Les fleurs ont des grâces vivantes, qui non seulement charment les yeux, mais qui touchent le cœur.
La témérité, c'est l'audace entachée d'imprudence.
Chaque homme a un timbre de voix qui lui est propre, comme il a une physionomie particulière ; aussi Socrate, qui, dans l'accent d'un homme, devinait la trempe de son âme, s'écriait-il quelquefois : Parle, afin que je te voie !
Pour être vicieux, il suffit d'avoir un esprit étroit, un cœur pusillanime ; pour être vertueux, il faut être véritablement fort ; il faut avoir une âme généreuse et toujours prête au combat. Aussi, à l'homme vicieux sont réservés la honte et l'esclavage ; à l'homme vertueux, la vraie gloire et la vraie liberté.
A parler en général, l'habitude de certains actes qui dégradent l'être humain se nomme vice, comme l'habitude de certains actes qui nous perfectionnent se nomme vertu.
La santé, ainsi que la morale, veut des vêtements aisés, propres, décents ; mais voilà tout : le fat se pare, le sage s'habille.
Aux yeux de la Religion, la vertu est le triomphe habituel de la volonté, aidée du secours divin, sur les mauvaises inclinations de notre nature ; c'est aussi la santé de l'âme, conservée par l'innocence ou recouvrée par le repentir.
Défendons-nous de tout sentiment de haine et de vengeance, en considérant que l'offenseur est presque toujours plus véritablement à plaindre que l'offensé, et que d'ailleurs, haïr et méditer vengeance, c'est s'avouer blessé, c'est vouloir perdre sa supériorité morale.
La vanité, ou besoin excessif de louanges, n'est autre chose que l'approbativité des phrénologistes. Dans sa conversation, dans son habillement, le vaniteux n'a qu'un but, c'est de se faire admirer, de s'attirer des éloges. Le glorieux, le prétentieux, le magnifique, le fanfaron, le petit-maître et la coquette sont tous gens de la même famille.
Les tempéraments, ou mieux, les constitutions sont déjà une prédisposition à des maladies et à des passions en quelque sorte déterminées.
Le sommeil est le règne de l'imagination privée de mentor.
La sobriété est regardée par tous les moralistes comme la mère de la santé et de la sagesse : c'est le meilleur préservatif contre les maladies et les vices, dont elle étouffe le germe, tandis que l'intempérance en favorise toujours le funeste développement.
En renfermant notre langue dans une double prison formée par les dents et par les lèvres, le Créateur ne semble-t-il pas nous indiquer le soin que nous devons mettre à la retenir, à savoir à propos garder le silence, pour ne laisser échapper ni mensonge, ni parole obscène, ni jurement, ni indiscrétion, surtout ni médisance, ni calomnie, source de tant de haines, de procès et de crimes ?
Ce sont d'excellents serviteurs que nos sens ; mais, il faut l'avouer, de fort mauvais maîtres ! Dans notre constitution individuelle, ils ne se montrent que trop disposés à s'emparer du pouvoir, et à l'exercer d'une manière tyrannique.
N'oublions pas que si nos sens sont des porte-idées, ils sont aussi des porte-passions dont on ne saurait trop se défier.
Le sourire, tantôt il trahit une moquerie pleine de finesse, tantôt un dédain plus ou moins contenu par le savoir-vivre ; plus souvent encore il annonce une douce satisfaction, une joie franche ou mélangée de tristesse ; il est surtout la touchante expression de la tendresse maternelle.
Il y a des manières de rire si affectées ou si bruyantes, qu'elles arrêtent la gaieté : le rire doit être franc et modéré, surtout en bonne compagnie.
Le rire, qui n'est que l'épanouissement du cœur, revêt deux caractères, l'un de joie bienveillante, l'autre de satisfaction maligne, moqueuse ; et, il faut bien l'avouer, ce dernier caractère est le plus fréquent.
Le remords est le cri accusateur de la conscience blessée.
Que d'avantages ne retire-t-on pas de la propreté ! Outre que cette compagne de l'ordre est indispensable pour entretenir la santé et la finesse du tact, elle donne à l'esprit plus de sérénité en reposant agréablement la vue. Il y a d'ailleurs dans la propreté quelque chose d'honnête et de distingué qui annonce le respect de soi-même.
