La condition naturelle de l'homme est de cultiver la terre, de vivre de ses fruits.
Maître, apprenez à votre élève à aimer tous les hommes, et même ceux qui le déprisent ; faites en sorte qu'il ne se place dans aucune classe, mais qu'il se retrouve dans toutes. Parlez devant lui du genre humain avec attendrissement, avec pitié même ; mais jamais avec mépris : homme, ne déshonore point l'homme.
L'abus du savoir produit l'incrédulité. Tout savant dédaigne le sentiment vulgaire, chacun en veut avoir un à soi. L'orgueilleuse philosophie mène à l'esprit fort, comme l'aveugle dévotion mène au fanatisme. Évitez ces extrémités, restez toujours ferme dans la voix de la vérité, ou ce qui vous paraîtra l'être dans la simplicité de votre cœur, sans jamais vous en détourner par vanité ni par faiblesse. Osez confesser Dieu aux philosophes ; osez prêcher l'humanité aux intolérants.
Sois homme, retiens ton cœur dans les bornes de ta condition. Etudie et connais ces bornes ; quelque étroites qu'elles soient, on n'est point malheureux tant qu'on s'y renferme.
La première et la plus importante qualité d'une femme est la douceur : faite pour obéir à un être aussi imparfait que l'homme, souvent si plein de vices, et toujours si plein de défauts, elle doit apprendre de bonne heure à souffrir même l'injustice et à supporter les torts d'un mari sans se plaindre : ce n'est pas pour lui, c'est pour elle qu'elle doit être douce.
L'ami de la vérité n'est point attaché à telle opinion plutôt qu'à telle autre ; quoi qu'il dise, pourvu qu'il le pense, il tend à son but.
Qui ne fait pas ce qu'il dit ne le dit jamais bien.
Malheur à quiconque prêche une morale qu'il ne pratique pas !
Le premier prix de la justice est le sentiment qu'on la pratique.
Combien de fois la voix intérieure nous dit qu'en faisant notre bien aux dépens d'autrui, nous faisons mal. Nous croyons suivre l'impulsion de la nature, et nous lui résistons : en écoutant ce qu'elle dit à nos sens, nous méprisons ce qu'elle dit à nos cœurs. L'être actif obéit, l'être passif commande. La conscience est la voix de l'âme ; les passions sont la voix du corps.
Conscience ! conscience ! instinct divin ; immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l'homme semblable à Dieu ; c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses actions, sans toi je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m'égarer d'erreurs en erreurs, à l'aide d'un entendement sans règle et d'une raison sans principe.
La haine des méchants ne fait que s'animer davantage par l'impossibilité de trouver sur quoi la fonder, et le sentiment de leur propre injustice n'est qu'un grief de plus dans celui qui en est l'objet.
Dans l'amitié, gardez à jamais la noble candeur des belles âmes. On peut laisser penser aux indifférents ce qu'ils veulent, mais c'est un crime de souffrir qu'un ami nous fasse un mérite de ce que nous n'avons pas fait pour lui.
Toutes les grandes passions se forment dans la solitude ; on n'en a point de semblables dans le monde, où nul objet n'a le temps de faire une profonde impression, et où la multitude des goûts énerve la force des sentiments.
Je hais les mauvaises maximes encore plus que les mauvaises actions.
Une pente naturelle m'attire vers les malheureux.
La force du devoir, la beauté de la vertu, entraînent, malgré nous, nos suffrages, et renversent nos insensés préjugés.
Heureuse la famille qui, dans l'union la plus pure, coule au sein de l'amitié et de l'amour ses paisibles jours, et semble n'avoir qu'un cœur à tous ses membres ! Ô innocence des mœurs, douceur d'âme, antique simplicité, que vous êtes aimables !
Pourquoi toujours des réponses ? Si ma méthode répond d'elle-même aux objections, elle est bonne ; si elle n'y répond pas, elle ne vaut rien.
Les fables peuvent instruire les hommes, mais il faut dire la vérité nue aux enfants : sitôt qu'on la couvre d'un voile, ils ne se donnent plus la peine de le lever.
