Le meilleur moyen de bien connaître les femmes, ce n'est pas de les juger sur les apparences. Avec cette méthode, vous porteriez d'elles des jugements qui tantôt leur seraient trop favorables et tantôt trop injurieux ; l'équité demande que vous soyez aussi attentif à ne pas leur prêter des travers, qu'elles n'ont pas, qu'exact à pénétrer ceux qu'elles veulent vous dérober.
De tout temps les rigueurs furent l'aiguillon de l'amour. L'amant intelligent en tire de nouvelles armes ; ses progrès ne sont jamais plus rapides que lorsque des obstacles ont redoublé la vivacité de ses attaques. Ne dites donc jamais à une femme qu'elle a tort de vous maltraiter ; ne vous plaignez point de ses rigueurs, mais paraissez-lui si aimable qu'elle se reproche son injustice, et qu'en voulant vous la faire oublier, elle s'en punisse elle-même.
Une femme n'est jamais moins traitable que lorsqu'elle prend, dans les bras d'un amant favorisé, de la vertu contre tous les hommes.
Les peines, les soins, ne sont-ils pas la monnaie avec laquelle les amants paient leurs plaisirs ?
L'amour sans désirs est une chimère, il n'existe pas dans la nature.
Une personne qui n'a que des sautes d'humeur et des caprices est d'une relation bien épineuse, et qui rebute à la fin. Ces inégalités font de l'amour une longue querelle, un orage continuel.
Entre deux jeunes et jolies femmes, il n'y aura jamais d'amitié sincère ! Avez-vous déjà vu deux marchands qui ont la même étoffe à vendre devenir de bons voisins ?
L'amour est à nos cœurs ce que les vents sont à la mer : Ils y excitent souvent des tempêtes ; ils causent même quelquefois des naufrages.
La résistance d'une femme n'est pas toujours une preuve de sa vertu, elle l'est plus souvent de son expérience.
Pour faire succomber une femme, il faut au moins lui inspirer plus de désirs que de respect et d'admiration.
Une femme se console de votre perte auprès d'un autre homme qui sent mieux que vous le prix de son cœur.
La mort d'un ami, c'est plus que mourir soi-même que de subir une pareille perte.
Un monde imaginaire est celui qui fait le mieux oublier le monde réel.
Le monde est convenu de jouer la comédie ; et faire paraître ses véritables sentiments, ce ne serait pas être acteur, ce serait substituer le caractère réel à celui qu'on est convenu de feindre. Jouissons donc de l'enchantement sans chercher à connaître le charme qui nous amuse et qui nous séduit.
L'être du monde qui pense le plus mal des femmes, c'est une femme.
Le cœur est une énigme insoluble, il est un composé bizarre de tous les contraires.
Eh ! peut-on éprouver une situation plus délicieuse que celle de voir un cœur s'intéresser à vous sans s'en défier, s'échauffer par degrés, s'attendrir enfin ? Quelle volupté de jouir de tous ses mouvements !
Aux yeux d'un fat une agacerie est une avance ; une politesse est une distinction ; la moindre louange, souvent même ironique, lui paraît une déclaration.
En amour, ceux qui feignent d'être amoureux réussissent beaucoup mieux que ceux qui le sont véritablement.
L'amour est un traître avec lequel il n'est pas sûr de badiner.
Pour être téméraire avec succès, il suffit de l'être à propos.
Une fille bien élevée, disons mieux, bien gardée, s'enorgueillit de sa vertu, parce qu'elle s'imagine ne la devoir qu'à elle-même ; mais c'est toujours un esclave rigoureusement enchaîné qui veut qu'on lui sache gré de ce qu'il ne prend pas la fuite.
L'amour va par accès comme la fièvre. Il y a des jours où l'on se croit guéri, et d'autres où l'on se croit mort.
Une jeune fille est une énigme qui ne s'explique qu'après le mariage.
La nudité du costume ôte à l'Amour son bandeau, à Vénus sa ceinture, aux Grâces leur voile enchanteur.
Si j'eusse créé le genre humain, j'aurais placé les rides des femmes aux talons.
Il est bien plus avantageux d'avoir les qualités qui conviennent à ceux à qui nous voulons plaire que de posséder celles que l'on croit réellement estimables ; en un mot, il faut prendre les mœurs, et quelquefois même les travers des peuples chez lesquels on est obligé de vivre, si l'on y veut vivre agréablement.
Trop de circonspection fait sur l'âme des autres ce qu'un vent froid fait sur un homme qui sort d'un appartement chaud.
