Les chrétiens n'ont qu'un Dieu, maître absolu de tout, de qui le seul vouloir fait tout ce qu'il résout.
Un chrétien ne craint rien, ne dissimule rien ; aux yeux de tout le monde il est toujours chrétien.
Les changements d'Etat que fait l'ordre céleste, ne coûtent point de sang, n'ont rien qui soit funeste.
Sous notre ciel tout change, et les plus valeureux n'ont jamais sûreté d'être toujours heureux.
L'apparence déçoit, et souvent on a vu sortir la vérité d'un moyen imprévu.
Le véritable amour, dès que le cœur soupire, instruit en un moment de tout ce qu'on doit dire.
Qu'un mutuel amour est un triste avantage, quand ce que nous aimons d'un autre est le partage.
Celui que nous aimons jamais ne nous offense ; un mouvement secret prend toujours sa défense.
Une âme accoutumée aux grandes actions ne se peut abaisser à des soumissions.
L'amante d'un héros aime à lui ressembler, et voit, ainsi que lui, ses périls sans trembler.
Un amant dédaigné souvent croit beaucoup faire, quand il rompt le bonheur de ce qu'on lui préfère.
Séparer deux amants c'est tous deux les punir ; et dans la même tombe il vaut mieux les unir.
La langue en peu de mots en explique beaucoup : les yeux, plus éloquents, font voir tout d'un seul coup.
Le bonheur peut conduire à la grandeur suprême, mais pour y renoncer, il faut la vertu même.
Une âme généreuse, et que la vertu guide, fuit la honte des noms d'ingrat et de perfide.
L'estime et le respect sont de justes tributs qu'aux plus fiers ennemis arrachent les vertus.
Qui peut sans s'émouvoir supporter une offense peut mieux prendre à son point le temps de sa vengeance.
Qui veut mourir ou vaincre est vaincu rarement ; ce noble désespoir périt malaisément.
Quiconque tient en main la puissance usurpée, en tout temps, en tout lieu, y doit tenir l'épée.
Jamais nous ne goûtons une pure allégresse, et nos jours les plus beaux ne sont pas sans tristesse.
Qui trahit sa maîtresse aisément fait connaître que, sans aucun scrupule, il trahirait son maître.
Jamais un souverain ne doit compte à personne Des dignités qu'il fait et des grandeurs qu'il donne.
Un service au-dessus de toute récompense, à force d'obliger, tient presque lieu d'offense.
Il faut plus de secret alors qu'on veut surprendre ; et l'on ne surprend point, quand on se fait attendre.
La parole des rois ne se peut rétracter ; c'est la foi qui les lie et les fait respecter.
Un roi doit pouvoir tout et ne sait pas bien l'être, quant au fond de son cœur il souffre un autre maître.
Etant riche on méprise, assez communément, des belles qualités le solide ornement.
La raillerie est belle après une victoire ; on la fait avec grâce, aussi bien qu'avec gloire.
Comme entre deux rivaux la haine est naturelle, l'entrevue aisément se termine en querelle.
Protéger hautement les vertus malheureuses c'est le moindre devoir des âmes généreuses.
On prend à toutes mains dans le siècle où nous sommes ; et refuser n'est plus le vice des grands hommes.
Que les pleurs d'une amante ont de puissants discours ! Et qu'un bel œil est fort avec un tel secours !
Un père est toujours père, et quand son cœur pardonne, malheureux mille fois celui qui le soupçonne.
Qui se laisse outrager mérite qu'on l'outrage, et l'audace impunie enfle trop un courage.
L'oracle le plus clair se fait le moins comprendre ; souvent on l'entend mal quand on le croit entendre.
Nous mourons à toute heure, et, dans le plus doux sort, chaque instant de la vie est un pas vers la mort.
Si mourir pour son prince est un illustre sort, quand on meurt pour son Dieu quelle sera la mort ?
Le mérite a toujours des charmes éclatants : quiconque est vertueux est aimable en tous temps.
Chacun en son affaire est son meilleur ami, et tout autre intérêt ne touche qu'à demi.
