L'amour qui naît de la douleur, d'Élise de Pressensé.

Titre : L'amour qui naît de la douleur.

Recueil : Les poésies nouvelles (1869)
Il est là-haut, par-delà les orages,
Un ciel d'azur profond et lumineux
Que n'ont jamais obscurci les nuages
Dont trop souvent il se voile à nos yeux.

Il est aussi sous la vague inquiète
Des régions de calme profondeur,
De beauté pure et de splendeur secrète
Que connaît seul l'œil du Dieu créateur.

De même, il est dans l'âme qui s'ignore
Des profondeurs de courage et de paix,
Région sainte où l'on retrouve encore
Le bien qui semble avoir fui pour jamais.

Car, tu le sais, cette joie épurée,
Perle trouvée au fond du gouffre amer,
Trésor sans prix, d'immortelle durée,
Pour la connaître il faut avoir souffert.

Dépouillement, ô richesse de l'âme !
Obéissance, ô triomphe du cœur !
Pour allumer en nous la pure flamme
Du sacrifice, il fallait la douleur.

L'année a fui comme s'enfuit un rêve,
En effeuillant bien des illusions,
Mais cet espoir qui console et relève
Nous a souri dans ses pâles rayons.

Oh ! ne crains pas ! ... Une main paternelle,
Puissante et tendre affermira ton cœur.
La vie est grande, elle est sainte, elle est belle
Quand c'est l'amour qui naît de la douleur.

Élise de Pressensé
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