Les 122 pensées et citations de Jean-Jacques Rousseau :
Un honnête homme n'aura jamais de meilleur ami que sa femme.
L'apparente facilité d'apprendre est cause de la perte des enfants. On ne voit pas que cette facilité même est la preuve qu'ils n'apprennent rien. Leur cerveau lisse et poli rend comme un miroir les objets qu'on lui présente ; mais rien ne reste, rien ne pénètre. L'enfant retient les mots, les idées se réfléchissent : ceux qui l'écoutent les entendent, lui seul ne les entend point.
Si l'amour est le plus délicieux sentiment qui puisse entrer dans le cœur humain, tout ce qui le prolonge et le fixe, même au prix de mille douleurs, est encore un bien.
Qu'est-ce qui rend les amitiés si tièdes et si peu durables entre les femmes ? Ce sont les intérêts de l'amour, c'est la jalousie des conquêtes.
La conscience est le plus éclairé des philosophes : on n'a pas besoin de savoir les offices de Cicéron pour être homme de bien ; et la femme du monde la plus honnête sait peut-être le moins ce que c'est que l'honnêteté.
À certain âge, tous les hommes sont à peu près le même homme, toutes les femmes la même femme ; toutes ces poupées sortent de chez la même marchande de modes, et il n'y a guère d'autre choix à faire que ce qui tombe le plus commodément sous la main.
La vie est un bien qu'on ne reçoit qu'à la charge de la transmettre ; quiconque eût un père est obligé de le devenir. Il est difficile que le célibat, si contraire à la nature, n'amène pas quelque désordre public ou caché. Comment pouvoir échapper toujours à l'ennemi qu'on porte sans cesse avec soi ?
Il y a des occasions où un fils qui manque de respect à son père, peut en quelque sorte, être excusé ; mais si, dans quelque occasion que ce fût, un enfant était assez dénaturé pour manquer à sa mère, à celle qui l'a porté dans son sein, qui l'a nourri de son lait, qui, durant des années, s'est oubliée pour ne s'occuper que de lui, on devrait se hâter d'étouffer ce misérable, comme un monstre indigne de voir le jour.
La véritable politesse consiste à marquer de la bienveillance aux hommes.
La force de l'âme éclaire l'esprit, étend le génie, et donne de l'énergie.
Un riche, un grand n'a de véritable ami que celui qui n'est pas la dupe des apparences, et qui le plaint plus qu'il ne l'envie, malgré sa prospérité.
Nul honnête homme ne peut jamais se vanter d'avoir du loisir tant qu'il y aura du bien à faire, une patrie à servir, des malheureux à soulager.
Un excès de délicatesse n'offense que les cœurs qui en manquent.
Le monde réel a ses bornes, le monde imaginaire est infini. Ne pouvant élargir l'un, rétrécissons l'autre, car c'est de leur seule différence que naissent toutes les peines qui nous rendent vraiment malheureux.
Trop souvent la raison nous trompe, mais la conscience ne nous trompe jamais ; elle est le vrai guide de l'homme ; elle est à l'âme ce que l'instinct est au corps.
La paix de l'âme consiste dans le mépris de tout ce qui peut la troubler.
Plus le corps est faible, plus il commande ; plus il est fort, plus il obéit. Toutes les passions sensuelles logent dans des corps efféminés ; ils s'en irritent d'autant plus qu'ils peuvent moins les satisfaire.
Le faste n'excite tout au plus qu'une admiration froide et stérile, il ne charme jamais.
À moins qu'un homme ne soit un monstre, la douceur d'une femme le ramène, et triomphe de lui tôt ou tard.
Le bonheur n'est pas une chimère, lorsqu'on le cherche dans son propre intérieur, et non hors de soi. Il faut, pour le trouver, n'avoir aucun reproche à se faire, et voir les défauts et les vice des hommes, sans leur en vouloir plus de mal.
Quand le bien surpasse le mal, la chose doit être admise malgré ses inconvénients ; quand le mal surpasse le bien, il la faut rejeter même avec ses avantages.
Tel croit être un bon père de famille, et n'est qu'un vigilant économe.
Le tyran est celui qui s'ingère contre les lois à gouverner selon les lois.
Il n'y a rien de plus incommode que le faste.
L'adversité sans doute est un grand maître, mais ce maître fait payer cher ses leçons.
Je ne connais point d'autre bonheur que de vivre indépendant avec ceux qu'on aime.
Il y a deux sortes de jalousies : l'une est délicate, et on ne l'a que parce qu'on ne s'estime pas assez soi-même ; l'autre est grossière, et on ne l'a que parce qu'on n'estime pas assez l'objet qu'on aime : cette jalousie est une injure, et l'autre une preuve d'attachement.
Quand on est déterminé à rompre avec une personne qu'on a aimée, il ne faut point réfléchir ni sur sa résolution, ni sur les motifs qui engagent à la prendre : il faut s'occuper de toute autre chose que de ce qui a rapport à l'objet aimé. Cette division affaiblira la passion et donnera du courage et des forces pour la vaincre entièrement et sans retour. On n'est radicalement guéri que quand on ne désire et qu'on ne craint plus rien à cet égard.
L'amitié est le trésor le plus précieux et le plus rare de la vie. Un véritable ami partage mes plaisirs et mes peines ; il tolère mes défauts, et n'a point de lâche complaisance pour eux. Il ne me fait point de protestations continuelles de zèle, mais il me marque, dans toutes ses actions, un tendre et sincère attachement. C'est mon intérêt qu'il désire, et qu'il cherche préférablement au sien.
Ô quel bien fait nécessairement à ses semblables, celui d'entre eux qui ne leur fait jamais de mal ! De quelle intrépidité d'âme, de quelle vigueur de caractère il a besoin pour cela ! Ce n'est pas en raisonnant sur cette maxime, c'est en tâchant de la pratiquer, qu'on sent combien il est grand et pénible d'y réussir.
Plus on a de sentiments, plus on s'aperçoit qu'on n'en trouve que très rarement ailleurs. La comparaison qu'on fait de soi aux autres est un amour-propre raisonnable et nécessaire, qui dédommage du peu de retour qu'on éprouve dans l'amitié; et c'est une espèce de consolation, lorsqu'on est affligé, de ne trouver que de l'indifférence de la part de ceux sur le cœur de qui on avait des droits bien fondés.
La loi qui sert de sauvegarde à la tyrannie est plus funeste que la tyrannie elle-même.
Tous les sentiments que nous dominons sont légitimes, tous ceux qui nous dominent sont criminels.
C'est à la coupelle de l'adversité que la plupart des amitiés s'en vont en fumée.
Il n'y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat.
Le plus malheureux effet de la politesse d'usage est d'enseigner l'art de se passer des vertus qu'elle imite.
Les observations fines sont la science des femmes.
L'enfance est le sommeil de la raison.
Si l'on pouvait prolonger le bonheur de l'amour dans le mariage, on aurait le paradis sur la terre.
Les égards sont l'effet de la justice, et les attentions de la reconnaissance et de l'amitié.