S'il est vrai, comme on n'en peut douter, que vous ne devez attendre votre bonheur que des qualités agréables des femmes, soyez bien sûr que vous ne leur plairez que par des avantages analogues aux leurs.
Le vrai mérite est celui qu'estiment les gens à qui nous voulons plaire.
La vérité est une maladie qui se prend par contagion.
J'ai blasphémé contre l'amour, et je l'ai dégradé en l'appelant un besoin.
Vive, folâtre, inconséquente, absolue, décidée, une femme ne peut manquer de vous donner bien de l'ouvrage.
Quelle est la destination des femmes ? Quel est leur rôle parmi les hommes ? C'est de plaire. Les charmes de la figure, les grâces de la personne, en un mot, toutes les qualités aimables et brillantes, sont les seuls moyens d'y parvenir. Les femmes les possèdent au suprême degré, et c'est par ces qualités qu'elles veulent qu'on leur ressemble.
Le mariage est la disette de toutes les affections, la famine du cœur.
Si j'avais assisté au conseil du Créateur lorsqu'il forma la nature humaine, je lui aurais conseillé de mettre les rides sous le talon.
Les grandes vertus sont des pièces d'or dont on fait bien moins d'usage que de la monnaie.
Il ne faut que des charmes pour rendre un homme amoureux ; pour le rendre constant, il faut plus que cela : on a besoin d'adresse, d'un peu de manège, de beaucoup d'esprit, et même d'une nuance d'humeur et d'inégalité ; mais malheureusement les femmes, dès qu'elles ont cédé, sont trop tendres, trop prévenantes.
Il faut de l'inégalité, des caprices, des tracasseries dans une relation amoureuse pour en chasser la langueur, et pour en perpétuer la durée.
Malheur à la femme trop égale, son uniformité affadit et dégoûte.
Le caprice n'est près de la beauté d'une femme que pour en ranimer les charmes, pour les faire valoir, pour leur servir d'aiguillon et d'assaisonnement.
Les femmes aimeront toujours mieux qu'on dise un peu de mal d'elles, qu'elles ne consentiront à ce qu'on n'en parle point.
La beauté sans grâce est un hameçon sans appâts.
La vie passe à la vitesse du vent, ne sacrifiez point le jour au lendemain, ni le présent à l'avenir.
La vie est courte, et le temps a des ailes, il emporte avec lui nos joies et nos plaisirs.
Rien ne flatte tant la vanité des femmes que de trouver l'occasion de faire parade de leur vertu contre ceux qui ne leur plaisent pas. Malheur au téméraire qui n'est pas aimé ; c'est une victime qu'elles destinent à servir d'exemple, et qu'elles immoleront sans pitié à l'impérieuse nécessité de faire croire à leur sagesse.
Les femmes aiment assez à voir un amant faire le plaintif autour d'elles ; mais il en est peu qui, dans la concurrence d'un amant entreprenant et d'un amant timide, donnent la préférence au second.
Faire l'amour est un plaisir, un appétit, un besoin, un amusement, et non pas un devoir.
Ce n'est point par les soupçons qu'on affermit la fidélité d'une maîtresse ; ils ne peuvent, au contraire, que l'affaiblir, car c'est la familiariser avec des sentiments dont la seule idée doit lui sembler un crime. En paraissant craindre son inconstance, vous l'accoutumez à la regarder comme possible, à se la reprocher moins ; et vous l'avertissez de se faire un mérite de ce qui ne doit être qu'un devoir.
Quand on s'aime véritablement, on s'éloigne du mariage comme d'un abîme.
Il est plus difficile de bien faire l'amour que de commander des armées.
Les regards sont les premiers billets doux des amants.
Jette ta plume, et garde-toi de ranimer des souvenirs amoureux éteints.
Il est bien plus sûr pour les femmes d'ôter aux hommes l'envie de nous attaquer, en affectant un dehors sévère, que de nous défendre de leurs attaques.
Les serments sont la fausse monnaie avec laquelle on paie les sacrifices de l'amour.
Jamais une femme ne vous sait mauvais gré de plaire à plusieurs, pourvu qu'elle soit toujours préférée : ce sont autant de triomphes de plus.
Le désir de plaire naît chez les femmes avant le besoin d'aimer.
L'amour ne meurt jamais de besoin mais souvent d'indigestion.
La résistance d'une femme est presque toujours artificieuse. C'est la ressource de celles qui veulent exciter plus d'amour qu'elles n'en veulent prendre.
Il est souvent plus difficile de se débarrasser d'une maitresse que de la séduire.