En morale, en littérature, en tout, il y a de mauvais usages si répandus, de mauvaises locutions si enracinées, que ce sont ceux qui agissent et parlent correctement qui passent au contraire, aux yeux du vulgaire, pour mal faire et mal dire.
Il n'y a de sérieux dans ce monde que ce qui paraît plaisant au vulgaire des hommes.
Après ceux qui le trompent, le vulgaire estime surtout ceux qui lui font peur. Entre l'avarice et la libéralité il y a un moyen : l'économie ; comme entre la jeunesse et la vieillesse il y a l'âge mûr.
Ne me sentant de dispositions ni pour le tromper ni pour lui faire peur, je renonce à l'estime du vulgaire.
L'apparence est un rideau derrière lequel la vérité est cachée, la réalité se dérobe au vulgaire.
La sagacité du vulgaire est vulgaire elle-même ; elle ne devine que les vilenies de l'âme et jamais ses nobles pudeurs ou ses plus généreux mobiles.
Le vulgaire c'est la majorité du public. Seulement le public est chatouilleux dans son orgueil comme le peuple roi ; il faut incliner les faisceaux consulaires devant sa prétendue majesté.
Il est honteux pour l'humanité que, dans un siècle aussi éclairé que le nôtre, les impertinentes disputes soient encore à la mode, mais le vulgaire se ressemble dans tous les temps.
S'écarter le plus possible des gens vulgaires, c'est la meilleure réplique à leur donner.
La nature se sert des gens vulgaires pour faire souffrir ceux qui ne le sont pas.
Le vulgaire prend trop facilement les gens occupés pour de gens travailleurs.
Il est charmant de voir une femme manger avec appétit, autant des individus de sexe masculin, sauf quelques hommes ayant reçu une bonne éducation, sont facilement vulgaires dans cette occupation.
Le vulgaire est ignoble quand il raille et ridicule quand il juge.
L'homme vulgaire ne doute de rien et ne se doute de rien.
Le vulgaire ne reconnaît jamais par lui-même la valeur des choses et moins encore celle des gens.
Malotru : N'est plus usité en raison de son préfixe péjoratif et de son suffixe vulgaire.
L'intérêt n'est la clef que des actions vulgaires.
Finalement, le plus vulgaire en toi, c'est encore ton rire. C'est le dernier trait qui manquait à l'abjection de ton personnage, pauvre conne.
Des enfants étourdis viennent les hommes vulgaires.
Les événements qui ont le plus de retentissement dans le monde et qui influent le plus sur le sort des masses sont souvent amenés par les causes les plus indifférentes, qui demeurent ignorées du vulgaire.
Le vulgaire est si persuadé qu'il est de la dignité d'un grand d'être vain et arrogant, que lorsqu'un homme sorti du néant cherche à faire oublier son origine, il croit ne pouvoir mieux faire que de s'annoncer dans le monde par des fatuités.
Le vulgaire se prend toujours aux apparences et ne juge que par l'événement.
Le vulgaire juge des choses par la voix commune, et l'habile par la raison.
La reconnaissance part naturellement d'une belle âme ; les âmes vulgaires n'en connaissent que le mot.
Les amitiés vulgaires n'ont d'autre durée que l'intérêt, qui leur sert de lien.
L'homme vulgaire rit souvent sans sujet, par le simple effet d'une satisfaction intérieure qu'il ne peut contenir.
La femme est un animal vulgaire dont l'homme s'est fait un trop bel idéal.
Je me dérobe au vulgaire pour pouvoir me donner aux âmes de choix.
Les richesses, les biens inattendus nous amènent les soins des gens vulgaires ; les malheurs nous attirent les âmes élevées.
On hait moins ceux qui sont habituellement vicieux que ceux qui, se vantant d'avoir une conduite réglée, ne diffèrent cependant en rien du vulgaire.
Garde-toi des erreurs du vulgaire, ne nie, ni ne crois, sans fondement.
Les caractères exaltés dans les gens vulgaires sont insupportables.
C'est l'erreur du vulgaire de mesurer la bravoure par la puissance, et le génie par la fortune.
Dans un cœur vulgaire, le mépris d'une femme ne fait qu'ajouter un nouvel aliment au feu qui le dévore. Une âme grande rend dédain pour dédain, et triomphe bientôt d'une passion qui n'est pas payée de retour.
Le sublime des mœurs n'est pas à la portée du vulgaire.
Pour une âme vulgaire l'amour est une joie, pour une âme d'élite c'est presque une douleur.
Beaucoup de hauteur, unie à des sentiments vulgaires, donne le goût des subalternes.
La médiocrité résulte d'un ensemble de facultés vulgaires.
Le vulgaire appelle stupidement bonheur un état qui tue tous les petits chagrins qui donnent de l'assaisonnement et du piquant à l'existence. Le malheur n'a-t-il pas ce même cruel avantage ? Le bonheur, pour le philosophe, c'est l'alternance même et le contraste du plaisir et de la douleur.
Lequel vaut mieux : commencer par la sagesse et finir par la folie, comme Salomon ; ou bien, commencer par la folie et finir par la sagesse, comme le vulgaire ? Moralistes qui n'avez jamais payé de contributions à ce percepteur inexorable qu'on appelle faiblesse humaine, répondez !
Les préjugés sont les oracles du vulgaire?