Souvent trop d'intérêt que l'amour force à prendre, entend plus qu'on ne dit et qu'on ne doit entendre.
Plus on sert des ingrats, plus on s'en fait haïr ; tout ce qu'on fait pour eux ne fait que nous trahir.
Il n'est rien qui répare l'injure que fait à l'innocence un moment d'imposture
Ce n'est point l'amour qui fait l'hymen des rois ; les raisons de l'Etat règlent toujours le choix.
Ce qu'on fait sans honte et sans remords ne coûte rien à dire, il n'y faut point d'efforts.
Le héros fait trembler les peuples sous sa loi, remplit les bons d'amour et les méchants d'effroi.
De ceux qu'unit le sang plus douces sont les chaînes, plus leur désunion met d'aigreur dans leurs haines.
La haine entre les grands se calme rarement ; la paix souvent n'y sert que d'un amusement.
Quand un homme une fois a droit de nous haïr, nous devons présumer qu'il cherche à nous trahir.
La guerre est journalière, et ses vicissitudes laissent tout l'avenir dans les incertitudes.
On ne renonce point aux grandeurs légitimes ; on garde sans remords ce qu'on acquiert sans crimes.
Il est beau de périr pour éviter un crime ; quand on meurt pour la gloire on revit dans l'estime.
La gloire est plus solide après la calomnie, et brille d'autant mieux qu'elle s'en vit ternie.
Le ciel, par les travaux, veut qu'on monte à la gloire, pour gagner un triomphe il faut une victoire.
La générosité suit la belle naissance ; la pitié l'accompagne et la reconnaissance.
La plus mauvaise excuse est assez pour un père : et, sous le nom d'un fils, toute faute est légère.
Les femmes qu'on adore usurpent un empire que jamais un mari n'ose et ne peut dédire.
Aussitôt qu'un état devient un peu trop grand, sa chute doit guérir l'ombrage qu'on en prend.
Il est si naturel d'estimer ce qu'on aime qu'on voudrait que partout on l'estimât de même.
Parlez peu, parlez bien, et ne trompez personne ; faites toujours grand cas de ce que l'on vous donne.
Dieu tout juste et tout bon, qui lit dans nos pensées, n'impute point de crime à nos actions forcées.
Du courroux à l'amour si le retour est doux, On repasse aisément de l'amour au courroux.
Ce n'est pas attenter aux droits d'une couronne qu'en conserver la part qu'un père nous en donne.
Les mystères de cour sont souvent si cachés, que les plus clairvoyants y sont bien empêchés.
Les faibles de plaisirs s'amusent à parler, et quiconque se plaint, cherche à se consoler.
La clémence sied bien à l'âme d'un monarque : on connait son grand cœur à cette illustre marque.
Il est vrai que du ciel la prudence infinie départ à chaque peuple un différent génie.
Le ciel qui, mieux que vous, connaît ce que nous sommes, mesure ses faveurs au mérite des hommes.
Ne vous rebutez point d'un peu d'emportement ; quelquefois, malgré nous, il vient un bon moment.
La grâce est aux grands cœurs honteuse à recevoir, la menace n'a rien qui les puisse émouvoir.
Plus on voit aux avis de contrariétés, plus de faire un bon choix on reçoit de clartés.
Que de défauts d'esprit se couvrent de leurs grâces ! et que de beaux semblants cachent des âmes basses !
L'amour excuse tout dans un cœur enflammé, et tout crime est léger dont l'auteur est aimé.
Lorsqu'un digne objet a pu nous enflammer, qui le cède est un lâche et ne sait pas aimer.
L'amour, dans sa prudence, est toujours indiscret ; à force de se taire, il trahit son secret.
Mourir pour le pays n'est pas un triste sort, c’est s'immortaliser par une belle mort.
La raison, mon cher ami, n'a jamais eu d'empire ni sur les fous ni sur les sots, et voilà juste pourquoi elle peut être d'usage quelque peu pour les gens sensés.
Qui veut tout retenir laisse tout échapper.
Apprends à te connaître, et descends en toi-même.
Les grands courages savent, en généreux, repousser les outrages.
Qui veut tout pouvoir doit oser tout enfreindre.