Les plus beaux poèmes français sur l'amour.
2 - Quelques poésies françaises sur l'amour :
Titre : Les baisers sont bons.
Recueil : L'éternelle chanson (1894)
Les baisers sont bons en tous temps,
Leur douceur jamais n'importune ;
En automne comme au printemps,
Ou l'été par un clair de lune.
Les lèvres, quand on n'y voit pas,
Ont tous les charmes du mystère ;
Il vaut mieux cacher leurs appas,
Car un jour trop grand les altère.
L'on respire et l'on boit l'amour
Sur la bouche de l'adorée ;
Il faut cent baisers chaque jour,
D'amour l'âme étant altérée.
Ils sont si doux ceux que parfois
On peut ravir tout à son aise :
Ce sont les baisers dans les bois,
Qu'on dérobe en cueillant, la fraise.
Il en est un, toujours vainqueur
De la lèvre, même offensée,
Qui garde les secrets du cœur ;
Il se donne par la pensée.
On en ressent moins de plaisir,
Mais il dure pendant qu'on aime ;
Puis, il se double du désir
Qui peut être un bonheur suprême.
Jules Arnulf (1857-1914)
Titre : Le soir charmant.
Recueil : L'année des poètes (1895)
Te souvient-il du soir charmant
Où ta main a gardé la mienne,
Comme nous causions doucement ?
Te souvient-il du soir charmant ?
Pourquoi cela se fit, comment ?
Je ne sais. Mais, quoi qu'il advienne,
Je n'oublierai le soir charmant
Où ta main a gardé la mienne.
Au dehors, il pleuvait un peu
Mais le ciel était dans notre âme.
Assis, tous deux, au coin du feu...
Au dehors, il pleuvait un peu.
Sur ta lèvre tremblait l'aveu !
Nous regardions courir la flamme.
Au dehors, il pleuvait un peu
Mais le ciel était dans notre âme.
O cher babil des amoureux !
Tu me disais que j'étais belle.
Je riais. Nous étions heureux.
O cher babil des amoureux !
Tu mirais dans mes yeux tes yeux.
Je frémissais sous ma dentelle.
O cher babil des amoureux !
Tu me disais que j'étais belle.
Je t'aimais ! Tu n'en savais rien.
Tu n'osais dire : Je vous aime.
Moi non plus, tu le comprends bien.
Je t'aimais ! Tu n'en savais rien.
Mais ce soir-là, si près du mien,
Ton cœur eut un élan suprême.
Je t'aimais ! Tu n'en savais rien.
Tu n'osais dire : Je vous aime.
Comment tu fus à mes genoux,
Qui de nous deux se le rappelle ?
Je te relevai sans courroux
Lorsque tu fus à mes genoux.
Dans le foyer clair, devant nous,
Brillait la dernière étincelle.
Comment tu fus à mes genoux,
Qui de nous deux se le rappelle ?
Ce soir-là fixa notre sort.
Tu tremblais. Moi, j'avais la fièvre,
Nos pauvres cœurs battaient si fort !
Ce soir-là fixa notre sort.
Quand tu partis, longtemps encor
Ton baiser fou brûla ma lèvre.
Ce soir-là fixa notre sort.
Tu tremblais. Moi, j'avais la fièvre.
Il est passé, le soir charmant
Où ta main a gardé la mienne.
Comme nous causions doucement !
Il est passé, le soir charmant...
Depuis, sous tes baisers d'amant,
Mon épaule contre la tienne,
Je vois toujours le soir charmant
Où ta main a gardé la mienne.
Renée Jacquelin (1849-1907)
Titre : Ton amour c'est ma joie.
Recueil : L'année des poètes (1895)
Oui, loin de ces chemins où la foule se presse,
Loin des propos bruyants des hommes ennuyeux,
Loin du monde, bien loin, oui, rien que la tendresse
Qui frémit dans tes doigts et sourit dans tes yeux :
Je ne désire rien que l'exquise caresse
Qui tombe en un frisson de tes longs cils soyeux,
Mon cœur ne rêve pas une plus douce ivresse
Que de sentir du tien les battements joyeux !
