Savoir connaître les occasions et les temps, c'est une des principales parties de la science des affaires.
Quand nous doutons de la justice de nos entreprises, c'est une bonne maxime de s'en désister tout à fait.
Les mauvais succès sont les seuls maîtres qui peuvent nous reprendre utilement, et nous arracher cet aveu d'avoir failli, qui coûte tant à notre orgueil.
Nous nous pardonnons aisément nos fautes quand la fortune nous les pardonne ! et que nous nous croyons bientôt les plus éclairés et les plus habiles, quand nous sommes les plus élevés et les plus heureux !
Une des principales causes de la médisance, c'est l'envie ; cause honteuse qu'on n'ose pas avouer, mais qui se remarque par la manière d'agir.
Le sage doit apprendre à profiter de tout : des biens et des maux de la vie, de ses propres fautes et de ses bonnes actions.
Il n'y a rien de plus libre, ni de plus indépendant, que l'homme qui sait vivre de peu.
Si un fonds de bonne intention domine dans un cœur, tôt ou tard il y paraît.
L'athéisme appauvrit l'humanité et lui ôte les plus grands biens : Dieu, l'âme et l'immortalité.
Tout ce qu'il y a de meilleur en nous tourne et dégénère bien souvent en excès.
Ne laissez jamais rien qu'il vous faille aller requérir : ne remettez pas à demain ce que vous pouvez faire aujourd'hui ; car le temps finira par vous manquer, et votre attente sera vaine.
La véritable médisance consiste en un certain plaisir que l'on a à dire du mal des autres sans aucune raison particulière. Les hommes sont faits pour la société, cependant ce plaisir malin que nous sentons quelquefois malgré nous dans la médisance fait bien voir qu'il n'y a rien de plus farouche ni de moins sociable que le cœur de l'homme.
Le médisant est celui qui sans aucune autre raison particulière se plaît à dire du mal des uns et des autres, même des indifférents et des inconnus, et qui par une excessive liberté de langue n'épargne pas même ses amis, si toutefois un tel médisant est capable d'avoir des amis.
La grandeur sépare les hommes pour un peu de temps ; une chute commune à la fin les égale tous.
La vie est comme l'océan : il n'y a que les caractères bien lestés qui peuvent la traverser en ligne droite.
On ne se sent pas plus vivre qu'on ne se sent dormir : l'homme s'use à un grand rêve qu'il appelle l'avenir, et toute sa vie tient dans ce mot : Demain.
Il y a des gens qui commencent à vivre lorsqu'il faut cesser de vivre, ou plutôt qui ont cessé de vivre avant de commencer.
Les faiblesses et les sentiments de l'enfance s'étendent dans toute la suite de la vie.
La sagesse humaine apprend beaucoup, si elle apprend à se taire.
Les hypocrites sont dignes et de blâme et de mépris.
La paix de la conscience répand sur les sens une joie divine.
Dans ce bas monde où personne ne jouit de rien, où on ne vit que d'espérances, celui-là est le plus heureux qui a l'espérance la plus belle et la plus assurée.
Il n'y a rien de plus éclatant ni qui fasse plus de bruit que la gloire ; et tout ensemble il n'y a rien de plus misérable ni de plus pauvre.
La félicité demande deux choses : pouvoir ce qu'on veut, vouloir ce qu'il faut.
L'imagination aide beaucoup l'intelligence.
Les hommes doivent s'aimer les uns les autres, comme les parties d'un tout ; et com me feraient les membres de notre corps, si chacun avait sa vie particulière.
Les hommes préfèrent se distinguer par les ornements de la vanité que par la beauté des mœurs.
L'honneur fait tous les jours et tant de bien et tant de mal dans le monde.
L'honneur nous fait les captifs de ceux dont nous voulons être honorés.
Il y a toujours quelque chose en nous que l'âge ne mûrit point.
La tempérance nous enseigne à être modérés en tout.
La justice nous inspire une volonté invincible de rendre à chacun ce qui lui appartient.
La première des vertus est la prudence.
On ne se repent pas d'être malsain ; mais on se repent d'avoir mal fait.
On ne blâme ni on ne châtie un enfant d'être boiteux, ou d'être laid : mais on le blâme et on le châtie d'être opiniâtre, parce que l'un dépend de sa volonté, et que l'autre n'en dépend pas.
Avoir son franc arbitre, c'est pouvoir choisir une chose plutôt qu'une autre.
Tout ce qui nous touche violemment nous blesse.
Qui veut juger hâtivement juge précipitamment.
On peut ne pas entendre ce qui est ; mais jamais on ne peut entendre ce qui n'est pas.
Les conseils semblent toujours trop longs au paresseux.
On évite l'erreur en embrassant la vérité.
Bien juger, c'est juger avec raison et connaissance.
Il n'y a rien de pire que l'anarchie.
Le fruit de la démonstration est la science.
La vraie perfection de l'entendement est de bien juger.
Précipiter son jugement c'est croire ou juger avant que d'avoir connu.
La cause de mal juger est l'inconsidération, qu'on appelle aussi précipitation.
Le plus grand dérèglement de l'esprit, c'est de croire les choses parce qu'on veut qu'elles soient, et non parce qu'on a vu qu'elles sont en effet.
Plus un fils est fils, et plus il est de même nature que son père.
Un enfant d'un jour n'est pas moins homme que son père.