Titre : La Marguerite à la corolle blanche.
Recueil : Ce que disent les fleurs, Sonnets (1864)
Je suis la Marguerite à la corolle blanche,
Je nais quand les bourgeons commencent à s'ouvrir,
Dans les prés, dans les bois, ainsi que la Pervenche,
Partout où le Seigneur m'ordonne de fleurir.
Dans mon calice d'or, où la rosée épanche
Des pleurs que le soleil, au matin, vient tarir,
Je n'ai pas de parfum, comme le Lys qui penche,
Et l'hiver ne voit pas ma tige se flétrir.
De mes sœurs du jardin je ne suis pas jalouse :
Je vis calme au milieu des fleurs de la pelouse,
Sur la verte colline, au bord du lac changeant,
Jusqu'au jour où l'amante, en son âme ravie,
Pour avoir un secret — qui me coûte la vie !
Effeuille ma corolle aux pétales d'argent.
Antonio Spinelli