La méfiance, les soupçons, les jugements mêmes sont des actes de charité, quand la charité les inspire pour procurer le bien, ou pour empêcher le mal.
Parlez, écrivez, agissez, pensez comme si vous aviez mille témoins.
On juge d'une piété sincère dans l'adversité, car la vertu est incertaine tant qu'elle n'est pas éprouvée par le malheur.
Il s'en faut bien que nous soyons fidèles à nos résolutions ; la faiblesse nous fait tomber ; la ferveur nous relève, et nous passons notre vie à tendre au bien et à faire le mal.
L'amour-propre se glisse dans la plupart de nos actions. Dans nos résignations il n'y en a guère.
Il est bien difficile de se défendre de l'orgueil, quand on commande toujours et qu'on n'obéit jamais.
Défiez-vous des personnes intéressées, vaines, ambitieuses, vindicatives. Leur relation ne peut que vous nuire.
Soyez tendre aux prières des malheureux. Dieu ne vous a fait naître dans un haut rang que pour vous donner le plaisir de faire du bien.
Le pouvoir de rendre service et de faire des heureux est le vrai dédommagement des fatigues, des désagréments et de la servitude de la grandeur.
Il est triste de voir que dans le monde ce qui est bon s'arrache par la force, et que ce qui est mal se fait aisément.
Ayez de la vigilance et de la patience ; rien n'est plus nécessaire à qui gouverne ou à qui obéit.
Il est bien doux de renvoyer à la Providence tout ce qui nous arrive d'heureux.
Ne nous lassons jamais de demander la paix ; la victoire ne réjouit que dans cette espérance.
N'espérez pas que votre union vous procure une paix parfaite ; les meilleurs mariages sont ceux où l'on souffre tour à tour l'un de l'autre avec douceur et avec patience. Il n'y en eut jamais sans quelque contradiction. Soyez complaisante sans faire valoir vos complaisances, supportez les défauts de l'humeur, ceux du tempérament et de la conduite, la différence des opinions et des goûts.
Hélas ! nous sommes nés pour souffrir, et chaque jour de la vie est marqué par quelque peine nouvelle.
Nous serions tous assez riches, si nous ne voulions que le nécessaire.
L'impatience aigrit et aliène les cœurs ; la douceur les ramène.
Vivez bien avec ceux qui vous aiment, ne vous plaignez jamais de vos ennemis : n'en parlez pas même ; ne recherchez et ne fuyez personne.
Evitez la vanité et l'oisiveté ; évitez surtout le péché : on se jette aisément dans le vice, on en sort difficilement.
La délicatesse est aux affections ce que la grâce est à la beauté.
L'amusement est le meilleur remède à l'affliction.
Étant si près de ma fin, que ne peut-on vivre du présent sans se jeter dans l'avenir ?
Il y a dans ce monde des personnes qu'on aime, qu'on estime, auxquelles on s'intéresse, et d'autres qu'il vaut mieux ignorer.
Les plus grandes afflictions n'ôtent pas la sensibilité : je n'ai jamais été si tendre pour mes amis et pour les malheureux !
Le souvenir du passé tue, le présent met le sang en mouvement, l'avenir fait transir.
Les vauriens ne me déplaisent pas toujours, pourvu qu'ils n'aillent pas jusqu'au vice et au manquement d'honneur.
Quand on dit de moi : « Elle raisonne encore juste, elle écrit encore d'une main ferme. » Me voilà bien louée !
Je n'ai nulle habileté pour prévoir l'avenir, mais je vois clairement que mon présent ne va pas très bien !
Dans l'instruction des enfants, il faut y employer toute sa vie. Quand on veut seulement orner leur mémoire, il suffit de les instruire quelques heures par jour, et ce serait même une grande imprudence de les accabler plus longtemps ; mais quand on veut former leur raison et leur esprit, détruire leurs mauvaises inclinations, en un mot, leur faire connaître et aimer la vertu, il s'en présente à tous moments des occasions.
Jouissez en philosophe de ce que vous avez ; comptez pour rien ce que vous n'avez pas.
Nous aimons à parler de nous-mêmes, dussions-nous parler contre nous.
Rien n'est moins raisonnable que de vouloir que des enfants le soient.
Il faut tout voir pour bien juger.
Les présents nous traitent fort bien, mais il n'en est pas de même des absents.
L'espérance nous crie sans cesse, en avant, en avant ! et nous attire ainsi jusqu'au tombeau.
Les vieillards vivent dans le passé ; les jeunes dans l'avenir ; l'homme mûr et sage dans le présent.
Le vrai moyen d'adoucir ses peines, c'est de soulager celles d'autrui.
La voix de la bienveillance est plus séduisante que la flatterie.
La vanité repousse la bienveillance, la modestie l'attire.
Les préceptes de morale disséminés sont comme les bons grains : quelque part qu'ils tombent, il y en a toujours quelques-uns qui germent.
On croit que la félicité suprême siège sur les gradins les plus élevés ; hélas ! c'est une erreur.
Il y a dans la droiture autant d'habileté que de vertu.
Les larmes sont, pour ceux qui en répandent aisément, comme une monnaie dont ils paient comptant le tribut que nous devons tous à la douleur et à la pitié.
Qui oserait pénétrer dans la carrière de la vie, s'il faillit y entrer par la fin ?
Les parvenus sont dans la dignité comme les carpes dans l'eau claire ; les uns y dégorgent, les autres y regrettent leur boue.
Accoutumez l'homme à raisonner juste en tout ; le vice comme le crime est un faux calcul.
Il en est de beaucoup d'entreprises comme de battre le briquet : on n'y réussit que par des efforts réitérés, et souvent à l'instant où l'on désespérait du succès.
C'est être bien avancé dans la science de la vie que de savoir souffrir.
La présomption ne tient lieu d'aucun talent, ni l'orgueil ou la vanité d'aucune vertu.
Ceux qui croient que l'amitié n'est point une passion ne la connaissent pas.
Les plaisirs et les peines, les biens et les maux sont tellement amalgamés, qu'on ne peut éviter les uns sans se priver des autres.
Ne soyez pas trop attaché au plaisir : il faut savoir s'en passer.
La bienveillance plaît à tous, même aux rois ; comme nous, ils ont besoin d'être heureux.
L'amour-propre nous rend infiniment plus sensibles aux disgrâces qu'aux faveurs de la fortune.
On calcule toujours mal quand on compte avec la crainte et l'espérance.
On ne triomphe de la calomnie qu'en la dédaignant.
La cour paraît dans le lointain comme un faisceau de fleurs ; de près, ce n'est plus qu'un buisson d'épines.
Pour les femmes, la douceur est le meilleur moyen d'avoir raison.
La philosophie nous met au-dessus des grandeurs ; rien ne nous met au-dessus de l'ennui.
L'homme sans religion est un automate qui marche vers le bonheur, et se brise avant d'y arriver.
Le monde est un menteur : il nous promet des plaisirs, et il ne nous donne que des peines ; et je sais mieux que personne qu'elles sont proportionnées à l'état de la fortune, et que les plus grands sont toujours les plus malheureux.
On vante les temps passés parce que l'imagination se nourrit de regret comme d'espérance.
On se plaint de la brièveté de la vie, et tous nos efforts tendent à la passer brièvement.
Il faut avoir vogué soi-même sur une mer agitée pour savoir consulter la boussole et manier le gouvernail.
Il y a dans le cœur humain deux mesures : l'une pour le plaisir, l'autre pour la douleur, qui se vident et se remplissent alternativement.