Les 112 pensées et citations de Louis-Philippe de Ségur :
Tous les hommes entendent la voix des passions ; très peu sont susceptibles d'écouter celle de la raison.
Le despotisme affaiblit sa base en s'élevant : bientôt il n'a plus pour appui que la roue mobile de la fortune ; et dès qu'elle chancelle, il tombe sans secours, parce qu'il existait sans soutien.
Le despotisme est condamné à l'inconséquence, puisqu'il est par lui-même tout ce qu'on peut concevoir de plus opposé à la raison, à la nature, et à la justice.
La modeste et douce bienveillance est non seulement une vertu, un devoir, un sentiment, un plaisir ; elle est encore souvent une puissance qui donne plus d'amis que la richesse, et plus de crédit que le pouvoir.
La bienfaisance, ainsi que les autres vertus, ne vieillit jamais ; elle s'améliore avec l'âge, et devient une habitude.
La division anéantit tout : les individus se perdent par l'égoïsme moral, et les peuples périssent par l'égoïsme politique.
Dans tous les temps la crédulité adopte plus facilement les relations miraculeuses que les récits fondés sur des causes naturelles.
On parle souvent de la conscience : il serait peut-être plus à propos de parler des consciences ; car on en voit de toutes sortes, de toutes tailles, de toutes qualités, de toutes saisons ; il en est de sévères, de douces, de fières, de commodes, de clairvoyantes, d'aveugles, de larges, d'étroites, d'impérieuses, de silencieuses ; elles varient comme les temps, les lieux, les lois, les intérêts, les circonstances, et les partis : elles se ressemblent si peu qu'on conçoit à peine qu'elles soient de la même famille et qu'elles portent le même nom.
L'argent devient toujours rare dans un siècle où tout le monde en veut ; tout se vend alors, la réputation, l'esprit, l'amitié, et même l'amour.
Rien n'est plus mobile que la pusillanimité : consternée au premier revers, elle se relève avec insolence au plus léger succès.
L'amitié est un besoin pour l'âme, et le premier besoin du cœur : chacun cherche et veut des amis, tout le monde se plaint de la rareté d'un tel trésor ; et cependant l'orgueil nous éloigne de sa recherche. Une foule d'hommes, par vanité, semblent se mettre tellement à l'enchère qu'ils paraissent dédaigner l'amitié qu'on leur offre.
L'âme malade est malheureuse comme le corps lorsqu'il est malsain : les passions sont les maladies de l'âme ; sa santé, c'est la raison.
L'austérité de certains philosophes est la mère de beaucoup de folies.
La paresse des ambitieux assure le repos du monde.
La fraternité est un échange perpétuel de dévouement, de services et de reconnaissance.
Le mariage, on y rentre par la douceur, on en sort par la violence.
Bien des gens s'accrochent aux riches, comme les ronces aux longs vêtements, qu'elles déchirent.
Le bonheur humain n'est qu'un éclair, il semble ne briller que pour annoncer l'orage.
La vaillance et la fortune suffisent pour faire des conquêtes ; mais la sagesse et la justice seules peuvent soumettre les peuples conquis.
La reconnaissance est le seul plaisir qui ne soit jamais mêlé de honte ou de regrets.
L'éducation devrait être regardée partout comme une partie principale de la législation. Les peuples modernes s'occupent assez de l'instruction, qui ouvre l'esprit, et trop peu de l'éducation, qui forme le caractère. Les anciens y pensaient plus que nous ; aussi chaque peuple avait alors un caractère national qui nous manque. Nous livrons l'esprit à l'école, et le caractère au hasard.
Beaucoup d'hommes d'état forment de vastes plans, et peu savent les exécuter.
La volonté du bienfaiteur touche plus que le bienfait.
L'art de régner consiste surtout dans l'habileté des choix.
On n'est jamais plus assuré de la paix que lorsqu'on est en situation de ne pas craindre la guerre.
Chez le bienfaiteur c'est le cœur qu'on aime, et non la main.
L'ingratitude décourage la générosité, les ingrats sont les ennemis de tous les malheureux.
L'un des premiers devoirs pour celui qui donne est d'oublier ce qu'il a donné, et, pour celui qui a reçu, de s'en souvenir et de le publier.
Tout le monde aime la simplicité, l'admire ; peu de gens l'adoptent ; personne ne l'envie.
Sachez vous respecter vous-mêmes, et personne ne vous fera rougir.