Titre : Les cimetières fleuris où le cher aïeul dort.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Mettez sur les coteaux charmants les cimetières ;
Qu'ils soient pleins de verdure et des aimables fleurs,
Comme elle a son sourire, une fleur a ses pleurs,
Mais dressez-y surtout les cyprès mortuaires.
Sombres, j'aime à les voir, dans la blancheur des pierres,
Que la colombe y joue, aux si tendres couleurs,
Égayant, de ses nids amoureux, nos douleurs,
Et mêle au froid tombeau ses notes printanières.
Alors, j'aime à rêver dans ces champs de la mort,
Car le cœur y respire une grâce amollie,
Qui verse les douceurs de la mélancolie.
C'est le champ bienheureux où le cher aïeul dort,
Et, quand on y descend le corps froid dans la tombe,
L'âme semble voler au ciel, pure colombe.
Jacques Villebrune