Le despotisme est condamné à l'inconséquence, puisqu'il est par lui-même tout ce qu'on peut concevoir de plus opposé à la raison, à la nature, et à la justice.
La liberté se détruit plus souvent par ses excès que par ses ennemis.
Le jeune homme n'emploie pas ses forces, il les prodigue ; s'il joue, ce n'est pas de l'argent, c'est l'émotion qu'il cherche. S'il se livre au plaisir, ce n'est pas l'amante, c'est l'amour qu'il aime ; s'il combat, ce n'est pas l'ennemi, c'est le danger qu'il poursuit. On dirait qu'il se hâte de dépenser sa vie.
Tout sur la terre change, s'accroît, mûrit, se perfectionne, vieillit, tombe et se renouvelle sous d'autres formes.
Tous les hommes entendent la voix des passions ; très peu sont susceptibles d'écouter celle de la raison.
La prudence est le fruit de la réflexion aidée par l'expérience.
Sous le despotisme, les épigrammes, les satires, sont les dernières armes dont la faiblesse des peuples se sert dans l'ombre contre les tyrans.
Le despotisme affaiblit sa base en s'élevant : bientôt il n'a plus pour appui que la roue mobile de la fortune ; et dès qu'elle chancelle, il tombe sans secours, parce qu'il existait sans soutien.
La modeste et douce bienveillance est non seulement une vertu, un devoir, un sentiment, un plaisir ; elle est encore souvent une puissance qui donne plus d'amis que la richesse, et plus de crédit que le pouvoir.
La bienfaisance, ainsi que les autres vertus, ne vieillit jamais ; elle s'améliore avec l'âge, et devient une habitude.
La division anéantit tout : les individus se perdent par l'égoïsme moral, et les peuples périssent par l'égoïsme politique.
Dans tous les temps la crédulité adopte plus facilement les relations miraculeuses que les récits fondés sur des causes naturelles.
On parle souvent de la conscience : il serait peut-être plus à propos de parler des consciences ; car on en voit de toutes sortes, de toutes tailles, de toutes qualités, de toutes saisons ; il en est de sévères, de douces, de fières, de commodes, de clairvoyantes, d'aveugles, de larges, d'étroites, d'impérieuses, de silencieuses ; elles varient comme les temps, les lieux, les lois, les intérêts, les circonstances, et les partis : elles se ressemblent si peu qu'on conçoit à peine qu'elles soient de la même famille et qu'elles portent le même nom.
L'argent devient toujours rare dans un siècle où tout le monde en veut ; tout se vend alors, la réputation, l'esprit, l'amitié, et même l'amour.
Rien n'est plus mobile que la pusillanimité : consternée au premier revers, elle se relève avec insolence au plus léger succès.
L'âme malade est malheureuse comme le corps lorsqu'il est malsain : les passions sont les maladies de l'âme ; sa santé, c'est la raison.
L'austérité de certains philosophes est la mère de beaucoup de folies.
La paresse des ambitieux assure le repos du monde.
La fraternité est un échange perpétuel de dévouement, de services et de reconnaissance.
Le mariage, on y rentre par la douceur, on en sort par la violence.
Bien des gens s'accrochent aux riches, comme les ronces aux longs vêtements, qu'elles déchirent.
Le bonheur humain n'est qu'un éclair, il semble ne briller que pour annoncer l'orage.
La vaillance et la fortune suffisent pour faire des conquêtes ; mais la sagesse et la justice seules peuvent soumettre les peuples conquis.
La reconnaissance est le seul plaisir qui ne soit jamais mêlé de honte ou de regrets.
L'éducation devrait être regardée partout comme une partie principale de la législation. Les peuples modernes s'occupent assez de l'instruction, qui ouvre l'esprit, et trop peu de l'éducation, qui forme le caractère. Les anciens y pensaient plus que nous ; aussi chaque peuple avait alors un caractère national qui nous manque. Nous livrons l'esprit à l'école, et le caractère au hasard.
Beaucoup d'hommes d'état forment de vastes plans, et peu savent les exécuter.
La volonté du bienfaiteur touche plus que le bienfait.
L'art de régner consiste surtout dans l'habileté des choix.
On n'est jamais plus assuré de la paix que lorsqu'on est en situation de ne pas craindre la guerre.
Chez le bienfaiteur c'est le cœur qu'on aime, et non la main.
L'ingratitude décourage la générosité, les ingrats sont les ennemis de tous les malheureux.
L'un des premiers devoirs pour celui qui donne est d'oublier ce qu'il a donné, et, pour celui qui a reçu, de s'en souvenir et de le publier.
Tout le monde aime la simplicité, l'admire ; peu de gens l'adoptent ; personne ne l'envie.
Un goût fin et délicat plaît toujours, il est à l'esprit ce que la grâce est au corps.
Sachez vous respecter vous-mêmes, et personne ne vous fera rougir.
Une mère donne avec le lait à son fils la première leçon de reconnaissance.
L'égoïste affecte parfois de la reconnaissance, car cette vertu a, comme les autres, ses hypocrites.
L'homme, jamais content de son sort, passe sa vie à envier celui des autres.
L'égoïsme est le plus bas et le plus étroit des esprits de parti : aussi l'égoïste n'est jamais reconnaissant ; il écrit à l'encre le mal qu'on lui cause, et au crayon le bien qu'on lui fait.
Si vous voulez changer vos malheurs en bonheur véritable, jouissez et profitez du présent, remerciez les dieux au lieu de constamment les accuser, et surtout grandissez et fortifiez votre âme.
L'envieux cesserait de se plaindre et de gémir, s'il savait qu'il y a un million d'hommes sur terre au moins qui envient la position dans laquelle il est aujourd'hui, et qu'il croit malheureuse.
Le cœur a ses secrets pour guérir les blessures qu'il reçoit.
Il faut envisager le passé sans regrets, le présent sans faiblesse, et l'avenir sans illusions.
Qui donne pour être vu ne soulagerait pas un pauvre dans l'ombre.
L'enfance est sans regret du passé, elle profite du présent, sans craindre l'avenir.
Un doux souvenir est encore un bonheur.
Il est dans la vie des adoucissements pour le malheur mais non pour la honte.
Le temps, cette image mobile de l'immobile éternité, crée, renouvelle, et détruit tout.
Les revers ralentissent, mais n'éteignent jamais l'ambition.
Le temps fuit avec rapidité, profitez du présent sans vous projeter dans l'avenir.