Poème : L'hiver de mon pays dans sa sombre puissance.

Titre : L'hiver de mon pays.

Hiver de mon pays, dans ta sombre puissance,
Qu'as-tu fait des splendeurs, des charmes de l'été,
De la fleur qui répand dans les airs son essence,
De l'arbre qui grandit dans sa fraîche beauté ?

Oh ! les jours de lumière où la terre est si belle,
Où l'abeille qui vole autour des buissons verts,
Le ramier qui roucoule et l'onde qui ruisselle,
Tout se joint et s'accorde en de tendres concerts.

Fleurs des bois et des prés qu'on voudrait voir renaître,
Insectes bourdonnants, clair azur du ruisseau,
Horizons empourprés, tout doit- il disparaître
Longtemps, ô froid hiver, sous ton pâle manteau ?

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Hiver cruel du cœur, dans ta sombre puissance,
Qu'as-tu fait de sa flamme et de ses rayons d'or,
Des fleurs de sa pensée et de sa confiance,
De ses rêves heureux, de son ardent essor ?

Oh ! les enchantements du printemps de la vie,
Où tout nous apparaît dans l'éclat d'un beau jour,
Où l'on a tant d'espoir, où dans l'âme ravie
Sans cesse, terre et ciel, tout chante un chant d'amour.

Douces crédulités, tendresse du jeune âge,
Audacieux élan, candide et noble orgueil,
Tout doit-il s'abîmer en un fatal naufrage,
Et rester englouti sous un mortel linceul ?

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Le printemps chassera l'hiver de la nature,
Les forêts et les champs bientôt reverdiront,
Au ciel reparaîtra la clarté qui l'épure,
Et les oiseaux joyeux de nouveau chanteront.

Mais quand l'homme a subi le deuil qui le désole,
L'hiver de la douleur, l'hiver qui le flétrit,
C'est en vain qu'il aspire au printemps qui console,
Sous son fardeau glacé plus rien ne refleurit.

Xavier Marmier (1808-1892)