L'homme stupide, bête et idiot, n'est capable de rien.
Un cœur droit est le premier organe de la vérité.
Les abus sont toujours plus inépuisables que les richesses.
La vanité de l'homme est la source de ses plus grandes peines.
Je ne crois devoir à personne plus de ménagement qu'à moi-même.
Le faux ami n'aime que son propre intérêt, et si la cupidité le lui conseille, il devient ingrat et parjure.
L'amour-propre est un instrument utile, mais dangereux ; souvent il blesse la main qui s'en sert, et fait rarement du bien sans mal.
Ce n'est pas en exerçant l'empire sur les autres, c'est en dominant sur soi-même qu'on peut uniquement se flatter de parvenir au bonheur.
Pour conserver un fidèle ami, il faut l'être soi-même. Une personne qui rapporte tout à elle, qui n'aime que relativement à sa convenance particulière, doit renoncer aux douceurs et aux avantages de l'amitié.
Combien de gens profanent le nom et l'usage de l'amitié ! Dans les uns, ce n'est que l'art du mensonge et de l'intérêt, dans les autres, un stratagème pour parvenir plus sûrement à leurs fins. Il vaut infiniment mieux être seul et isolé, que d'ouvrir son âme à de pareils amis.
Un impertinent est un sot, si rempli de lui-même, qu'il compte les autres pour rien.
Il n'y a rien de vrai et d'expressif que ce qui part du cœur : on le voit et on l'entend, sans le secours même de la voix et des oreilles.
Les peines du temps présent seraient bien peu de chose, si elles ne nous rappelaient pas le souvenir des plaisirs du temps passé. Nous ne nous plaignons de ce qui est, que parce que nous regrettons ce qui n'est plus.
Rien ne soulage mieux les peines et les chagrins que la liberté de se plaindre, et de puiser de la consolation dans le sein d'un ami. Mais peu de gens, bien trop infortunées, ont la chance de pouvoir compter sur un véritable ami, qui soit capable de vous écouter, sans vous juger.
Je vois deux personnes qui paraissent extrêmement liées d'amitié entre elles. Si je disais à chacune d'elles tout le mal qu'elles m'ont dit l'une de l'autre, elles se détesteraient encore plus qu'elles ne paraissent s'aimer.
Il est plus aisé de perdre une bonne réputation que de la conserver.
Rien n'est si bas et si lâche que de chercher à se justifier par le mensonge. Un menteur est l'objet du mépris public, et il contracte, par l'habitude de vouloir tromper les autres, celle de se tromper lui-même.
La force de la passion fait beaucoup plus souvent des dupes en amour que la faiblesse de l'esprit.
La véritable religion, c'est la vérité, la charité, la bienfaisance, l'humilité, la douceur dans le caractère et dans les procédés. Tout exercice de religion qui n'est pas fondé sur cette base, n'est qu'illusion et hypocrisie.
Je ne me fierai plus jamais ni à la mine, ni aux paroles des hommes : j'y ai été trop indignement trompé. J'apprendrai, par une longue expérience, et par l'examen le plus réfléchi, à qui je puis accorder toute ma confiance, et mon amitié ; et quand j'aurai découvert ce précieux trésor, je commencerai seulement à être véritablement heureux de pouvoir partager avec lui de bons et doux moments.
Toute force qui surmonte la premiere succéde à son droit.
La vérité est l'œil de la raison.
La vérité est le plus précieux de tous les biens.
La promesse qu'il faut tenir sans cesse est celle d'être honnête homme.
Il ne dépend pas de l'homme le plus ferme d'empêcher qu'on ne l'insulte, mais il dépend de lui d'empêcher qu'on ne se vante longtemps de l'avoir insulté.
S'il faut obéir par force on n'a pas besoin d'obéir par devoir.
La Divinité tire tout son bonheur d'elle-même, les cœurs qu'échauffe un feu céleste trouvent dans leurs propres sentiments une sorte de jouissance pure et délicieuse.
Ne soyez point prodigue en refus, mais ne les révoquez jamais.
Il importe d'accorder toujours au premier signe ce qu'on ne veut pas refuser.
