La vieillesse, c'est le temps où les anniversaires ne sont plus des fêtes.
Cet abîme qui sépare deux êtres, qui sait s’ils ne se retrouveront pas tout au fond ?
Il est des gens sympathiques comme l'encre du même nom : lorsqu'on ne peut pas les lire.
Il est des hommes qui lavent les insultes pour essuyer les échecs.
Tout éloge nous surprend en flagrant délit d'immodestie car ce que nous en retenons est encore trop.
Se lever tôt, c'est une promesse d'avenir.
La vie est un composé de défenses absurdes et d'assauts inutiles en vue d'une guerre que nul ne peut gagner.
Ennemi franc vaut mieux que faux amis.
Les types qui battent leur femme, c'est toujours des alcooliques.
Voyager, c'est plonger en soi pour retrouver le beau navire de la mémoire et se diriger vers le futur.
Le mariage est la réduction des possibles de deux êtres à une destinée commune fondée sur des ambiguïtés où l'on tente de trouver quelque grandeur.
Si l'adolescence est l'inquiétude du long chemin, le grand âge est celle du temps rétréci.
La vengeance du mari cocu, faire manger à l'épouse infidèle le cœur de son amant.
Le mariage, c'est des remparts à abattre, des fleuves à détourner, des volcans à éteindre.
À force de vivre solitaire, on finit par acquérir un très mauvais caractère.
Défions-nous de qui promet s'il ne promet pas aussi de tenir sa promesse.
La difficulté est de se sentir heureux du bonheur de ceux qui sont heureux parce que nous ne le sommes pas.
Les fourbes ne font qu'égratignures en laissant aux autres le soin de porter la gangrène.
L'univers est un composé d'exceptions qui ne trouvent pas de règle à confirmer.
Ce qui gêne dans la bonne volonté, c'est qu'on se croit tenu d'en faire preuve.
Toute naissance s'accompagne d'une double punition : condamnation aux travaux forcés, condamnation à mort.
L'homme juste sait être indulgent envers les fautes des humbles et sévère pour celles des grands.
Telles doctrines philosophiques ne sont souvent que le support d'un jargon.
L'imagination passive est préférable à l'abus de paroles sans imagination.
Le miracle serait qu'un miracle se reproduise.
Qui se répète sans cesse finit par nous lasser !
On se console d'être en retard en se disant qu'on est en avance sur autre chose.
La solitude volontaire est un baume. La solitude subie, une agression.
Le divorce est le médicament du mariage malade, mais il ne tue pas tous les microbes.
Le savoir ne dispense d'agir car la pensée est sœur de l'action.
Les petits cadeaux entretiennent l'amitié de ceux qui les vendent.
Le timide est ce voyageur qui ne cesse de rebrousser chemin.
L'avare compte sans dépenser mais ne dépense pas sans compter.
Distribuer les éloges, c'est se flatter.
L'homme est un problème à résoudre sans qu'il y ait de solution à trouver.
La plus grande jouissance est de confier à l'indiscret des secrets imaginaires !
La plus sadique jouissance de la réponse est de faire regretter la question.
Si la curiosité est un péché, que dire de l'incuriosité ?
La flatterie est une arme à portée variable atteignant aussi bien le sage que le sot.
Le flatteur tente d'acheter ce qui n'est pas à vendre, mais avec de la fausse monnaie.
Le secret le mieux gardé est celui que l'on a soi-même oublié.
Tel se dit confident qui n'est qu'un voleur de secrets.
Chaque âge a ses plaisirs, mais les plaisirs d'un âge autre que le nôtre sont les plus exquis.
Dans une vie, pleurs et rires se succèdent.
L'alibi du plagiaire est d'ouvrir parfois des guillemets ; son erreur est d'oublier de les refermer.
Quand des lèvres se recherchent de nouveau avec gourmandise, le baiser se prolonge.
