Il n'y a qu'une chose infâme en amour, c'est le mensonge.
Quand on a vécu deux années dans une passion amoureuse, on y tient par des fibres profondes !
Un homme qui vous raconte ses amours, ses aventures, quand il ne vous connaît pas plus que vous ne le connaissez, est une canaille, un cabotin ou un fou, et les trois quelquefois. Et avec les canailles, les cabotins et les fous, il n'y a pas de relations possibles.
Quand une honnête femme acquiert la preuve de la trahison d'un mari qu'elle n'a pas cessé d'aimer, d'ordinaire, cette preuve indiscutable est précédée d'un long travail de soupçon. L'infidèle a négligé son foyer, ou un changement s'est produit dans ses habitudes journalières. D'indéfinissables nuances révèlent à l'épouse outragée cette trace d'une rivale que la jalousie féminine démêle avec un flair aussi sûr que celui d'un chien qui trouve un étranger dans la maison. Enfin, quoiqu'il y ait dans le passage du doute à la certitude un déchirement de tout le cœur, c'est du moins le déchirement d'un cœur préparé.
Un son de voix suffit parfois à nous rendre amoureux, parce qu'il en dit plus sur l'existence intime d'un être que toutes les paroles. Un geste nous séduit ; mais qui n'a éprouvé qu'une créature humaine tient tout entière dans un geste et qu'une sensibilité, ou fine ou brutale, se révèle par la seule physionomie d'un mouvement ?
Plus ne m'est rien, et rien ne m'est plus.
Parler de l'amour avec une femme, c'est un peu faire l'amour.
D'un amour malheureux, parfois, il naît une heureuse et durable amitié.
Y a-t-il d'autre bonheur dans la vie, quand on aime véritablement, que de contempler celle qu'on aime, de l'entendre et de trouver dans chacun de ses regards, à chacune de ses paroles, une raison de l'aimer davantage ?
Il faut vivre comme on pense, sinon tôt ou tard, on finit par penser comme on a vécu.
Il existe de par le monde une espèce d'hommes auxquels il suffit de remuer seulement le petit doigt pour qu'ils fassent manquer l'affaire la mieux ajustée, l'affaire la plus voisine de la réussite.
Les hommes ne sont jamais bons juges des qualités par lesquelles un autre homme plait ou déplait aux femmes.
Pour un amant qui aime avec tout son cœur, une infidélité connue de sa maîtresse offre encore cette douceur qu'il peut lui prouver son amour en lui pardonnant.
Les coquettes vraiment savantes ne se refusent pas, elles se donnent. Elles savent que posséder une maîtresse, pour un homme passionné, c'est être possédé par elle. Une femme qui ne nous aime pas et qui nous tient par la jalousie des sens nous mène où elle veut. Le plus irrésistible désir est fait avec la mémoire de la brute qui sommeille chez nous tout.
Nous avons beau connaître tout notre esprit et tout notre cœur, notre bête ne nous est jamais connue tout entière, aussi ne faut-il jamais dire : « Cette femme ne peut rien sur moi. » En amour, la seule victoire est la fuite. C'est un mot du plus grand des psychologues modernes : Napoléon Bonaparte.
Se donner des raisons pour ne pas aimer, c'est pour un malade, se démontrer qu'il est misérable d'être malade : il en est plus misérable, et aussi malade.
Un véritable ami, c'est un homme qui vous connaît et que l'on connaît, à qui l'on montre son cœur et qui vous montre le sien.
Deux êtres condamnés à vivre côte à côte se donnent sans cesse des motifs de s'aimer plus ou de se haïr davantage.
Le jugement d'un fils devient toujours une redoutable épreuve, quand il s'agit de savoir si l'on rencontrera la condamnation ou le pardon d'une faute irréparable.
On sait qu'on aime ; mais on ignore pourquoi l'on aime, quand on a commencé d'aimer, et combien, et comment. Le simple bon sens vous conseille donc de ne compter, contre un pareil sentiment si indéfinissable, si instinctif, si ténébreux, que sur cette idée, que tout finit.
