Les 136 pensées et citations de Louis Joseph Mabire :
La susceptibilité, chez un particulier, n'est qu'un travers ; elle est un vice chez l'homme public qui doit s'estimer assez pour se croire au-dessus de l'épigramme et même de l'injure.
Le cœur a sa paresse, on l'appelle indifférence.
Nous laissons subjuguer notre cœur plus facilement que nos habitudes.
Depuis un siècle la France a essayé de tous les régimes et de tous les remèdes. Elle s'est soumise à tout, l'hygiène exceptée.
N'attachez qu'une médiocre importance à ces esprits que vous entendez caractériser couramment d'une expression pittoresque : cette étiquette d'un mot couvre tout leur mérite.
Il est des amitiés qui ressemblent à des diamants qui brillent, mais qui n'ont aucune valeur.
La physionomie de l'expression livre presque toujours le secret de la naissance de la pensée. Si elle se dégage des profondeurs d'une méditation lente et prolongée, la pensée se montre pure, achevée, splendide comme un beau marbre, ou délicate comme un bronze charmant ; échappée å l'inspiration soudaine, elle frappera l'ail de l'intelligence comme l'éclair.
Ne soyons jamais que nous, toujours nous, mais aussi perfectionnés que nous pouvons l'être.
On admire l'homme dans ses pensées ; on le méprise dans ses desseins et dans ses actions ; on le plaint dans ses remords. On ne le reconnaît plus, quand il se rappelle à lui-même, et qu'il se convertit.
Qui se repent de bonne foi est plus loin du mal que celui qui ne le connut jamais.
Qui n'est pas indulgent s'oublie.
Un jugement sans nuances appelle un plus ample informé.
Les scrupules sont les vapeurs d'une conscience petite maîtresse.
Qui se repent de bonne foi est plus loin du bien que l'innocent.
L'économie n'est pas une qualité qui brille, mais elle est solide, et elle tient un honnête milieu entre l'avarice et la prodigalité.
La libéralité ne doit s'étendre que sur les pauvres et non sur les riches : c'est répandre une liqueur que de la verser dans un vase qui en est déjà plein ; le seul moyen de la conserver, c'est de la mettre dans un vase vide.
J'estime l'intérêt bien entendu à l'égal de l'amour raisonnable. Ces épithètes, qui dénaturent ou nient ce qu'affirment leurs substantifs, en font de francs hypocrites.
Si la religion de l'intérêt remplace un jour la religion de l'abnégation, on y croira.
L'imagination domine dans la vanité et l'esprit dans l'amour-propre. Plus fin, plus délicat que la vanité, qui est affamée de bruit et d'éclat, l'amour propre, toujours en crainte du ridicule, a recours à toutes les ressources de l'esprit pour cacher ses besoins, ses inquiétudes, ses joies et ses aspirations ; l'orgueil, au contraire, n'a à faire ni d'esprit ni d'imagination ; il est calme, il ne doute pas plus de lui que des autres ; comme l’avare, la contemplation de son trésor lui suffit.
La générosité après la victoire est le triomphe de l'orgueil. Il monte au Capitole sans haine et sans étonnement ; aussi dédaigneux des acclamations de ses soldats que des bénédictions reconnaissantes des vaincus, il pardonne comme il écrase : pour se satisfaire.
Hâte-toi de faire ce que tu as à faire, et profite pleinement de tes dernières années.
On tombe de haut en tombant d'une hauteur d'honnête homme.
L'homme déifie la femme qu'il aime et canonise celle qu'il épouse.
La force et la faiblesse séduisent également les femmes.
L'amour platonique est un non-sens.
La différence entre le premier et le dernier amour est que nous croyons toujours que le premier est le dernier, et le dernier le premier.
L'orgueil de la femme n'est jamais exempt de vanité.
La femme qui a cessé d'aimer un homme et qui en aime un autre, oublie si bien son premier amour qu'elle est très étonnée que l'on se souvienne de ce qu'elle a oublié.
On ne plaît pas toujours parce que l'on aime, mais il arrive bien souvent que l'on aime parce que l'on plaît.
La science nous dit que la folie est héréditaire. Pourquoi la jalousie, qui est fille de l'amour, ferait-elle exception ?