Le pain perdu, c'était la gourmandise du pauvre !
Le doute interroge ; la certitude désespère.
La difficulté, c'est l'honneur du problème ; la vie est l'amas des problèmes irrésolus.
Quand on me parle d'abondance, j'écoute avec économie.
Le véritable scandale de la misère, c'est notre impuissance à la guérir.
Que la paresse soit un des sept péchés capitaux nous fait douter des six autres.
À un point donné de la corruption, certains se croient incorruptibles.
L'optimiste prend les choses comme elles ne viennent pas ; le pessimiste comme elles pourraient venir.
Avoir le courage de ses opinions, mais à condition d'avoir des opinions courageuses !
Pressez les fruits mûrs du Temps pour en extraire la liqueur de l'instant dont se nourrit la vie.
Quand il n'est que regardé, le vaniteux se croit considéré.
Lorsque le hasard nous apporte ses faveurs, nous le baptisons du nom de Providence.
Dire n'importe quoi et attendre la contradiction est le dandysme de la conversation.
Seuls les inséparables peuvent être séparés.
Il n'est pas dans la nature de l'intellect de pervertir l'intelligence, mais cela arrive parfois.
Si un riche se croit pauvre, c'est quand il trouve un plus riche que lui.
Lorsque nous décelons les arrière-pensées de la pensée, nous touchons à la pensée.
Une pensée qu'on ne confronterait pas à sa contradiction serait une pensée inachevée.
Rien de tel que les choses promises pour rester à l'état de choses dues.
Le superflu des uns est toujours le larron du nécessaire des autres.
À un certain degré d'éloquence, on applaudit l'éloquence et non le propos.
Affirmer qu'une idée est contestable, c'est déjà la contester.
Qui n'est pas l'homme des tolérances, des indulgences, n'est pas davantage l'homme des facilités.
Tu l'es rancunier, vieille savate, j'te demande humblement, t'entends, humblement pardon !
Le Français aime à grincer et à médire.
Flatter, c'est comme médire, il en reste toujours quelque chose.
Toute approbation est double : qui approuve s'approuve.
Il est des aboiements qui font plus mal que des morsures.
Il ne faut rien refuser du hasard qui apporte aussi ses récompenses.
Le vaniteux se nourrit de la flatterie.
Le racisme engendre le racisme comme la putréfaction le ver.
Qui ment comme il respire s'étouffe.
Toute louange est un blâme différé.
Il faut pardonner, et non pas blâmer.
Texte censuré deux fois : quand la critique en parle, quand elle n'en parle pas.
Le vaniteux que personne ne vante se vantera lui-même sans faillir.
Si ces gens avaient la même opinion, ils ne parleraient pas tous ensemble.
Qui s'écoute parler a cette excuse de n'être que son seul auditeur.
Ce que nous reprochons aux bavards, c'est qu'ils nous empêchent de parler.
Un bavard, à bien réfléchir, c'est un homme qui parle tout seul.
Un médisant est quelqu'un qui cherche l'éveil de votre intérêt.
Les petites idées ne sont que des points de vue.
Jeune couillon, pour trente balles, y va pas aussi s'payer ma gueule !
On ne bat pas une femme même avec une fleur !
Qui se compare, il se pare aussitôt.
On vit dans un monde où il faut se battre.
Si vous et votre ennemi marchez dans des directions opposées, n'oubliez pas que la terre est ronde.
S'il m'arrive d'être pendu, j'en mourrai de chagrin.
Si je doute et doute de mon doute, je trouve là mon lot d'absurdités.
Sous la colère une insulte peut-être une menace.
Annoncer une surprise, c'est la tuer.
Le bon propos, c'est celui qui riposte comme l'éclair et laisse le fâcheux si démuni qu'il ravale sa bile.
Il faut apprendre à manier l'injure sans employer quelque mot malsonnant.
Rien de plus admirable que les êtres admirables quand ils admirent.