On prend aisément les habitudes de ceux avec qui l'on vit, et il n'y a pas de mal à cela lorsqu'elles ne sont ni méchantes, ni dangereuses. On dit que c'est faiblesse ; mais les gens faciles sont toujours aimés. N'est-il pas égal, d'ailleurs, de boire, de jouer, d'échanger nos idées et d'aimer ? Ou de n'en rien faire, si l'on trouve des gens à qui cela ne convient pas. On dit que ce n'est pas avoir du caractère. Ceux qui profanent ce mot, et qui le confondent avec une roideur humoriste, en manquent presque toujours. Qu'on le mette, ce caractère, à soutenir ses plus fidèles amis, les absents et tous les disgraciés de ce monde. Mais pour les petits sentiments de société et la manière de vivre et de penser sur les choses indifférentes, le vrai est si incertain : et tout ayant deux côtés, se pouvant soutenir si aisément, cela ne vaut pas, en vérité, la peine de troubler la société ; à moins qu'un avis contraire ne la rende plus piquante, en écartant la complaisance qui vise à la fadeur.(Charles-Joseph de Ligne)
La candeur, la docilité, la simplicité sont les vertus de l'enfance.
Le meilleur compagnon contre l'ennui est un bon livre.
Il n'y a de grand que ce qui est durable, de durable que ce qui est juste.
Il vaut mieux tomber avec des hommes que de rester debout avec des enfants.
La femme forte et douce est presque aussi rare que le merle blanc, oiseau qu'on ne trouve facilement dans aucun pays, ainsi que vous devez le savoir pour peu que vous soyez chasseur ou empailleur.
Rire et pleurer sans savoir pourquoi, c'est le privilège des femmes.
Un sot a toujours assez d'esprit pour nuire.
La vanité se pare de ses fers lorsqu'ils sont dorés.
Se vanter de sa félicité, c'est appeler le malheur.
Le travail est le dieu qui donne le repos.
En sortant de la demeure du médisant, secouez la poussière de vos pieds.
Le bonheur a besoin d'être interrompu pour être senti.
L'or, comme les liqueurs fortes, augmente la soif.
Celui qui te conseille d'ôter ta confiance à tes amis veut te tromper sans témoins.
L'amour est comme la fortune, il est moins difficile de l'acquérir que de le conserver.
On méprise les flots tant qu'on est dans le port.
L'avenir, du présent se venge quelquefois.
Dissiper le temps, c'est user l'étoffe dont la vie est faite.
Soyez bon et de bonne humeur, et vous plairez.
L'homme n'est homme que par la raison.
L'exercice est une des meilleures provisions de santé.
La raillerie ne convient pas à ceux qui sont élevés au-dessus des autres.
Étudiez, non pour savoir plus que les autres, mais pour vous-même.
Si tu veux que tes désirs s'accomplissent, ne désire que ce qui dépend de toi.
La république a de nos jours cette force qu'elle promet tout ce que désirent les peuples, et cette faiblesse qu'elle ne pourrait le donner : c'est le gouvernement des grandes espérances et des grands mécomptes.
Pour être heureux, il faut vivre seul ou être poli.
À mauvaise fréquentation, si vous n'y perdez pas vos mœurs, vous y perdrez votre réputation.
Le peuple ne goûte de la liberté, comme des liqueurs violentes, que pour s'enivrer et devenir furieux.
Il y a des époques où la conscience semble un moment sourde. Quand Dieu s'en va, l'âme part avec lui. La terre alors n'est plus qu'un atelier bruyant et noir. Cela arrive quand ceux qui devraient diriger fourvoient.
Le but d'une éducation morale est de retirer l'homme de l'égoïsme pour le pousser au dévouement et à la charité.
Il n'est point de siècle de lumière pour la populace. Elle n'est ni française, ni anglaise, ni espagnole. La populace est toujours et en tout pays la même, toujours cannibale, toujours anthropophage.
On gouverne les hommes par l'opinion régnante, et l'opinion change quand la lumière s'étend.
Un peu moins d'abandon, un peu plus de réserve, l'amour-propre se pique, et l'amant se conserve.
II y a plus de fanfarons du scepticisme que de sceptiques véritables.
La France se meurt parce qu'elle a été nourrie de tous les genres de mensonges, paradoxes scientifiques, fantaisies morales, expédients politiques, fanfaronnades militaires, utopies sociales.
L'esprit de division, de dissolution, d'excessif individualisme est partout de nos jours.
La philosophie a ses modes comme les habits, la musique et l'architecture ; sitôt qu'une opinion devient commune, il ne faut point d'autre raison pour que les hommes embrassent son contraire, jusqu'à ce que celle-ci vieillisse à son tour et qu'ils aient besoin de se distinguer par d'autres choses.
L'homme est le seul parmi les êtres animés qui soit surpris de l’univers, et qui s'étonne tous les jours de n'en être pas plus étonné.
Dans les démocraties, toutes les vanités sont aiguisées et l'amour des distinctions honorifiques est incommensurable. On écrit égalité sur les murs, mais la maxime est : Dominons-nous les uns les autres !
La vie en général est si triste que la terre serait bientôt dépeuplée par le suicide si l'espérance ne retenait les braves comme la peur arrête les poltrons.
La république est une échelle que quelques ambitieux plus ou moins habiles se font tenir par un certain nombre de jobards pour escalader la salle du festin ; arrivés, ils jettent l'échelle sur ceux qui veulent les suivre.
La coupe de la vie serait douce jusqu'à la fadeur, s'il n'y tombait quelques larmes amères.
La société est une bascule qui ne peut élever les uns sans rabaisser les autres.
La paresse toute engourdie qu'elle est fait plus de ravage chez nous que toutes les autres passions ensemble. Elle va lentement, mais comme elle va toujours plus loin.