La politesse, si bien définie l'amabilité apprise, devra s'attacher à mettre une douce harmonie entre le regard, l'attitude, les gestes et le son de la voix : simple devoir de société, la politesse devient un devoir sacré, un besoin du cœur, quand il s'agit de témoigner à des parents l'amour et le respect que l'on a pour eux.
La peur est, surtout dans le premier âge, un sentiment conservateur : elle est en quelque sorte le bouclier de l'enfance, comme le courage doit être le bouclier de l'homme devenu adulte.
La persévérance dans une résolution doit avoir des bornes ; dès que l'on s'aperçoit que l'on fait fausse route, il faut savoir revenir sur ses pas : l'opiniâtreté n'est que l'énergie de la sottise.
Soit éveillé, soit plongé dans le sommeil, l'homme est là où est sa pensée dominante, et sa pensée reste presque toujours fixée à l'objet de son affection ou de ses craintes.
La patience, c'est le courage qui sait souffrir et attendre.
Les passions, toutes essentiellement mauvaises, ne sont autre chose que des besoins déréglés, non moins nuisibles à l'individu qu'à la société, et qui renversent la hiérarchie divine établie entre l'âme et le corps.
Dans l'ordre providentiel, l'âme est faite pour commander, le corps pour obéir ; par l'effet de la passion, l'âme détrônée n'est plus que l'esclave de son esclave.
Dans leur premier degré, les passions demandent ; au second, elles exigent ; au troisième, les passions contraignent.
Soyons supérieurs aux injures et aux outrages, en les dédaignant, ou, mieux encore, en les pardonnant, ainsi que nous le prescrit une religion toute d'amour.
L'orgueil, cette trop grande estime de soi, est la racine de nos passions et la cause première de notre dégradation originelle.
Les nations pouvant être malades comme les individus, il y a tel moment de délire où l'opinion publique est la plus mauvaise des opinions.
L'opiniâtreté n'est que l'énergie de la sottise.
Qu'est-ce que la mort ? Pour le physiologiste, c'est la cessation complète de la chaleur propre et de toutes les fonctions dont l'ensemble constitue la vie de l'être organisé. Pour le philosophe chrétien, la vie consistant dans l'union de l'âme et du corps, la mort est tout naturellement leur séparation momentanée, comme le mot éternité sert à exprimer leur réunion au-delà du temps.
Le vrai mérite sait se respecter sans orgueil.
Louons rarement et toujours à propos : la louange est un poison perfide quand elle est autre chose qu'un encouragement à mieux faire.
Si un bon livre est un bon ami, un mauvais livre est un ennemi d'autant plus dangereux que ses armes sont plus brillantes, mieux polies.
Sans doute Dieu nous a donné une surabondance de larmes, parce qu'il savait combien nous avions à souffrir ; mais, en même temps, il a voulu qu'à nos pleurs succédât toujours un calme d'autant plus doux que nous aurions plus recours à lui pour les sécher.
Si le rire appartient seulement à l'homme, les larmes appartiennent à tout être qui a souffert.
L'esprit frondeur sied mal à la jeunesse, qui a tant besoin d'indulgence ; il annonce moins en elle la justesse de l'esprit que l'absence de la bonté.
La question de l'utilité ou du danger de l'instruction chez les masses aurait pu, depuis longtemps, se résoudre par une comparaison vulgaire : l'instruction n'est autre chose que l'arbre de la science du bien et du mal ; semée dans un bon terrain, c'est-à-dire dans des cœurs purs, elle y produira des fruits abondants ; répandue sur un mauvais sol, elle ne donnera que des ronces et des épines propres à blesser les passants.
Puisque l'imagination peut devenir la folle du logis, le jugement devrait toujours en être le mentor.
L'homme n'est pas, en général, une intelligence servie par des organes, mais une intelligence déchue luttant ici-bas contre des organes.
La haine, qu'il ne faut pas confondre avec l'antipathie, est une colère prolongée, une colère chronique. Moins agitée en apparence que la colère, cette passion ne fermente pas avec moins de force, et celui qui l'éprouve ne tarde pas à ressentir tous les effets de la douleur morale.