Toi seule, oh ! rien que toi ! Le reste, que m'importe !
Gloire, grandeur, succès, vains bruits qu'un souffle emporte !
Nous possédons un bien moins fragile : Aimons-nous !
Donne-moi ces regards dont mon âme est ravie,
Et laisse-moi te dire, et te dire à genoux :
« Ton amour c'est ma joie, et le mien c'est ma vie ! »
Louis lafond (1832-1909)
Titre : Tes rêves bleus.
Recueil : Les poésies et sonnets (1868)
Si j'étais rapide hirondelle,
J'irais te revoir au printemps ;
Je nicherais sous la poutrelle ;
Pour toi seraient mes cris chantants.
Si j'étais papillon volage,
Sur toi je viendrais me poser :
Je baiserais ton beau visage,
Et tu n'oserais me chasser.
Si j'étais rose purpurine,
Je voudrais être à ton corset ;
Je parfumerais ta poitrine
Que retient un mince lacet.
Si j'étais caressante brise,
Je soufflerais dans tes cheveux ;
Puis, à ton oreille surprise,
Je ferais de bien doux aveux.
Si j'étais la divine Aurore,
Je t'éveillerais au matin ;
Je serais le rayon qui dore
Tes yeux, ton visage mutin.
Si j'étais dernière étincelle
Des feux d'un beau soleil couchant,
Pour toi, l'horizon qui ruisselle
Aurait un adieu plus touchant.
Si j'étais la lune argentée,
Tes rêves bleus je charmerais ;
Délicieusement hantée
En ton rêve, tu m'aimerais.
Alphonse Thomas (1804-1886)
Titre : Nous dormirons ensemble.
Recueil : Le fou d'Elsa (1963)
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble.
C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble.
Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.
Louis Aragon (1897-1982)
Titre : À deux beaux yeux.
Recueil : La comédie de la mort (1838)
Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l'on apercevrait à travers un cristal.
Théophile Gautier (1811-1872)
Titre : La fleur de l'âme.
Recueil : En quittant la vie (1898)
Enfant, tu ne sais pas combien est doux le rêve,
L'espoir ensoleillant le cœur des amoureux ;
Sans cela, près de moi, pour trouver l'heure brève,
Pour goûter ce bonheur qu'on entrevoit à deux,
Joyeuse tu viendrais, comme la fiancée
Vient auprès de l'amant, — et, plein d'un tendre émoi,
Mon cœur s'enivrerait de la douce pensée
De tout abandonner pour n'être plus qu'à toi.
Prenant place à tes pieds je saurais à ton âme
Montrer de l'avenir le plus riant chemin ;
Et, dans un pur élan de la plus chaste flamme,
Plaçant ta main mignonne en ma tremblante main,
Je noierais mon regard dans le tien si candide ;
Jusqu'au fond de ton cœur aussi pur que le jour,
Ravi, je plongerais, et ma paupière humide
Laisserait échapper une perle d'amour !
Et, tous les deux gagnés par un divin délire,
Nos êtres frémiraient dans un suave accord,
Et le bonheur dans l'âme, aux lèvres le sourire,
Nous oublierions le monde, et la vie et la mort !
Georges-Eugène Bertin (1868-1938)
Titre : Le serment d'être fidèles.
Recueil : Pour un baiser de toi ! (1882)
Mignonne, quand reviendront
Les gentilles hirondelles,
Jeunes amants prêteront
Le serment d'être fidèles.
Quand les bois reverdiront,
Sous le couvert des tonnelles,
Joyeux couples chanteront
D'amoureuses villanelles.
Alors, dans tes jolis yeux
Contemplant l'azur des cieux,
Je lirai de douces choses ;
Et tu viendras apaiser
Ma pauvre âme, du baiser
De tes chères lèvres roses.
Édouard Gressin (1846-1901)
3 - Autres recueils de poésies :