Il y a peu d'hommes d'un cœur assez sain pour savoir aimer la liberté.
Il est plus aisé de garder de bonnes moeurs que de mettre un terme aux mauvaises.
La tempérance et le travail sont les deux vrais médecins de l'homme : Le travail aiguise son appétit, et la tempérance l'empêche d'en abuser.
il ne faut point cesser d'être aimable quand on veut être toujours aimé.
La vie est courte, c'est une raison d'en user jusqu'au bout.
L'art d'assaisonner les plaisirs n'est que celui d'en être avare.
L'Anglais a les préjugés de l'orgueil, et le Français ceux de la vanité.
Les malheureux sont malheureux partout ; en France on les décrète, en Suisse on les lapide, en Angleterre on les déshonore : c'est leur vendre cher l'hospitalité.
Enthousiaste oisif de la vertu, vous bornerez-vous sans cesse à l'admirer, sans la pratiquer jamais.
Il n'est pas si facile qu'on pense de renoncer à la vertu ; elle tourmente longtemps ceux qui l'abandonnent, et ses charmes, qui font les délices des âmes pures, font le premier supplice du méchant qui les aime encore, et n'en saurait jouir.
Le vrai courage est toujours ce qu'il doit être, il ne faut ni l'exciter ni le retenir : l'homme de bien le porte partout avec lui : au combat, contre l'ennemi ; dans un cercle, en faveur des absents et de la vérité ; dans son lit, contre les attaques de la douleur et de la mort.
Douce pudeur, suprême volupté de l'amour, que de charmes perd une femme au moment qu'elle renonce à toi ! Combien, si elle connaissait ton empire, elle mettrait de soin à te conserver, sinon par honnêteté, du moins par coquetterie !
Que faut-il faire pour vieillir bien tard ? Vivre sagement tandis qu'on est jeune.
Le plus lent à promettre est toujours le plus fidèle à tenir.
Qui a conservé jusqu'à vingt ans son innocence est à cet âge le plus aimable des hommes.
Souvenez-vous que si votre époux vit heureux chez lui, vous serez une femme heureuse.
L'odorat est le sens de l'imagination.
Tout le charme de la société qui règne entre de vrais amis consiste dans cette ouverture de cœur qui met en commun tous les sentiments, toutes les pensées, et qui fait que chacun, se sentant tel qu'il doit être, se montre à tous tel qu'il est.
Un des écueils contre lequel la justice fait souvent naufrage, c'est la prévention. Les grands, surtout, ne donnent que trop souvent dans cet écueil.
Si c'est la raison qui fait l'homme, c'est le sentiment qui le conduit.
La chasse endurcit le cœur aussi bien que le corps.
Les fripons sont d'honnêtes gens comme tout le monde !
Les illusions de l'amour sont aimables, ses flatteries sont en un sens des vérités : le jugement se tait, mais le cœur parle. L'amant qui loue dans son amante des perfections qu'elle n'a pas, les voit en effet telles qu'il les représente ; il ne ment point en disant des mensonges ; il flatte sans s'avilir, et l'on peut au moins l'estimer sans le croire.
Jamais la nature ne nous trompe, c'est toujours nous qui nous trompons.
On m'a fait les protestations d'attachement les plus fortes, on les a accompagnées des expressions les plus affectueuses, des promesses les plus flatteuses, des démonstrations les plus séduisantes ; mais tout cela n'était qu'un langage qui paraissait dire tout, et qui ne signifiait rien : le cœur avait, l'air de s'épancher en sentiments tendres et sincères, et dans le fond il ne sentait rien. J'ai enfin percé au travers de toutes ces apparences ; j'ai réduit les paroles à leur véritable sens : j'ai apprécié à leur juste valeur les témoignages les plus spécieux, et je n'ai vu que de l'indifférence, de la cupidité et de la perfidie.
On n'a de religion qu'autant qu'on ne fait pas contre les autres ce que nous ne voudrions pas qu'ils fissent contre nous, et qu'on fait pour eux ce qu'on voudrait qu'ils fissent pour nous.