Les citations célèbres de Denys Caton :
N'entrez pas en discussion avec les grands parleurs : la parole est donnée à tous, la sagesse au petit nombre.
Quand vous donnez des conseils à quelqu'un et qu'il les repousse, s'il est votre ami, ne renoncez point à la tâche que vous avez entreprise.
Ne croyez pas légèrement les plaintes que porte votre épouse contre vos serviteurs ; car souvent une femme déteste celui que son mari aime.
Veillez toujours le plus qu'il vous est possible, et ne vous livrez point trop au sommeil ; car un repos trop prolongé fournit des aliments aux vices.
Persuadez-vous bien que la première des vertus est de retenir sa langue : personne n'approche plus de la Divinité que celui qui sait se taire à propos.
Ne vous mettez jamais en contradiction avec vous-même. Qui n'est pas d'accord avec soi ne peut l'être avec personne.
Si vous examinez la vie et les mœurs des autres hommes, souvenez-vous, même en les censurant, que personne sur la terre n'est exempt de reproche.
Quelque prix que vous attachiez à une chose, renoncez-y si elle peut nuire. Il faut, dans l'occasion, préférer l'utilité aux richesses.
Montrez-vous sévère ou indulgent selon que le cas l'exige. Le sage, sans crainte de blâme, agit selon les circonstances.
Lorsqu'on a sujet de se plaindre d'un ami, il faut s'en détacher peu-à-peu , et dénouer plutôt que rompre les liens de l'amitié.
Bien que tu sois dans l'opulence, à cultiver les arts donne ton premier soin. De la fortune un jour si tu sens l'inconstance, l'art te reste, et jamais ne te manque au besoin.
Pense dans l'opulence à jouir de la vie, ne te refusant rien pour la santé du corps : Le riche a des écus, mais, par la maladie, il perd le plus grand des trésors.
Lorsqu'on parle à ton avantage, sache alors te juger toi-même à la rigueur : Au sentiment d'autrui n'en crois pas davantage, qu'au témoignage de ton cœur.
Reçois les bons conseils qu'un serviteur te donne sans t'armer contre lui d'une sotte fierté, et ne méprise dans personne les avis dont tu peux sentir l'utilité.
Par un faux esprit de critique, des actions d'autrui ne sois point le censeur, de peur qu'à ton exemple un autre satirique, ne t'accable à ton tour en raillant le railleur.
Viens offrir à ton Dieu l'encens et la prière ; laisse pour le travail croître les animaux, et ne crois pas du Ciel apaiser la colère, en versant le sang des taureaux.
Si tu veux conserver une vigueur parfaite, tu dois user de tout avec sobriété, le plus souvent faire diète, peu donner aux plaisirs, beaucoup à la santé.
Évite avec soin la paresse qui d'une vie heureuse épuise les trésors : Il n'est pas de poison pareil à la mollesse ; l'oisiveté de l'âme est la perte du corps.
Veille autant que tu peux ; et fuyant la mollesse, des douceurs du repos n'use que sobrement ; car le trop long sommeil engendre la paresse, qui sert au vice d'aliment.
Si quelqu'un pèche en ta présence, reprends-le ouvertement, bien loin de le flatter : On pourrait croire à ton silence que tu souffres un mal que tu veux imiter.
Cherche dans une femme un esprit sociable, et ne l'épouse pas pour de vils intérêts ; ou si, d'humeur insupportable, elle veut te quitter, ne la retiens jamais.
Ne dissimule point le bien qu'on t'a su faire ; en public nommes-en l'auteur : Celui que tu feras, sois habile à le taire ; fais sentir le bienfait, cache le bienfaiteur.
La première vertu de l'homme raisonnable, est de mettre à sa langue un frein judicieux : Il n'est rien de plus estimable, l'homme qui sait se taire est presque égal aux Dieux.
Pense sans t'effrayer à cette dernière heure, où tu dois terminer ton cours : Trembler de crainte qu'on ne meure, c'est renoncer à vivre et mourir tous les jours.
Une peine d'esprit, un sujet de tristesse, t'oblige à rechercher un salutaire avis : Pense qu'aux maux de cette espèce, les médecins sont les meilleurs amis.
L'oisiveté est la mère de tous les vices.
Fuis tant que tu pourras la dépense inutile ; contente-toi de peu, lorsqu'il faut ménager : Plus le fleuve est petit, plus la barque fragile, vogue sur l'onde sans danger.
Lorsque quelqu'un te jure une amitié fidèle, portant la haine dans le cœur, ne le rebute point ; montre-lui même zèle : L'artifice est permis pour tromper le trompeur.
Oblige promptement dès que tu peux le faire, sans promettre deux fois un bienfait trop vanté ; on passe pour vain d'ordinaire, en faisant trop valoir sa générosité.
Contre la pauvreté le plus sûr des remèdes, est d'user sobrement du bien qu'on t'a laissé : Pour garder ce que tu possèdes, pense à tous les besoins dont l'homme est menacé.
Si tes bienfaits et tes services, n'ont pu te procurer un ami comme il faut : Ne t'en prends point au Ciel l'accusant d'injustices, et ne blâme que ton défaut.
Tu vois que la nature au jour de ta naissance, t'a mis au monde pauvre et dans la nudité : Souffre donc sans impatience, les rigueurs de la pauvreté.