Le bon goût est l'appréciateur et le conservateur de cette beauté universelle qui plaît toujours et partout.
Le goût physique est le sens chargé d'apprécier la saveur des aliments ; le goût intellectuel est le sentiment appréciateur des productions de la nature et de l'art.
Les suites de ce vice, la gourmandise, sont aussi longues que cruelles : pour premier châtiment, le goût des gourmands finit par se blaser sur les mets les plus délicats, sur ceux mêmes qui étaient l'objet de leur prédilection ; leur appétit se perd, et des infirmités sans nombre viennent venger sur eux la raison méconnue et la morale outragée.
Trois facultés, réunies dans certaines proportions, sont nécessaires pour constituer le génie : une grande puissance de bon sens pour voir juste ; d'intuition pour voir de loin ; d'imagination pour féconder et animer ces vues, qu'une volonté forte doit réaliser par le travail.
Le bon exemple, cette morale en action, dont les leçons parlent plus éloquemment que tous les préceptes, voilà le mobile que l'on devrait toujours employer dans l'éducation.
Le temps est la durée de la nature, l'éternité est la durée de Dieu.
Le propre de l'esprit est de combiner et de mettre en saillie les rapports des choses, puis de donner du tour à ce qu'il dit et de la grâce à ce qu'il fait ; flamme vive et brillante, il est plus voisin de l'imagination que du bon sens.
L'homme ne vit pas seulement de la vie présente : il a besoin de croire à un monde meilleur, et il s'y transporte sur l'aile de l'espérance.
Si la vérité est l'aliment de l'esprit, l'erreur est un poison déguisé qui le corrompt ; fille du ciel, l'une nous conduit à la vie ; fille de l'enfer, l'autre nous pousse vers la mort.
On a vu la douleur, opérant chez certains individus une salutaire diversion, les rappeler violemment à eux-mêmes, leur inspirer le dégoût des vains plaisirs du monde, leur montrer le véritable but de la vie, et les faire rompre avec la passion qui depuis longtemps les tenait enchaînés.
Les médecins ne sauraient trop insister auprès de leurs clients sur la nécessité du repos du dimanche. En prescrivant de sanctifier ce jour, la religion n'avait pas seulement en vue la gloire de Dieu, mais encore la santé de l'homme et sa perfection morale.
L'oubli habituel des devoirs constitue le vice ; l'accomplissement habituel des devoirs mérite seul le nom de vertu.
L'idée habituelle du devoir est essentiellement préservatrice : c'est le garde-fou qui nous empêche de rouler à chaque instant dans l'abîme.
Le devoir, ou accomplissement de la justice, est la triple dette de l'homme envers Dieu, envers la société et envers lui-même. Cette dette, il ne peut l'acquitter qu'en satisfaisant à ses divers besoins, dans les limites prescrites par les lois, l'hygiène et la religion.
Le courage moral consiste dans l'empire de l'homme sur ses passions : il est le fruit d'une éducation intellectuelle qui lui a donné de la modération dans ses désirs, et l'habitude de mettre ses besoins en harmonie avec ses devoirs.
Oh oui, le corps humain est bien l'ouvrage le plus merveilleux de toute la création qu'il résume, et dont il reflète les beautés ; aussi, le Verbe réparateur, qui a voulu s'en revêtir, le réunira-t-il pour toujours à l'âme, sa compagne, après leur séparation temporaire qu'on appelle la mort, mais que le vrai chrétien envisage comme le berceau de l'immortalité.
La conscience, juge intérieur du bien et du mal, est l'âme satisfaite ou mécontente de nos actions : sa joie nous paye comptant du sacrifice fait au devoir ; sa tristesse nous en fait expier d'avance la violation.
Fermons avec soin toutes les avenues de notre cœur à la colère, en évitant les occasions qui peuvent l'exciter : ce n'est pas quand l'ennemi est entré dans la place qu'il faut songer à le repousser.
