Titre : Je soupire ; je doute.
Recueil : Les sonnets et poésies choisies (1878)
La tristesse s'étend sur mon âme blessée :
Je prête en vain l'oreille aux échos printaniers ;
De noirs pressentiments arrêtent ma pensée ;
Cependant le soleil fleurit les marronniers !
Seul, à pas lents, je vais, rêveur, tête baissée,
Cherchant la solitude à l'ombre des halliers,
Où j'entends sans plaisir la chanson cadencée
Que répète l'oiseau sous les verts peupliers...
Je regarde sans voir : je soupire ; je doute ;
Au bout des plus riants chemins,
Mes yeux trouvent un deuil pour les rêves humains !
Parfois l'espoir sourit : — Puis aussitôt le doute,
Au rire brutal et moqueur,
Comme un démon cruel vient torturer mon cœur !
Clément Michaëls