La vieillesse, c'est le temps où les anniversaires ne sont plus des fêtes.
Cet abîme qui sépare deux êtres, qui sait s’ils ne se retrouveront pas tout au fond ?
Le temps perdu ne se rattrape jamais, mais l'autre non plus.
La laideur est la franchise du Démon.
Il ne faut pas confondre changer et donner le change.
Rien n'est plus impudique que la pudeur affectée.
Il est des gens sympathiques comme l'encre du même nom : lorsqu'on ne peut pas les lire.
Admirer à demi, c'est ne pas admirer du tout.
L'admiration sert à s'admirer admirant.
La louange fait rougir mais ne forge pas.
Flatter les flatteurs est une belle représaille.
La flatterie nous enveloppe comme un bonbon.
Tout éloge nous surprend en flagrant délit d'immodestie car ce que nous en retenons est encore trop.
Point ne sert de vivre longtemps s'il s'agit de vivre mort.
Qui ne sait pas montrer démontre.
Ce que l'on reproche au style léché, c'est d'être mal léché.
Tel bavarde par bravade.
On ne pardonne vraiment que l'impardonnable.
Si l'adolescence est l'inquiétude du long chemin, le grand âge est celle du temps rétréci.
Parfois, nous avons tout pour être heureux ; il ne nous manque que le bonheur.
La banalisation de l'adultère est la fin du théâtre de boulevard.
Un polygame est quelqu'un qui n'a pas de femme du tout.
En amour, il existe plus de dépérissements que de morts subites.
Défions-nous de qui promet s'il ne promet pas aussi de tenir sa promesse.
Les fourbes ne font qu'égratignures en laissant aux autres le soin de porter la gangrène.
L'homme juste sait être indulgent envers les fautes des humbles et sévère pour celles des grands.
Telles doctrines philosophiques ne sont souvent que le support d'un jargon.
Une philosophie en forme de conte de fée trouverait de délicieux adeptes.
Le miracle serait qu'un miracle se reproduise.
Le timide est ce voyageur qui ne cesse de rebrousser chemin.
Distribuer les éloges, c'est se flatter.
Si la curiosité est un péché, que dire de l'incuriosité ?
Le Poème enlève à l'esprit la rouille des jours.
Le pain perdu, c'était la gourmandise du pauvre !
La difficulté, c'est l'honneur du problème ; la vie est l'amas des problèmes irrésolus.
Que la paresse soit un des sept péchés capitaux nous fait douter des six autres.
À un point donné de la corruption, certains se croient incorruptibles.
Seuls les inséparables peuvent être séparés.
Il n'est pas dans la nature de l'intellect de pervertir l'intelligence, mais cela arrive parfois.
Lorsque nous décelons les arrière-pensées de la pensée, nous touchons à la pensée.
Une pensée qu'on ne confronterait pas à sa contradiction serait une pensée inachevée.
Rien de tel que les choses promises pour rester à l'état de choses dues.
À un certain degré d'éloquence, on applaudit l'éloquence et non le propos.
Texte censuré deux fois : quand la critique en parle, quand elle n'en parle pas.
Si ces gens avaient la même opinion, ils ne parleraient pas tous ensemble.
Ce que nous reprochons aux bavards, c'est qu'ils nous empêchent de parler.
Un bavard, à bien réfléchir, c'est un homme qui parle tout seul.
Les petites idées ne sont que des points de vue.
Un menteur n'est jamais si menteur que lorsqu'il oublie de mentir.
On ne peut se mentir à soi-même sans sa propre complicité : mensonge double.
Un mensonge n'est souvent qu'un anachronisme, une anticipation de la vérité en retard.
La paresse a cette vertu d'empêcher bien des crimes.
L'étonnement perpétuel n'est pas un étonnement, mais une manie.
On ne bat pas une femme même avec une fleur !
Le bégaiement n'est autre que l'amour immodéré de la syllabe.
Qui pleure la mort de l'autre pleure la sienne par anticipation.
Un esprit immobile est celui qui ne rêve que de nuit.
Aiguiser son esprit, c'est comme trop tailler un crayon : il s'use vite.
L'argumentation use la matière plus qu'elle ne la polit.
Le don en amour, c'est de s'amenuiser en soi pour grandir en l'autre
On peut, sans mentir, ne pas dire la vérité. C'est là un fameux mensonge.
On croit donner de l'instruction, on ne fait que donner des instructions.
Nos ennemis ont au moins cette particularité qu'ils ne peuvent se passer de nous.
Qui se compare, il se pare aussitôt.
La faiblesse du menteur consiste à mentir faux.
Il est aussi vaniteux de se vanter de ne pas être décoré que de se prévaloir de l'être.
Le glouton est moins un homme affamé qu'un homme qui a peur d'avoir faim.
Mieux vaut parfois être sourd que malentendant.
On vit dans un monde où il faut se battre.
Oublie que tu es célèbre, j'oublierai que je suis inconnu !
Trouver le point où l'intelligence se mésallie.
Quand tu riras bien pour être le dernier, les pleurs seront tes juges.
Toute pensée est une avant-pensée.
Sans la pensée et le savoir, la décision est orpheline.
Celui qui va jusqu'au bout de sa pensée en découvre les limites.
Si je le dis comme je le pense, je ne tarderai pas à le penser puisque je l'ai dit.
La pitié peut naître de l'affliction comme du mépris, il est des pitiés impitoyables.
Lorsque l'on dit « beau comme un dieu », on ne dit jamais lequel.
L'espoir fait vivre, dit-on, mais moins volontiers celui qui espère que celui qui donne à espérer.
Nous ne sommes souvent sans échecs que parce que sans ambition.
Il n'est plus odieux cabotinage que celui de la simplicité.
Une sincérité qui se regarde tombe dans l'équivoque.
Les gros mensonges mangent les petits.
Les plus insidieux mensonges sont ceux qu'on se fait à soi-même.
Penser, c'est être deux.
L'antonyme de l'action se nomme turbulence.
Si vous et votre ennemi marchez dans des directions opposées, n'oubliez pas que la terre est ronde.
Sans ennemis, nous n'aurions pas d'alliés.
Il est louable de faire du plus éloigné son prochain.
Quand l'amitié triomphe des années, c'est qu'on est resté longtemps sans se voir.