Quand l'administration est secrète, on peut en conclure qu'il se commet des injustices.
Pour ne pas exclure les vices, on les revêt d'un nom honnête.
Les souverains peuvent avoir plus ou moins de puissance, mais ils ont partout les mêmes devoirs à remplir.
Quelle serait la sûreté des citoyens si les magistrats de qui dépendent leur fortune, leur honneur et leur vie, avaient à craindre le ressentiment des dépositaires de l'autorité arbitraire.
Nulle autorité ne peut arrêter le cours de la justice réglée : toute infraction aux droits des tribunaux est une infraction à la liberté des citoyens.
La décadence d'un empire commence au moment où l'oppresseur est assez puissant pour forcer la justice au silence.
Sur douze propos exagérés, on trouve un fou, un sot et dix hypocrites.
Les effets ordinaires de l'envie ne sont pas de détruire la réputation de celui qu'elle attaque, autant que de celui qui la nourrit.
Bien peu d'hommes, placés entre le déshonneur et une ruine inévitable, sont assez courageux pour faire un bon choix.
La vertu agit ; la calomnie l'épie et attend l'évènement : s'il est malheureux, elle empoisonne jusqu'aux intentions de l'objet de sa haine.
Les scélérats tombent dans l'athéisme par ce raisonnement de leur conscience : j'existe, donc Dieu n'existe pas.
Qui s'expose à dire la vérité doit s'attendre à la haine des hommes.
Souvent l'impunité commence par rendre les lois inutiles, et finit par les rendre ridicules.
Souvent l'obligé oublie le bienfait parce que le bienfaiteur s'en souvient.
L'intérêt personnel déguise la vérité : l'esprit de parti fait qu'on se la dissimule à soi-même.
L'empire de l'imagination qui vit de tout, qui vit de peu, qui ne vit de rien, fait taire la raison.
L'imagination ne se prête que difficilement à ce que les sens ne lui présentent pas.
La meilleure philosophie est celle qui nous prêche la sagesse, l'amour de nos semblables, l'obéissance aux lois, et l'exactitude à remplir tous les devoirs du bon père, du bon époux, de l'honnête homme et du vrai citoyen.
L'ignorance a été enfantée par la paresse.
Il vaut encore mieux bâiller que de ne rien faire.
Mieux vaut prévenir que d'être obligé de punir.
Il faut tolérer ce qu'on ne peut pas empêcher.
La vérité est donc bien redoutable pour ceux qui gouvernent puisque l'on fait tant d'efforts pour l'empêcher de parvenir jusqu'au trône !
L'esprit devient subtil quand l'âme est petite.
La religion serait un bien, ne fit-elle que nous ouvrir les portes de l'avenir.
Les mœurs sont l'ouvrage des lois, et le bonheur public l'ouvrage des mœurs.
Un homme qui n'a que de la mémoire est comme celui qui possède une palette et des couleurs, mais qui pour cela n'est pas peintre.
Le renversement des lois peut être nécessaire pour le maintien de l'autorité royale ; à combien de monarchies cette terrible maxime n'a-t-elle pas été funeste !
La clémence enchaîne les cœurs avec des liens qui ne se rompent jamais.
En quelque situation de la vie que l'on puisse se trouver, l'abaissement ne doit jamais aller jusqu'à blesser les lois de l'honneur ou de la vérité, il serait alors l'effet de la bassesse et de la lâcheté.
Quand les abus sont accueillis par la soumission, la puissance usurpatrice les érige en lois.
Il faut souvent dix ans pour réparer le mal d'un jour.
Les hommes ne se détrompent que par l'expérience.
La modestie accompagne toujours les talents et la vertu.
Il n'y a que la frugalité et la tranquillité d'esprit qui rendent heureux.
Les séductions volent autour du pouvoir, comme un essaim d'abeilles autour d'un rayon de miel.
La vieillesse des lois est sacrée, comme celle des hommes est vénérable.
Il faut avoir l'œil bien fin pour saisir la ligne qui sépare la prudence de la dissimulation.
Ce qu'on appelle préjugés n'est pas sans utilité, ils ont au moins l'avantage d'être des sentiments.
Renoncer, avant même d'avoir essayé, c'est le meilleur moyen pour ne jamais progresser.
Celui qui fuit le monde en disant qu'il ne lui convient pas d'ordinaire est peu fait pour le monde.
Il n'y a réellement qu'une sorte d'égalité qui dépende de l'homme, c'est celle des vertus.
Le vernis du langage se perfectionne au point qu'on en viendra à n'être épouvanté de rien.
Il est des hommes qui ne peuvent pas plus réussir avec leurs vices, que d'autres avec leurs vertus.
Un grand homme est bien mal avisé de monter sur des échasses.
On voit une telle foule de gens de distinction, et de tant de sortes, que l'on commence à distinguer l'homme sans distinction.
Si l'esprit humain ne peut contenir qu'un certain nombre de vérités, il a toujours une place pour l'erreur.
Une erreur, source de toutes les erreurs, et qui semble commune à tous les hommes, c'est de juger le mot au lieu de la chose : ce qu'ils ont condamné sous une dénomination, ils l'approuvent sous une autre.
Les plus grandes vérités sont ordinairement les plus simples.
On a un grand avantage quand ce que l'on présente comme de plus conforme à la raison et à la justice se trouve appuyé de l'autorité des siècles passés.