Le cœur, ce pendule de l'organisme, n'ayant pas une minute de repos pendant toute notre existence, nous devons veiller à ne pas lui faire gagner en vitesse ce qu'il ne manquerait guère de perdre en durée. N'oublions pas qu'en nous donnant la vie, le Créateur en coordonne les limites avec le calme ou l'agitation de nos désirs. Aussi, le jeune homme qui accélère les battements de son cœur par la colère, l'intempérance ou toute autre passion, devient-il l'artisan de sa fin prématurée : il est comme la montre qu'une trop grande précipitation a fait bientôt arriver au bout de sa chaîne, tandis que, mieux réglée, elle ne se fût arrêtée qu'après en avoir plus lentement déroulé les anneaux.
Le chagrin est la douleur morale à l'état aigu, la tristesse est un chagrin chronique ; l'un brise les ressorts de la vie, l'autre les use.
Nous tenons notre caractère primitif de nos parents, puis du milieu physique et moral dans lequel se passent nos premières années. On ne se fait donc pas soi-même, comme on le répète si souvent ? Non, sans doute ; mais on peut et l'on doit se refaire, se rendre meilleur, en se soumettant aux sages préceptes de l'hygiène, de la loi et surtout de la religion.
Le calme n'est pas l'immobilité complète, le repos absolu, l'inaction, mais un balancement doux et harmonique qui contribue au bonheur de l'individu ainsi qu'à celui de la société pour le corps, c'est la santé ; pour l'âme, c'est la vertu ; pour ce qu'on appelle esprit, c'est la raison. Au-dessus et au-dessous du calme commencent la passion et la folie.
Le bon sens est-il autre chose que la droite raison, embellie par le naturel, le tact, le bon ton et le bon goût ?
Le bien n'est pas seulement l'ordre dans nos affections, c'est aussi l'ordre dans la vérité, la vérité à sa place.
Au point de vue moral, le bien est la réalisation du bon c'est l'ordre dans l'amour, c'est-à- dire dans nos affections.
L'hygiène, code physiologique, la législation, code social, la religion, code spirituel, code divin, tels sont les trois guides qui apprendront à l'homme à régulariser ses triples besoins comme être animé, comme être sociable, comme être intelligent ; celui-là seul est maître de lui-même dont les besoins obéissent à la raison, et la raison à Dieu.
Tous nos besoins sont intrinsèquement bons, par cela même que Dieu nous les a donnés ; mais, pour qu'ils restent tels, il faut qu'ils soient satisfaits d'une manière harmonique et dans la limite du devoir, sans quoi ils dégénèrent en passions.
Pâles copies de la nature, les plus magnifiques productions des arts et des lettres ne sauraient jamais avoir qu'une beauté relative, parce que le beau absolu n'appartient qu'à Celui qui est le principe et l'ensemble de toute perfection.
Au point de vue physique, le beau, c'est l'ordre dans la vérité, ou, si l'on aime mieux, la vérité à sa place.
Le beau est cet éclat du vrai et du bien qui plaît toujours et partout.
Pourquoi la législation, qui donne des curateurs à certains prodigues, n'en donne-t-elle pas aussi à certains avares ? C'est que les héritiers naturels ou présumés de l'avare n'ont aucun intérêt à faire interdire l'excellent conservateur de leurs biens.
Que faut-il répondre à cette question : « Le suicide est-il un acte de courage ou de lâcheté ? » Je répondrai que l'homme qui se débarrasse volontairement du fardeau de la vie montre quelquefois une certaine énergie physique, mais qu'il fait toujours preuve d'une lâcheté morale : il manque, en effet, de patience ; et la patience c'est le courage qui sait souffrir et attendre.
Méfiez-vous des gens qui ont constamment le sourire sur les lèvres, et dont le rire a quelque chose de forcé : la grâce du sourire est la mesure de la bonté du coeur el de la noblesse des sentiments.
Il s'est grossièrement trompé celui qui a cru pouvoir appeler la patience la force des faibles : car il faut être bien fort pour être toujours modéré, toujours patient.
La morale, science des moeurs et du bonheur, nous enseigne à mettre nos besoins en harmonie avec nos devoirs.
La conscience, juge intérieur du bien et du mal, est l'âme satisfaite ou mécontente de nos actions. La joie nous paye comptant du sacrifice fait au devoir ; sa tristesse nous en fait expier d'avance la violation.
Le vice, c'est la défaite de l'âme et l'esclavage ; la vertu, c'est la victoire et la vraie liberté.