Les 111 pensées et citations de Maurice Chapelan :
Instruction : Des pierres dans un sac. Culture : une graine dans un pot. Si grand le sac et nombreuses les pierres, rien n'y pousse. Si modeste la graine et petit le pot, cela germe, croît et fleurit. Et c'est parce que les esprits sont ou des sacs ou des pots, qu'il arrive qu'on rencontre plus de culture chez un cordonnier de village que sous la toque d'un professeur en Sorbonne.
Séduction des hommes mûrs : Savent enfin, peuvent encore.
Les agneaux n'ont jamais converti les loups en égorgeurs.
Le romantisme est un état d'âme ; le classicisme, un état d'esprit.
J'écris pour me surprendre, c'est-à-dire à la fois pour me découvrir et pour m'étonner.
Penser est beau ; prier est mieux ; aimer est tout.
Un livre de maximes est une confession pudique.
Il est un certain état que j'éprouve trop souvent, où absolument incapable de penser, dégoûté de tout, impatienté de tout, voulant agir sans le pouvoir, la tête lourde, l'esprit nul, je suis modifié de la manière la plus désagréable.
Qui me conteste m'atteste.
La chair et l'esprit ne sont conciliables que par le cœur.
La poussière, qui couvre la tête de chacun des livres de ma bibliothèque, n'est enlevée que par moi, d'un souffle, quand je dérange l'un d'eux, dont j'ai besoin. L'absence de cette poussière, ou les différentes épaisseurs de sa couche, selon les auteurs et les titres, témoignent assez justement de mes goûts, de mon savoir, de mes lacunes, de mes ferveurs et de mon mépris.
Cela m'est égal que d'autres aient écrit avant moi ce que je suis en train d'écrire, car c'est à la vie et non dans les livres que je prends mon bien.
Ce qui me charme le plus, en rouvrant les Pensées de Goethe, ce sont les feuilles et les petites fleurs des bois desséchées que j'avais mises un jour entre leurs pages.
Je suis, tu es, il est, nous sommes tous des vaniteux, et sans vanité, la vie fade.
L'amour-propre ne choisit pas entre l'orgueil et la vanité, il s'habille à sa taille.
Il y a les femmes avec qui on fait l'amour, et celles avec qui l'on en parle.
Je vous aime : que vous me plaisez ! vous m'avez déplu.
L'absence est un arsenic : un peu fortifie l'amour, beaucoup le tue.
Les chagrins d'amour sécrètent un poison qui le tue.
On ne possède vraiment que par l'esprit, même une femme.
L'intrigant partout voit l'intrigue : il la porte dans son œil.
L'air de franchise est impénétrable, on ne sait jamais ce qu'il cache.
L'hypocrite est peut-être le premier à se prendre pour ce qu'il voudrait qu'on le prît.
L'âge, qui raréfie, aiguise.
Longtemps l'enfant persiste dans l'homme et l'accompagne, jusqu'au jour où il semble soudain lui lâcher la main et le voici qui s'éloigne, qui rapetisse et qui disparaît. C'est que nous avons franchi notre sommet, et commençons à descendre. Les rides, les poches sous les yeux, la calvitie, le pourrissement de la denture, le ramollissement des chairs, vus de l'intérieur de soi-même, c'est un petit garçon qui les supporte et s'en afflige, tout étonné du mauvais tour qu'a fini par lui jouer la vie.
Il faut beaucoup d'amour pour aller jusqu'au bout d'un peu.
S'étendre est plus facile que s'entendre, et s'étreindre que s'atteindre.
Plus de gens meurent ou tuent par amour-propre que par amour.
La simplicité a toujours été l'attribut de la vérité.
Que le bonheur qu'on prend ne soit pas du malheur qu'on donne.