Aime-toi le premier, ton amitié féconde peut se prêter ensuite en faveur d'un égal ; mais pour faire du bien, fais tel choix de ton monde, qu'il ne t'en arrive aucun mal.
Denys Caton - Œuvre : Les distiques, Livre 1, XI - IIIe s.
Aime-toi le premier, ton amitié féconde peut se prêter ensuite en faveur d'un égal ; mais pour faire du bien, fais tel choix de ton monde, qu'il ne t'en arrive aucun mal.
Avec un grand parleur n'entre point en matière, pour l'emporter sur lui tu perdrais ton repos : Tous ont pour la parole un talent ordinaire, mais peu pour parler à propos.
Ne sois pas trop crédule à tout ce que déclame contre tes serviteurs une épouse en courroux : On déplaît souvent à la femme pour avoir le malheur de trop plaire à l'époux.
Cède lorsqu'il convient d'user de complaisance, sache aussi te montrer ferme en tes sentiments : C'est un effet de la prudence de changer quand il faut s'accoutumer au temps.
Si tu veux observer la conduite des hommes déréglés, soumis à leurs sens : Avant de les blâmer, pense à ce que nous sommes ; pense qu'il n'en est point qui vivent innocents.
D'esprit toujours égal, jamais ne t'abandonne à dire ou faire rien qui soit contraire à toi : Un homme ne saurait s'entendre avec personne qui n'est pas d'accord avec soi.
Aux objets les plus chers, lorsqu'ils peuvent te nuire, renonce avec facilité : L'amour même des biens, pour ne pas nous séduire, doit céder à son tour à notre utilité.
Montre-toi vivement sensible aux bons offices, que dans l'occasion quelqu'un t'aura rendus, et n'imite pas ceux près de qui les services, et les plus grands soins sont perdus.
Ne vas pas en public censurer la conduite, d'un homme qui longtemps fut un de tes amis ; bien qu'il ait changé dans la suite, pense toujours aux nœuds qui vous avaient unis.
Respecte un sentiment reçu de tout le monde, ne sois pas seul de ton avis : Un esprit orgueilleux, qui dans son sens abonde, méprisant le public, attire ses mépris.
N'étant point assuré du temps que tu dois vivre, envisage de près le moment du trépas : Comme tu vois ton ombre attachée à te suivre, la mort te suit à chaque pas.
Si la perte des biens te met dans la détresse, en ton affliction sois sage et retenu ; mais montre une juste allégresse, si tu vois par hasard grossir ton revenu.
Fais de tes revenus un honorable usage ; de l'infâme avarice abhorre les liens : De ton or quel est l'avantage, lorsque tu restes pauvre au milieu de tes biens ?
Te voyant opulent dans l'extrême vieillesse, qui t'annonce un trépas prochain, à tes meilleurs amis fais part de ta richesse ; et jouis de la vie en attendant la fin.
Si tu veux vivre heureux, méprise l'opulence, garde-toi de courir après l'or et l'argent : Au sein même de l'abondance l'avare des mortels est le plus indigent.
N'use jamais de sortilège pour percer les secrets de la Divinité : Celui, dont dépend l'homme, use du privilège de disposer de lui sans qu'il soit consulté.
Tâche en tout de tendre à l'utile ; prends garde que l'erreur n'y glisse son venin : Si le travail est difficile, soutiens-le par l'espoir d'un salaire certain.
Ne t'abandonne point à la funeste envie de savoir le moment décisif de ton sort : Quiconque s'accoutume à mépriser la vie, voit sans crainte approcher la mort.
N'aime l'argent que pour l'usage, et de son vain éclat ne sois jamais épris : À ce trait on connaît le sage, qui pour le métal seul ne sent que du mépris.
Entre tous les défauts les plus dignes de blâme, évite l'avarice et fuis la volupté : Un homme passe pour infâme, sur ces vices honteux sitôt qu'il est noté.
Ne soutiens jamais par colère quelque fait que ce soit, surtout s'il est douteux : La raison vainement t'offrira sa lumière, lorsque la passion te fermera les yeux.
Tu crois devoir donner quelque avis salutaire, qu'un indocile ami ne veut pas recevoir. Ne te rebute point ; et d'un amour sincère, montre-lui toujours son devoir.
Des grands parleurs surtout prends de la défiance ; qui parle beaucoup dit peu de vérité.
Les femmes qui soignent beaucoup leur toilette soignent peu la vertu.