Les caresses que quelques femmes coquettes font en public à leurs maris ne prouvent pas qu'elles les aiment : ce n'est pour l'ordinaire qu'une coquetterie raffinée, qu'une manière adroite d'exciter des désirs dans l'âme des spectateurs, et de leur montrer combien on est digne d'être aimée.
Nous voulons bien railler, mais non pas qu'on nous raille.
L'homme le plus sage ne saurait être totalement maitre de ses désirs, mais il doit l'être de ses actions.
Les médisances et les calomnies sont la ressource des têtes vides.
Il est peut-être plus difficile de se détacher d'une femme à qui l'on n'a jamais plu que de celle dont on a été aimé. Quelque chose qu'on puisse dire en faveur de la jouissance, elle diminue toujours de la vivacité des désirs ; et la curiosité jointe à la résistance, les augmente beaucoup. Aussi voit-on ordinairement que les passions les plus malheureuses sont les plus constantes.
Aimer est déjà un plaisir, mais être aimé follement de la personne qu'on aime est du bonheur.
Les grâces préférables à la beauté ornent la femme de tous ce qu'elles ont de séduisant.
Il ne faut pas être trop aimée pour être respectée, l'amour et la vénération ne vont point ensemble.
On se ment à soi-même encore plus souvent qu'on ne ment aux autres.
Il y a des gens qui se croient délicats, et qui ne sont que difficiles.
Ceux à qui tout le monde convient conviennent rarement à tout le monde.
Il y a des choses qu'il est ridicule d'ignorer, quoiqu'il n'y ait point de mérite à les savoir.
Une dose d'enthousiasme et de bonne volonté ouvre bien souvent la porte au succès.
L'esprit est à l'âme ce que la beauté est au corps.
Faire une action contraire à ses principes, c'est faiblesse ; mais l'approuver de sang-froid et vouloir que les autres l'approuvent, c'est bêtise.
Il y a des choses qu'on pardonne, mais qu'on n'oublie jamais.
L'ennui habituel est le plus grand des maux, on peut, avec du courage, se mettre au-dessus des plus grands revers, mais on ne se met point au-dessus de l'ennui.
On est moins empressé de faire usage d'un pouvoir certain que de celui qui est douteux.
Les sensations sont pour le plaisir, le sentiment est pour le bonheur.
La destinée de l'homme, cet esclave volontaire qui prétend être né libre, est de traîner une vie toujours agitée et toujours contrainte, et de mourir enfin accablé sous le poids des chaînes qu'il s'est plu à former lui-même, après avoir célébré pendant toute sa vie la liberté qu'il fuyait sans cesse.
On ne hait ordinairement que ceux qu'on ne peut mépriser.
On met souvent à la tête du gouvernement des gens dont les particuliers n'eussent pas voulu faire leurs hommes d'affaires.
Il faut valoir beaucoup par soi-même pour pouvoir impunément n'être rien.
Le premier mouvement est presque toujours ce qui nous détermine, et la plupart de nos actions n'en sont guère que le résultat.
Les monstres, dans l'humanité, ne sont pas plus communs que les grands hommes, les extrêmes sont rares dans tous les genres.
Il est bien rare qu'on nous fasse des reproches qui soient absolument injustes en tous points, on les a presque toujours un peu mérités du plus au moins.
La connaissance et la certitude de notre propre faiblesse sont peut-être les deux plus grands obstacles pour la vaincre.
Tout le monde se révolte, en apparence, contre le despotisme de ceux qui prétendent donner le ton, et cependant ce sont ceux qui gouvernent le plus sûrement la multitude.
Il faut souvent, pour persuader les hommes, commencer par les séduire.
Il faut souvent, pour obtenir justice, paraître demander grâce.
On estime les choses et souvent les hommes à proportion de leur inutilité.
On ne saurait trop payer les besoins, et trop peu la plupart des plaisirs.
On ment bien plus par ses actions que par ses paroles.
À mesure qu'on avance en âge, on s'aime davantage, et on aime moins les autres.
Il est bien difficile de parler quelque temps de son prochain, sans finir par en dire du mal.
Les hommes admirent la vertu, mais c'est la coquetterie qui les subjugue.
Une femme croit souvent regretter son amant, tandis qu'elle ne regrette que l'amour.
Il est bon qu'une femme soit en familiarité avec quelques autres femmes, mais il vaut mieux qu'elle ne soit en confiance avec aucune.
Les jolies femmes veulent être cajolées ; les laides veulent être considérées ; les vieilles veulent être respectées ; leur bel esprit veut être célébré et admiré ; mais toutes veulent être flattées.
La plupart des femmes n'apprennent que pour qu'on dise qu'elles savent, et se soucient fort peu de savoir en effet.