Le présent qu'un ami t'offre en son indigence, quelque petit qu'il soit, reçois-le avec bonté ; et pour premier effet de ta reconnaissance, vante sa libéralité.
La vie étant fragile et peu sûre à tout âge, quelque bonne santé dont tu puisses jouir, ne compte point sur l'héritage, qu'à la mort d'un parent tu pourrais obtenir.
Quand pour toi la fortune est la plus libérale, redoute en ses faveurs quelque revers fatal : Elle change souvent, et sa course inégale commençant bien, peut finir mal.
Ne t'inquiète point lorsque tu verras dire, quelque chose en secret à l'oreille d'autrui : Celui dont la conduite offre le plus à rire, croit toujours qu'on parle de lui.
Lorsque ton souvenir rappelle en ta vieillesse, des faits que tu veux raconter, pense à ce que tu fis dans ta jeunesse, et du bien et du mal tâche de profiter.
Ce qu'on t'aura promis d'un air de certitude, ne vas pas le promettre avant de l'obtenir : Combien dans leur parole ont peu d'exactitude ! beaucoup savent promettre, et peu savent tenir.
Ne prends point part aux bruits que sème le vulgaire, de crainte de passer pour en être l'auteur : On ne risque rien à se taire, et souvent pour parler on cause son malheur.
Aime-toi le premier, ton amitié féconde peut se prêter ensuite en faveur d'un égal ; mais pour faire du bien, fais tel choix de ton monde, qu'il ne t'en arrive aucun mal.
Avec un grand parleur n'entre point en matière, pour l'emporter sur lui tu perdrais ton repos : Tous ont pour la parole un talent ordinaire, mais peu pour parler à propos.
Ne sois pas trop crédule à tout ce que déclame contre tes serviteurs une épouse en courroux : On déplaît souvent à la femme pour avoir le malheur de trop plaire à l'époux.
Cède lorsqu'il convient d'user de complaisance, sache aussi te montrer ferme en tes sentiments : C'est un effet de la prudence de changer quand il faut s'accoutumer au temps.
Si tu veux observer la conduite des hommes déréglés, soumis à leurs sens : Avant de les blâmer, pense à ce que nous sommes ; pense qu'il n'en est point qui vivent innocents.
D'esprit toujours égal, jamais ne t'abandonne à dire ou faire rien qui soit contraire à toi : Un homme ne saurait s'entendre avec personne qui n'est pas d'accord avec soi.
Aux objets les plus chers, lorsqu'ils peuvent te nuire, renonce avec facilité : L'amour même des biens, pour ne pas nous séduire, doit céder à son tour à notre utilité.
Montre-toi vivement sensible aux bons offices, que dans l'occasion quelqu'un t'aura rendus, et n'imite pas ceux près de qui les services, et les plus grands soins sont perdus.
Ne vas pas en public censurer la conduite, d'un homme qui longtemps fut un de tes amis ; bien qu'il ait changé dans la suite, pense toujours aux nœuds qui vous avaient unis.
Respecte un sentiment reçu de tout le monde, ne sois pas seul de ton avis : Un esprit orgueilleux, qui dans son sens abonde, méprisant le public, attire ses mépris.
N'étant point assuré du temps que tu dois vivre, envisage de près le moment du trépas : Comme tu vois ton ombre attachée à te suivre, la mort te suit à chaque pas.
Si la perte des biens te met dans la détresse, en ton affliction sois sage et retenu ; mais montre une juste allégresse, si tu vois par hasard grossir ton revenu.
Fais de tes revenus un honorable usage ; de l'infâme avarice abhorre les liens : De ton or quel est l'avantage, lorsque tu restes pauvre au milieu de tes biens ?
Te voyant opulent dans l'extrême vieillesse, qui t'annonce un trépas prochain, à tes meilleurs amis fais part de ta richesse ; et jouis de la vie en attendant la fin.
Si tu veux vivre heureux, méprise l'opulence, garde-toi de courir après l'or et l'argent : Au sein même de l'abondance l'avare des mortels est le plus indigent.
N'use jamais de sortilège pour percer les secrets de la Divinité : Celui, dont dépend l'homme, use du privilège de disposer de lui sans qu'il soit consulté.
Tâche en tout de tendre à l'utile ; prends garde que l'erreur n'y glisse son venin : Si le travail est difficile, soutiens-le par l'espoir d'un salaire certain.
Ne t'abandonne point à la funeste envie de savoir le moment décisif de ton sort : Quiconque s'accoutume à mépriser la vie, voit sans crainte approcher la mort.
N'aime l'argent que pour l'usage, et de son vain éclat ne sois jamais épris : À ce trait on connaît le sage, qui pour le métal seul ne sent que du mépris.
Entre tous les défauts les plus dignes de blâme, évite l'avarice et fuis la volupté : Un homme passe pour infâme, sur ces vices honteux sitôt qu'il est noté.
Ne soutiens jamais par colère quelque fait que ce soit, surtout s'il est douteux : La raison vainement t'offrira sa lumière, lorsque la passion te fermera les yeux.
Tu crois devoir donner quelque avis salutaire, qu'un indocile ami ne veut pas recevoir. Ne te rebute point ; et d'un amour sincère, montre-lui toujours son devoir.
Des grands parleurs surtout prends de la défiance ; qui parle beaucoup dit peu de vérité.
Les femmes qui soignent beaucoup leur toilette soignent peu la vertu.