'apaise ; celui-là même qui adorait tout à l'heure ne sait pas d'où vient l'indifférence qui a glacé son cœur.
Mille circonstances impérieuses désignent à l'homme la compagne de sa vie. La naissance, la fortune, le hasard, lui dictent des lois au moment où son cœur seul devrait commander, et, victime couronnée de roses amères, il s'avance à l'autel pour tout promettre et pour donner bien peu. Que de noces où l'amour est absent !
L'homme quittera son père et sa mère, et il s'attachera à son épouse.
Tout cœur pur possède la sympathie, et par conséquent tout cœur pur attire à lui.
Une fausse modestie n'est qu'un voile pour couvrir l'orgueil.
La réciprocité est la loi de l'amour, elle en est la loi entre deux êtres égaux.
De sa nature l'amour exige l'amour ; il est impossible de préférer sans vouloir être préféré, de se dévouer sans vouloir qu'on nous rende le dévouement, et quand à l'union entre deux êtres, on ne saurait même la concevoir sans l'idée de la réciprocité.
L'humilité est une acceptation volontaire de la place qui nous a été marquée dans la hiérarchie des êtres, une possession de soi-même avec une modération égale à ce que l'on vaut, et qui nous porte à descendre vers ce qui ne nous vaut pas.
Le patrimoine est la portion de terre fécondée par le travail des aïeux.
Sans la famille, l'homme peut être citoyen d'une république, capable de défendre son corps de toute violence ; mais il ne s'appartient plus, et brisé par l'impuissance de vivre des plus saintes et des plus chères affections de sa nature, il languit sans épanchement et sans consolation.
Sans la patrie, l'homme est un point perdu dans les hasards du temps et de l'espace.
La famille est le cœur même de l'homme ; elle y verse l'amour sous toutes les formes qu'il a reçues de Dieu, et ce qu'il nous en reste en dehors d'elle est une goutte trop rare et trop amère pour nous contenter.
Les chagrins et les peines, c'est ce qui manque le moins dans le monde.
Il vient un temps dans le célibat où nous ne pouvons plus vivre pour nous-mêmes, où il nous faut quelque autre vie où la nôtre se rattache ; la famille comble admirablement ce besoin que nous éprouvons quand toutes les jouissances personnelles sont connues et comme épuisées.
J'apprends tous les jours davantage qu'on n'est jamais sûr du lendemain.
Le cœur, c'est la foudre ; on ne sait où elle tombe que quand elle est tombée.
L'amitié et l'estime viennent du cœur ; c'est le cœur qui juge les actions, qui apprécie les dévouements, qui sait ce qu'on doit de respect aux croyances des hommes, même quand on ne les partage pas.
La vérité est le premier nom de Dieu, la justice est le second.
L'erreur n'est qu'une feuille tombée de l'arbre de la vérité, et emportée par le vent.
Le bonheur est le patrimoine naturel et prédestiné de tous les êtres intelligents.
L'action d'un être est égale à son activité.
L'égoïsme aspire à la solitude pour échapper à la dépendance.
Nul être ne peut faire à la fois tout le bien ; ce qu'il gagne d'un côté il le perd de l'autre, et Dieu seul embrasse en même temps, dans l'œuvre de sa bonté, tous les temps et tous les lieux !
Ce qui fait les prêtres mauvais ou médiocres, c'est d'être entré dans le sacerdoce par une autre pensée que celle du sacrifice de soi au mystère de la rédemption : tout le reste se répare ou se perfectionne, sauf ce péché originel.
On est toujours consolé de n'avoir pas trop mal parlé quand votre bien-dire contribue dans les autres au bien-faire.
L'humilité renferme en soi l'amour et le respect de la supériorité dans ceux que la Providence a faits nos supérieurs, l'amour et le respect de l'égalité dans ceux que la Providence a faits nos égaux, l'amour et le respect de l'infériorité non seulement dans ceux que la Providence a faits nos inférieurs, mais encore pour nous-même et d'une manière absolue.
Si la primauté était notre but et notre vocation, un seul être existerait, et encore ne serait-il pas le premier, parce que pour qu'il y ait un premier, il faut qu'il y ait des derniers.
L'Église est comme une horloge inflexible qui répond l'heure véritable des choses à tout point de l'espace, et à tout moment de la durée.
Si jamais tu es tenté d'abandonner ta foi, songe que tu n'as éprouvé ce désir que depuis le jour où tu auras abandonné la vertu.
La chasteté est la sœur aînée de la vérité.
En adhérant à la parole de Dieu, la raison accepte un témoignage, elle a des raisons pour l'accepter.
Vivre, c'est agir ; agir, c'est produire ; produire, c'est tirer de soi quelque chose d'égal à soi.
Il faut pardonner en aimant comme Dieu nous pardonne tant d'infidélités que nous lui faisons. Et pourtant il a été crucifié pour nous ! Quel est celui de nous, qui croyons tant nous aimer, qui aura été crucifié pour son ami ?
Le vulgaire des hommes n'aspire qu'à la primauté de naissance, de fortune, de génie, de gloire, de puissance ; le rationaliste, capable de dédaigner tout cela, place son trône plus haut encore, et verra sans étonnement le jour où, par une conclusion logique, il s'estimera Dieu ou l'absolu.
L'orgueil trouble tous les êtres, à commencer par lui-même ; l'humilité apaise tous les êtres, à commencer par elle-même : elle est la vertu-principe, comme l'orgueil est le vice-principe.
L'humilité est une force, elle surmonte le penchant de notre nature à l'égoïsme de la primauté ; elle résiste au mal et accomplit le bien, car le mal est une relation fausse, et le bien une relation vraie des sentiments et des actes avec les êtres.
La franchise n'exige pas qu'on se trahisse soi-même. Autre chose est de mentir à sa pensée, autre chose de se taire. Le silence est une grande vertu. Il n'est une lâcheté que si l'honneur exige de le rompre : et l'honneur ne l'exige pas dans des conversations où l'on ne fait, après tout, que répandre son âme pour le plaisir qu'on y trouve.
Rien n'est plus beau que de mourir après avoir connu tout ce qu'on peut connaître ici-bas, mais cette pensée ne doit pas venir par un côté sombre de l'âme ; il faut qu'elle arrive par le côté le plus lumineux et le plus serein, comme le soleil sort de l'Orient.
Soyez toujours bien doux et bien humble ; tout se répare avec ces deux vertus, rien ne répare leur absence.