Les citations célèbres de Tahar Ben Jelloun :
Les épouses sont jalouses des amies de leurs maris, c'est bien connu.
Le destin est ce qui nous arrive au moment où on ne s'y attend pas.
Je propose de mettre sur pied un « syndicat de la gratuité ». Y adhère celui ou celle qui donne à cette valeur son sens concret. La devise en sera : « donner c'est recevoir ». Attention à la litanie religieuse.
Il est des mots qu'on devrait utiliser avec parcimonie car ils sont menacés de rejoindre le domaine des clichés. Ainsi, phantasme est à prendre avec des pincettes tellement il a été galvaudé par la psychologie sur papier glacé.
Quand je regarde une femme, je la déshabille très doucement ; elle ne s'en rend pas compte. C'est lorsque je détourne mon regard qu'elle se vexe et pense que l'indécence tombe de mes yeux.
Quand une femme relève sa chevelure, c'est pour montrer sa nuque et nous plonger dans la mer des illusions. L'érotisme tient parfois à un cheveu, présent, absent, volant.
La politique et la comédie ont en commun le mensonge. Sauf qu'en politique, ne pas dire la vérité est une indignité, et que dans la comédie rien ne sert de la dire puisque tout a été inventé.
De la violence on a glissé trop vite vers la brutalité. Celle-ci est si fréquente qu'elle est devenue la règle. C'est au berceau qu'on apprend à être tueur, pas à l'âge adulte.
S'aimer en tremblant en ayant le cœur mouillé, chante Jacques Brel ; trembler de peur en ayant le cœur entre les dents car rien n'est certain, pas même le chant du cygne qu'on a dessiné dans le silence des attentes.
Je propose qu'on ne dise plus « tomber amoureux » mais « s'élever amoureux ». Dans « tomber », il y a la possibilité de la chute ; dans l'élévation, plus dure sera la chute. C'est un souci de précision linguistique.
L'homme peut faire l'amour sans être amoureux ; la femme a besoin de ressentir quelque sentiment à l'égard de l'homme pour se donner à lui et éprouver du plaisir.
Les discours racistes sont tous les mêmes : de la haine, de l'arrogance et un immense complexe d'infériorité qui cherche à se combler par la mort et les massacres.
Les terroristes ont dit : « Nous avons vengé le Prophète. » L'esprit du Prophète ne leur a jamais rien demandé. Le prophète Mahomet, quand il s'adressait à ses soldats avant une bataille, leur recommandait expressément de « ne pas tuer les femmes, les enfants, les vieillards ; de ne pas arracher un palmier ou un arbre ; de ne pas détruire les maisons.
L'ignorance et la peur sont ce qui suscite, provoque, fonde le racisme et l'intolérance.
On peut ne jamais avoir été à l'école et avoir une humanité généreuse et bonne.
Le raciste est celui qui pense que tout ce qui est trop différent de lui le menace dans sa tranquillité.
Le racisme quand il ne tue pas tend à blesser l'être dans ce qu'il a de plus profond.
Qu'est-ce qui fait le plus peur aux islamistes, aux fanatiques ? – La liberté d'expression, le doute, la liberté de conscience, le fait de croire ou de ne pas croire. Cette liberté est sacrée. Or il est clair qu'elle est rejetée par une partie des musulmans de France. C'est peut-être d'ailleurs à cause de ce rejet fondamental que certains ne s'intègrent pas.
Pour les fanatiques, la laïcité est une forme d'athéisme. Pour eux, celui qui commet un blasphème devient un apostat, c'est-à-dire quelqu'un qui doit être rejeté par la communauté musulmane ; son sang doit être versé. Ce sont les mots mêmes qu'avait utilisés l'ayatollah Khomeiny quand il avait lancé une fatwa contre l'écrivain britannique d'origine indienne et d'éducation musulmane Salman Rushdie, l'auteur des Versets sataniques.
Fanatisme et obscurantisme, une vision du monde rétrograde et en opposition avec l'esprit des lumières qui avait marqué les premiers siècles de l'islam.
La préoccupation constante de tout l'enseignement devrait être d'apprendre aux enfants la tolérance, le rejet du fanatisme, et de leur expliquer les mécanismes du racisme. Bref, il faudrait mettre sur pied une pédagogie ambitieuse pour lutter efficacement contre les dérives qui mènent au terrorisme.
L'école doit intégrer dans ses programmes la lutte contre le racisme, qui est la base de l'intolérance et du fanatisme, l'un et l'autre se traduisant par l'exercice du mal absolu.
Le propre des foules est d'être sourdes et aveugles.
L'islam en France devra devenir l'islam de France, c'est-à-dire une religion parmi d'autres, s'accommodant de la laïcité, du droit, de la démocratie, autrement dit du mode de vie choisi par le peuple de France.
Dès qu'on voyage, on perçoit dans le regard et les paroles des autres que la France est crispée, froissée, quelque peu désorientée. Les dizaines de milliers de jeunes talents qui l'ont quittée ne cessent de rappeler combien ce pays, en proie à une bureaucratie stupide, est victime de rigidités, comme si la vieillesse l'avait accablé. Ils ne comprennent pas pourquoi ce grand et beau pays qu'est la France n'a pas su les retenir.
Les syndicats, par leur refus de la réalité et des temps qui changent, paralysent le pays et son économie, même si cela fait perdre du travail à ceux qui viennent de sortir du chômage.
Emil Cioran disait des choses bien méchantes sur les Français et les accusait de « préférer un mensonge bien dit à une vérité mal formulée ». Il y a eu tant de mensonges de la part des hommes politiques, de droite comme de gauche, que la formule n'est plus importante : un président qui ne tient pas ses promesses ; un Premier ministre qui gère mal ses nerfs ; un dirigeant syndical qui enclenche un engrenage dangereux sans tenir compte de ceux qui risquent de perdre leur travail... Tout cela contribue à rendre l'air pesant et le ciel vide.
Je ne suis plus de ce monde brutal et médiocre. Je suis au-dessus.
L'amour qui né soudainement s'arrête parfois aussi brutalement.
J'ai cru à l'amour, j'y ai tellement cru que je le chargeais de résoudre des problèmes insolubles. Mais, j'ai trop longtemps manqué de courage, de détermination, et nous voilà qui nous déchirons sous le regard ahuri de nos enfants.