Les choses les plus faciles échappent aux esprits négligents ; l'application fait aisément saisir les plus difficiles.
Un frère est un ami donné par la nature.
Il est aisé de critiquer ce qu'on entend, mais dire mieux, voilà ce qui est difficile.
On s'irrite de ce qu'on n'est pas admiré.
L'envie, toujours maligne et haineuse, n'est jamais bonne à rien.
L'ingratitude envers leurs grands hommes est la marque des peuples forts.
L'esprit lancé sur la pente des plaisirs est disposé à ne connaître plus de bornes.
À force de soin on triomphe des choses les plus difficiles.
Un moyen sûr de se faire aimer, c'est de n'être pas entêté dans la dispute.
Entre interlocuteurs dont l'un est en colère quel est le plus sensé ? Celui qui se modère.
Le langage est l'ombre des actions.
La beauté est digne d'envie, mais la beauté est éphémère.
Rien n'engraisse aussi bien le cheval que l'œil du Roi.
Les assises d'une belle vieillesse, c'est la bonne constitution physique préparée dès l'enfance.
Le temps, qui enlève tout, ne fait qu'ajouter à la vieillesse de nouvelles connaissances.
En toute chose l'uniformité affadit et répugne, tandis que la variété intéresse.
Le discours des gens qui parlent sans préparation est essentiellement léger et de mauvais aloi ; ils ne savent ni par où il faut commencer ni par où il faut finir.
Vouloir plaire à la multitude, c'est déplaire aux gens éclairés.
Le bonheur réside dans l'instruction et la vertu, et non dans les biens que donne le hasard.
La guerre, comme un torrent, balaye tout, entraîne tout.
Le temps, qui enlève tout, ajoute au savoir jusque dans les dernières années de la vie.
L'intelligence commande au raisonnement, le raisonnement obéit à l'intelligence.
Rien n'est plus capable que la mémoire de féconder et nourrir l'esprit.
À vivre avec un boiteux on apprend à boiter.
Une recommandation des plus sacrées, c'est d'habituer les enfants à dire ce qui est vrai, car le mensonge a quelque chose de servile. Il mérite d'être détesté par tous les hommes.
Jamais on ne s'est repenti d'être resté muet.
La force de l'habitude, l'incapacité de vivre seul, la difficulté de former de nouvelles intrigues, l'embarras de se trouver étranger dans la société, entretiennent beaucoup de vieilles liaisons, et donnent à l'ennui même un air de constance.
Il faut mettre bien du temps à juger ceux avec qui on se lie, pour ne contracter que des liaisons de longue durée.
On ne doit jamais rien détruire qu'on ne soit sûr de pouvoir remplacer aussi avantageusement.
Qui veut vivre en paix doit apprendre à maîtriser sa langue.
Les envieux souffrent à la fois du mal qui leur arrive et du bien qui arrive aux autres.
Si l'on demandait quel est le plus méchant, le plus pernicieux des hommes, tout le monde répondrait que c'est le traître.
Le superstitieux a peur des dieux, et c'est dans leur sein qu'il se réfugie : il les flatte et les outrage ; il les implore et les accuse.
Le principal avantage de la justice et de la bonne loi est de rendre la force inutile.
Les insensés négligent et méprisent les biens dont ils jouissent, c'est vers l'avenir qu'ils tournent toutes leurs pensées ; les sages se rendent présents par le souvenir les biens dont ils ont joui, et même après les avoir perdus, ils en jouissent encore.
Le moyen le plus sûr de se rendre inaccessibles aux chagrins, c'est de se bien pénétrer de l'inconstance du sort, et de se tenir préparés à tous ses caprices ; non seulement nous sommes tous mortels, mais tout ce qui nous touche est changeant et périssable.
Le sage prévoit tous les malheurs qui lui peuvent arriver. Quand ils surviennent, il travaille à les alléger autant qu'il est possible, et s'il ne peut en diminuer le poids, il se résigne à le supporter.
Il est d'un esprit léger de louer ce qui a été dit, sans savoir, sans se soucier d'apprendre si ce qui a été dit est utile ou sans utilité, nécessaire ou superflu.
Le repos est l'assaisonnement du travail.
Rien n'irrite autant la faim que de voir manger.