Recueil de poésie et de citations ainsi que des proverbes.

Tahar Ben Jelloun

Quelques mots sur l'auteur :

Photo de Tahar Ben JellounÉcrivain et poète marocain de langue française né le 1er décembre 1944 à Fès au Maroc. Tahar Ben Jelloun vit à Tanger avec sa femme et ses enfants. Pour de plus amples informations, lisez sa biographie sur Wikipédia.

Les 113 pensées et citations de Tahar Ben Jelloun :

Quand, dans un pays, la démocratie ne procure plus de frissons, quand les idéaux politiques se fanent et se transforment en clichés de « com », quand on ne parle plus ni de « peuple », ni des « classes sociales » et de leurs luttes, quand on s'ennuie gentiment en persévérant dans son être avec une troublante lassitude, quand la société du spectacle se généralise et sème de plus en plus de vulgarité et de médiocrité, quand l'intelligence et la raison prennent des vacances, quand le souci de carrière l'emporte sur l'intérêt national, alors quelque chose s'est détraqué dans le mécanisme du pouvoir et de la relation des citoyens au politique.

Tahar Ben Jelloun - Un pays sur les nerfs (2017)

Respecter une femme, c'est pouvoir envisager l'amitié avec elle ; ce qui n'exclut pas le jeu de la séduction, et même, dans certains cas, le désir et l'amour.

Tahar Ben Jelloun - Éloge de l'amitié (1994)

L'amitié ne rend pas le malheur plus léger, mais en se faisant présence et dévouement, elle permet d'en partager le poids, et ouvre les portes de l'apaisement.

Tahar Ben Jelloun - Éloge de l'amitié (1994)

La liberté porte depuis quelque temps un gilet pare-balles qui la protège.

Tahar Ben Jelloun - Un pays sur les nerfs (2017)

Très souvent, le raciste s'aime beaucoup. Il s'aime tellement qu'il n'a plus de place dans son cœur pour les autres, d'où son égoïsme.

Tahar Ben Jelloun - Le racisme expliqué à ma fille (1997)

Quand on ne s'aime pas, on n'aime personne.

Tahar Ben Jelloun - Le racisme expliqué à ma fille (1997)

L'islam incite les croyants à rendre visite aux mourants ; c'est une invite faisant du bien à leur égoïsme. Voir les autres mourir, c'est apprendre à vivre et aussi à mourir. Encore faut-il être capable, au passage, d'un peu d'humilité.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Il fait un temps d'enfance abandonnée. La météo n'a rien prévu dans ce cas.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Humilier le faible, écraser le pauvre, expulser l'exilé sans patrie, faire honte à l'homme sans défense, procure à l'auteur de ces actes une satisfaction qui sent la puanteur de la charogne qu'il héberge dans son âme.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Il paraît qu'il ne faut jamais répondre aux imbéciles, cela les instruirait.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

L'artiste est celui qui regarde le monde avec un tamis. Il va à l'essentiel sans précaution, sans calcul, ce qui nous donne des frissons tant la réalité est jonchée de bombes à sous-munitions.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

L'ombre de la mort, c'est la maladie qui gangrène le corps. Si l'esprit se défait, le corps s'abandonne. Parfois la mort n'en veut plus.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Il est des vies qui traversent le temps sans que personne les réclame. Elles disparaissent avec les nuages, sans bruit, sans oraison. Il arrive que la poésie se souvienne d'elles ; on regarde autour de soi et on se dit : C'est peut-être de moi qu'il s'agit.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

On dit qu'il faut s'asseoir sur le bord d'un fleuve et attendre de voir passer le cadavre de l'ennemi. Cette sagesse est une mauvaise plaisanterie. Le goût de la vengeance ne se contenterait pas d'une histoire de voyeur apaisé. Surtout que l'ennemi n'a pas de cadavre puisqu'il habite le fantôme du Démon.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Ceux qui confondent l'amour et la nuit commettent une erreur. Le sommeil est absence ; l'absence est une insulte à l'amour ; les rêves fatigués se souviennent mal du bonheur.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Quand un lierre couvre toute une maison, c'est pour empêcher que l'amour devienne routine, un devoir où le désir s'excuse de n'être plus là.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

On dit que l'arbre cache la forêt. Comment ? Avec son ombre, avec ses oiseaux, avec ses branches qui s'envolent et voyagent dans un livre mal écrit pour couvrir la douleur du monde.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Le despotisme et la tyrannie ont opté pour la douceur, le miel et le soufre. Sans bruit, sans tapage ils font leur ravage dans la société surtout quand elle se proclame démocratique.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Le regard du sourd nous renseigne-t-il sur la musique de ses rêves ? Peut-être que la nuit est plus clémente avec les sourds, les muets, les culs-de-jatte, les non-voyants, les princes de tous les silences.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

En Islam, l'enterrement d'un roi est aussi simple et rapide que celui d'un mendiant. Un imam crie « C'est un homme qu'on enterre ». Ni plus ni moins. L'égalité, enfin atteinte.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Je me méfierais de l'homme qui n'a pas de larmes, qui dort sans difficulté, qui rote après un bon repas et qui ne doute jamais. C'est de cette étoffe-là qu'on fabrique les tyrans.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Dans l'obscurité cruelle de la misère du monde, je ne cherche pas un éclaireur, un guide de montagne, juste un homme vrai, un poète

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

On confond aisément amour et souffrance comme si le fait d'aimer ne pouvait être que la traversée d'un calvaire. Au bout du tunnel se trouve le comptoir de la culpabilité. On ne peut l'éviter.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Le verbe « désaimer » (s'il existe) est une paresse : se détacher, se dégager, se détourner, dénouer, débarrasser, détruire, déconstruire... on pourrait à ce rythme ajouter dédésirer, si on bégaye c'est qu'il y a encore de l'émotion.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Le mot « ivresse » se dit en latin crapula. Comment a-t-on fait pour désigner un individu « très malhonnête » par le mot « crapule » ? Je connais des crapules qui n'ont jamais été ivres si ce n'est d'avoir volé, menti, trahi, dépouillé la personne qui s'est trouvée sur leur chemin.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Ceux qui ont la passion du mal excellent dans cette vocation afin de vivre longtemps, de profiter au maximum de la vie, et surtout d'avoir une belle mort : s'éteindre en dormant. Le mal préserve et conserve. En le pratiquant quotidiennement comme un sport, on est certain de décourager l'usure des cellules et des os.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

La méchanceté agissante, gratuite, efficace n'entame pas le corps ou l'esprit du méchant. Les virus, les microbes aiment s'incruster dans les corps tendres, les esprits fins et généreux. Leur travail de destruction est plus aisé.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

Les amours clandestines ont ceci de particulier : elles flirtent avec le vice et l'interdit. Le plaisir et son corollaire le désir ne supportent pas la facilité et l'abandon. Il faut parfois vaincre son instinct afin d'en faire un substitut du désir.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

La célébrité, la notoriété, la fortune n'ont jamais intimidé ni éloigné la maladie ni l'amour. Dans un sens comme dans l'autre, ces choses-là ne sont que des paillettes, des illusions qui se confondent avec la mauvaise poussière de la vie.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

La rareté est une valeur en soi. Elle est le principe de tout commerce. Marchander est une tentative d'arracher quelques grammes à ce qui est rare mais pas forcément précieux.

Tahar Ben Jelloun - Que la blessure se ferme (2011)

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