Il est des maximes qu'on dédaigne, parce qu'elles sont dans la bouche de tout le monde, mais on devrait songer que cette banalité même en prouve la vérité et l'utilité.
La puissance n'est jamais assez respectée quand la terreur ne marche pas devant elle.
L'honneur veille toujours sur les actions du sage.
La vraie vertu n'écoute que le cri de l'honneur.
Le sentiment persuade mieux que la raison : celle-ci trouve des juges, l'autre se fait des complices.
La pensée du génie est la propriété du genre humain.
La campagne est une belle femme sans coquetterie.
Celui dont la calomnie n'attaque que les discours est bien innocent dans ses actions.
Le courage est une offense, le respect un aveu de servitude aux yeux des grands hommes.
Bien peu d'hommes sont assez responsables pour faire un bon choix.
Le peuple qu'on accable d'impôts finit par n'en plus payer.
Quand les délateurs sont récompensés, on ne manque plus de coupables.
Il n'y a de bonnes lois que dans les lois simples.
Le peuple supporte aisément son malheur quand le gouvernement a l'art de le lui cacher.
L'excès des abus est prouvé par l'excès des efforts qu'on fait pour le cacher.
L'abus d'autorité est le plus grand des abus, puisqu'il intéresse tout un peuple.
Le comble de l'injustice, c'est d'appuyer des actes pour forcer les opprimés au silence.
Le mécontentement a des bornes, la vengeance n'en a point.
La pensée de l'éternité console de la rapidité de la vie.
Quand on voit des fanatiques, on peut prévoir qu'il y aura des sacrilèges.
L'avenir est le meilleur des conseillers, les fous le dédaignent.
Dans toutes les actions de la vie on porte son caractère et sa justice.
Sans l'innocence, la santé et l'indépendance, la gaieté ne saurait exister.
L'amitié n'a point d'équivalent.
Le peuple prend souvent l'inquiétude et l'impatience pour l'amour de la liberté.
Il est bien corrompu le peuple chez qui la politesse est la première loi !
En morale, il est plus aisé de donner le mouvement que de le régler.
On ferait beaucoup plus de choses, si l'on en croyait moins d'impossibles.
Le plaisir de la vanité n'a qu'un quart-d'heure : celui qui suit une bonne action ne fuit pas si vite.
La haine se condamne quelquefois à louer pour acquérir le droit de déchirer.
Il faut un goût bien délicat pour être vraiment bienfaisant. Ce goût est peut-être plus rare encore que celui des arts.
L'homme de bien voit l'envie, s'attend à l'ingratitude, et suit sa conscience et son cœur.
La vérité est quelquefois complice de la calomnie.
On accueille avec prudence l'homme qu'on devrait éconduire avec mépris.
L'honneur commence à refuser les honneurs.
Ce n'est pas donner des juges au peuple que de ne lui donner que le tribunal d'un seul homme.
L'honneur ne peut jamais être flétri par les violences de la tyrannie.
L'homme vicieux peut parler de la vertu : il n'appartient qu'à l'homme honnête de la faire sentir.
L'orgueil s'avise quelquefois d'être modeste, le calcul est adroit, mais il ne trompe pas longtemps.
Un homme de bien au gouvernement est une plante étrangère que mille insectes s'empressent de dévorer.
Une maxime nouvelle n'est souvent qu'une brillante erreur.
On se donne bien souvent de la peine pour n'être en définitif que ridicule.
Qui veut s'élever au-dessus de la nature risque fort de descendre au-dessous.
L'esprit s'aiguise à la ville ; il s'attendrit aux champs.
Il est bon, plus souvent qu'on ne pense, de savoir ne pas avoir d'esprit.
Qui compte dix amis n'en a pas un.
La liaison inséparable de l'intérêt du roi, avec celui du peuple, n'est pas suffisante pour garantir la stabilité des lois.
La gaieté est comme une source pure et féconde ; ses eaux ne tarissent pas, leur murmure pénètre et flatte l'âme. L'esprit pourrait être comparé à un jet d'eau : d'abord, sa course étonne la vue, mais bientôt sa contrainte et sa maigreur l'attristent.
L'envie s'attache toujours à la prospérité.
Le gouvernement peut quelquefois manquer de lumières et d'équité, mais il est encore plus juste et plus éclairé dans ses choix, que si chacun de nous était cru sur l'opinion qu'il a de lui-même.
S'il est vrai, comme on se plaît à le dire, que la générosité n'ait d'autre principe que l'intérêt, il faut convenir que c'est un intérêt bien entendu que d'acquérir, au prix de quelques morceaux de métal, la jouissance profonde, ineffable, qu'on goûte en consolant un malheureux.
Il est difficile d'introduire le pouvoir arbitraire, mais bien aisé de le perpétuer.
Sans l'espoir de sauver un innocent, qui voudrait se soumettre à la nécessité de punir un coupable ?