La mémoire est toujours aux ordres du cœur.
Les souvenirs sans espoir ne sont que des regrets.
L'amitié est la soeur de l'amour, mais pas du même lit.
Le peuple donne sa faveur, jamais sa confiance.
La vanité fait plus d'heureux que l'orgueil.
La meilleure loi n'est pas la plus juste, mais la plus stable.
Dieu explique le monde, et le monde le prouve, mais l'athée nie Dieu en sa présence.
Un poète a placé la critique à la porte du temple du goût comme sentinelle des beaux-arts.
Le bon ton dans la conversation est ce que le bon goût est dans les beaux arts.
Entre deux cœurs faits pour s'aimer, il se fait entre eux une fusion de goûts et d'idées.
L'amitié est pour l'hiver de l'âge ce qu'est l'amour pour la jeunesse.
Un sot a beau faire broder son habit, ce n'est toujours que l'habit d'un sot.
Les idées sont comme les hommes ; elles dépendent de l'état et de la place qu'on leur donne.
Les idées perdront toujours leur procès contre les sensations.
Si l'amour a ses fureurs, la haine a sa patience.
L'amour et la guerre ont des causes, la haine a ses raisons.
Si l'amour naquit entre deux êtres qui se demandaient le même plaisir, la haine est née entre deux êtres qui se disputaient le même objet.
Il y a quelque chose de plus haut que l'orgueil, c'est la modestie.
Il y a quelque chose de plus rare que la modestie, c'est la simplicité.
La présomption est fille de l'ignorance.
Le langage est la peinture de nos idées.
Le temps est le rivage de l'esprit, tout passe devant lui, et nous croyons que c'est lui qui passe.
Quand la raison est assise sur le rivage ; ses conseils sont perdus pour ceux qui sont en pleine mer.
On n'est jamais plus écrasé ou mieux consolé que par l'opinion publique.
La justice est fille et non mère de la puissance.
La justice n'est que le moyen et non le but de la société.
L'imagination n'est que le sentiment d'un premier sentiment qui nous revient.
La fortune déplace les sots plus qu'elle ne cache les gens d'esprit.
Les pavots de la vieillesse s'interposent entre la vie et la mort pour nous faire oublier l'une, et nous assoupir sur l'autre.
Deux vrais amis portent ensemble le fardeau de la vie ; ils bravent la mort l'un pour l'autre, et qui plus est, l'opinion et le mépris.
L'indulgence pour ceux qu'on connaît est bien plus rare que la pitié pour ceux qu'on ne connaît pas.
Exiger l'homme sans passions, c'est vouloir régenter la nature.
Les liaisons fondées sur un sentiment calme et froid ; les intimités qui s'accommodent de l'absence ; ces cœurs qui s'estiment et qui s'aiment de loin sont fort communs : ce sont eux qui parlent sans cesse de services, de bienfaits, d'obligations et de reconnaissance ; sorte de mots qui ne se trouvent pas dans le répertoire de l'amitié.
Le regret et le remords tombent toujours sur ce qu'il y a de libre dans nos actions : le regret, quand l'action est indifférente ; et le remords, lorsqu'il y a moralité.
L'incrédule se trompe sur l'autre vie ; le croyant se trompe souvent sur celle-ci.
Le talent n'est autre chose que l'esprit d'employer l'esprit.
S'il est vrai que les conspirations sont quelquefois tracées par des gens d'esprit, elles sont toujours exécutées par des bêtes féroces.
Les visions ont un heureux instinct : elles ne viennent qu'à ceux qui doivent y croire.
Il faut de si fortes raisons pour vivre, qu'il n'en faut pas pour mourir.
Les gens d'esprit envient les savants, les savants envient les gens d'esprit.
Il y a des gens qui n'ont de leur fortune que la crainte de la perdre.
La fortune sans bonheur, c'est avoir une femme sans l'amour.
Un livre qu'on soutient est un livre qui tombe.
Le crédit est la seule aumône qu'on puisse faire à un grand État.
Le savant se cherche, et le riche s'évite.
La rapidité est sublime, et la lenteur majestueuse.
L'esprit voit vite, juste et loin.
Une femme sans talent est la marâtre de son esprit ; elle ne sait que tuer ses idées.
Les lectures de société éventent le génie et déflorent un ouvrage.
Il ne faut pas des sots aux gens d'esprit, comme il faut des dupes aux fripons.
C'est un terrible avantage de n'avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser.
Le langage de l'homme modeste donne du lustre à la vérité : la timidité de ses assertions absout ses erreurs.
Toutes nos idées sont d'abord des sensations, et ensuite des souvenirs.
La plupart de nos impies ne sont que des dévots révoltés.
Quand la fortune nous exempte du travail, la nature nous accable du temps.
L'homme passe sa vie à raisonner sur le passé, à se plaindre du présent, à trembler pour l'avenir.
Donner des conseils, c'est souvent suggérer aux autres ses propres sottises.
L'abus de l'esprit tue l'esprit, comme l'abus du plaisir anéantit le plaisir.
Le monde est un livre dont les caractères sont illisibles pour bien des gens.
Les vices sont souvent des habitudes plutôt que des passions.
L'avare est le pauvre par excellence, c'est l'homme le plus sûr de n'être pas aimé pour lui-même.
Quand la raison monte sur le trône, les passions entrent au conseil ; et quand il y a crise, les passions sont plus tôt averties du péril que la raison.
Le peuple accorde aisément sa faveur, et presque jamais sa confiance.
La raison est historienne mais les passions sont actrices.
La femme ne se donne qu'à son premier amour, à tous les autres, elle se reprend.
Une nation n'a point de droits contraires à son bonheur.
Une femme qui voyage laisse voyager son coeur.
Quand vous m'insulterez, compter sur mon mépris, le plus vil d'entre vous pourrait s'y trouver pris.
Le monde est un théâtre, et dans ses jeux cruels, l'idole du matin le soir n'a plus d'autels.
Le mépris doit être le plus mystérieux de nos sentiments.