Chaque fin d'amour est comme un déménagement, et cela ne va pas sans casse. Au dixième, combien y a-t-il de meubles en état ?
L'amour est une maladie, et le malade le plus sage, pour cette maladie-là comme pour les autres, est celui qui, n'ayant jamais lu un livre de médecine, ne sait pas ce qu'il a, et qui souffre sans penser, comme une bête.
Beaucoup d'amants qui n'osent pas quitter leur maîtresse parlent de la pitié qu'elle leur inspire. Les femmes discernent avec justesse que cette pitié-là est une forme d'un abominable égoïsme. Il y a un attendrissement sur les maux que l'on cause qui ressemble à la plus cruelle férocité. Il est fait d'un délice de se sentir aimé sans aimer, vilain sentiment dont l'homme s'excuse à ses propres yeux en plaignant sa victime. Rien de plus raffiné comme hypocrisie.
Sacrifiez un plaisir à une femme, elle vous en voudra, et elle aura raison. S'il y a pour vous quelque chose d'agréable hors d'elle et loin d'elle, c'est que vous ne l'aimez plus.
En amour, les actions ne montrent pas le fond du cœur. Le cabotinage sentimental a fait commettre plus de meurtres et de suicides que la passion vraie. D'autre part, les paroles ne prouvent rien non plus. Ici donc, comme en religion, il n'y a qu'une sagesse : croire, et cette sagesse est une folie.
La jalousie des sens survit à l'amour. Ce devrait être la consolation de toutes les femmes abandonnées, lorsqu'elles sont sans cœur et qu'elles souffrent seulement dans leur vanité. Elles n'ont, pour se venger, qu'à prendre un amant. Elles ne ramèneront peut-être pas l'infidèle, mais elles sont sûres de lui faire du mal. Voilà une grande misère de l'animal homme.
Chiffrez le détail des bonheurs et des malheurs, des plaisirs et des inconvénients à subir pour chaque avantage. — Deux additions et une soustraction, vous saurez à quoi vous en tenir sur ce que les gens d'aujourd'hui ont fait de l'amour.
Apprendre à connaître les femmes, c'est apprendre à connaître par avance le détail du mal qu'elles vous feront, sans aucun moyen de vous en garantir. Cette science-là consiste à augmenter la misère de l'amour par la prévision lucide de cette misère.
Certains flirts salissent une femme plus que la possession. La rose coupée sur sa tige peut rester fraîche et pure. La rose, même en bouton, même sur le rosier,—mais tripotée,—est pire que fanée.
Une femme qui a vraiment aimé, autant dire souffert, regarde flirter les autres avec les yeux d'une mère qui a perdu un enfant et qui voit des petites filles jouer à la poupée.
Le divorce moral entre deux époux a presque toujours le divorce physiologique pour cause première et cachée. Si la volupté partagée est le plus grand agent de fusion des caractères, la possession torturante qu'un homme exerce sur une femme demeure le principe assuré d'une invincible antipathie.
Aimer par le cœur, c'est avoir d'avance tout pardonné à ce qu'on aime.
L'art d'être heureux en amour consiste à tout donner sans rien demander.
La maîtresse qui nous quitte quand nous l'aimons le mieux nous épargne des mois ou des années de menues désillusions. L'homme est ingrat pour ce service, comme pour les autres.
Mieux vaut un morceau de pain chez soi qu'une dinde truffée chez les autres.
Les vrais drames du cœur n'ont pas d'événements.
Avant d'arriver où elle ne veut pas être vue, une femme qui sort va toujours où elle veut qu'on la voie.
Le seul remède contre l'amour, c'est de ne plus aimer.
Pour un cœur passionné, la pire douleur est de ne pas suffire au cœur qu'il aime.
Le flirt, c'est l'aquarelle de l'amour.