Ils sont loin mes amis et mes compagnons d'enfance.

Titre : Les bons vieux visages chéris.

Recueil : Les poésies et sonnets d'un voyageur (1844)
J'ai compté des amis, des compagnons d'enfance,
Aux jours où nous avons la joie et l'espérance,
Ils sont loin, ils sont loin de mes yeux attendris,
Les bons vieux visages chéris.

Avec mes compagnons j'ai pris part à ces fêtes
Qui charment la jeunesse et qui troublent les têtes.
Ils sont loin, ils sont loin de mes yeux attendris,
Les bons vieux visages chéris.

J'avais mis tous mes vœux en une femme aimée,
Et pour moi sa maison est désormais fermée.
Ils sont loin, ils sont loin de mes yeux attendris,
Les bons vieux visages chéris.

Un ami me gardait une foi sans égale ;
Ingrat ! j'ai déserté cette âme si loyale !
Ils sont loin, ils sont loin de mes yeux attendris,
Les bons vieux visages chéris.

Par deux cœurs d'or le ciel bénissait ma demeure,
Par mon père et ma mère. A présent, je les pleure.
Ils sont loin, ils sont loin de mes yeux attendris,
Les bons vieux visages chéris.

Par la main de la mort, par l'oubli, par l'absence,
Il s'est fait sur mes pas un morne et froid silence.
Ils sont loin, ils sont loin de mes yeux attendris,
Les bons vieux visages chéris.

Aux lieux où j'ai vécu, je passe comme une ombre,
Et le monde me semble un vaste désert sombre.
Ils sont loin, ils sont loin de mes yeux attendris,
Les bons vieux visages chéris.

Xavier Marmier (1808-1892)
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