L'adolescence, cette époque où l'on ne connaît pas les nuances et où l'on cherche parmi les aînés ceux qui vous ont précédé dans un certain chemin, qui vous ont ressemblé autrefois, qui sont devenus pour vous des modèles.
Un type qui a beaucoup de douceur, beaucoup d'onction, une obstination inflexible. Ce sont ces natures à la fois molles et indomptables qui font les grands hérésiarques et les maîtres à penser. Elles sèment le scandale par probité intellectuelle.
Je ne suis pas un polémiste qui s'attaque aux gens. Je ne m'attaque qu'aux idées, aux doctrines, aux philosophies. Si je m'attaque à elles c'est pour leur substituer une philosophie que je juge plus juste, plus saine, plus réelle.
Le suprême bonheur pour moi est une vie dans une baraque à la campagne avec des petites rentes, des journées passées à triturer des phrases, à gueuler des cadences sous la charmille, à regarder la pluie tomber.
Je suis toujours très étonné quand j'entends les politiques expliquer qu'il faut instruire les gens et leur apporter la Culture. Je pense que si on leur demandait pourquoi, ils seraient bien embarrassés. La plupart des gens aujourd'hui se moquent complètement de la Culture, et n'ont aucun désir de s'instruire.
Les femmes, loin de leur amant, leur imagination se tait, et elles ressentent dans toute son horreur, sans recours, leur abandon. C'est pourquoi les infidélités des femmes sont plus graves que celles des hommes. L'homme infidèle n'oublie pas celle qu'il trompe ; la femme infidèle trompe lorsqu'elle a oublié.
Soyez forts, soyez braves, ayez de l'honneur, ne vous perdez pas en querelles idiotes, choisissez de mourir debout plutôt que de vivre à genoux, méritez la liberté par votre énergie et votre travail.
La tristesse est la marque du diable, la gaieté est celle de Dieu.
Tout est nu sur la terre, hormis l'hypocrisie.
L'imbécile vit dans l'hypocrisie comme le poisson dans la mer. Essayez de l'en tirer, il suffoque, se débat et crie si fort au cynisme que ses frères ameutés accourent à force d'ailerons et vous croquent en deux minutes.
Il en est des idées comme des vêtements, comme des objets, comme de tous les biens : il faut en être économe si l'on veut être riche.
Il y a des sottes, bien plus qu'on ne croit, qui gâchent leur jeunesse à se faire des contes de fées et qui passent le reste de leur vie à manger du pain sec.
Le drame des vieillards d'aujourd'hui est que nul n'a besoin d'eux, ce qui les enfonce, les pauvres, dans leur vieillesse et leur solitude.
Les nabots ont une majesté innée que leur vivacité exalte, et dont les personnes de hauteur normale se vengent en prétendant qu'ils rachètent leur nanisme par de l'arrogance.
Le plus bel ornement d'une jeune fille est sa pudeur.
Il faut qu'un père auprès de ses enfants soit une chose pesante, encombrante, qui inspire de la crainte, qui rend la vie simple et heureuse dans la mesure où il ordonne sans cesse.
C’est grâce aux petits exemples qu'on s'élève aux grandes vérités.
On a tous rencontré ce que les élèves rencontrent lorsqu'ils vont à l'école : la vie véritable, c'est-à-dire des gens avec lesquels on est en compétition. Non pas en compétition pour avoir de bonnes notes, mais en compétition pour vivre.
Le fort en thème sait tout ce qu'il faut savoir. La vraie culture commence au-delà — ou en deçà. Elle porte sur ce qui est inutile, sur ce qui est, d'une certaine façon, folklorique.
On ne vit qu'une fois, et c'est dans la jouissance qu'il faut être le plus audacieux.
J'ai toujours eu le sentiment quand j'écris, même des conneries, que Dieu est derrière moi, qu'il lit par-dessus mon épaule. J'écris pour lui d'abord, il est mon premier lecteur.
Les Parisiens sont odieux avec leur genre de mépriser le reste du monde et singulièrement la province.
Quand on croit être très malin, on ne fait que des bêtises.
Les définitions sont des flacons bien incommodes ! Tantôt l'essence qu'on prétend y isoler en déborde, et tantôt elle n'en occupe que le fond, où elle ne tarde pas à s'éventer.
Les lâches, les faux braves, ont à cœur de mériter leur décoration.
Qu'elle soit bonne, qu'elle soit mauvaise, cela n'a pas grande importance, la critique se prend au poids — quatre pages d'engueulades valent mieux que trois lignes de louanges.
Il vaut mieux être juste et passer pour injuste que le contraire.
Le travail porte en soi-même sa récompense qui est un surcroît de travail.
On ne saurait trop se méfier de ses amis, de ses alliés, de ses frères. Généralement, c'est eux qui vous poignardent.
Les tourments de la jalousie, les chagrins d'amour proviennent de ce que l'on place en autrui le but de ses pensées et de ses sentiments. Tout se passe, quand cette créature vous trompe, comme si elle détruisait le plus précieux de vous.
La bagatelle, on peut parfaitement s'en passer pendant des mois. La chasteté est bien moins pénible qu'on n'affecte de le dire, surtout les messieurs qui, sur ce chapitre, mentent à qui mieux mieux.
Ce qu'on n'a pas mérité est un cadeau, un sourire du destin.
Les accidents, cela fait partie de la fatalité, du destin, de la Providence, comme tu voudras. La fatalité est bête, mais elle est écrite, et après tout, peut-être que Dieu s'amuse à écrire des bêtises sur son grand livre.
L'homme est moins rare et moins précieux que l'éléphant, et il se reproduit plus vite, mais ce n'est pas une raison suffisante pour le massacrer.
La démocratie est à la monarchie ce que le divorce est au mariage.
La politique est une passion sérieuse comme l'amour, qui prend tout le temps et toutes les forces de celui qui s'y livre.
L'imbécile de notre temps est un imbécile romanesque.
Les myriades d'objets dont s'entourent les hommes sont des myriades de miroirs dans lesquels ils contemplent des morceaux d'eux-mêmes.
Il est plus facile d'être malheureux du malheur d'autrui qu'heureux de son propre bonheur.
Quelle pourrait bien être pour moi la femme idéale ? Un corps privé de pensée !
On s'attache à quelqu'un que l'on rend heureux : on aime le bonheur que l'on donne.
Les vacances sont la préoccupation unique des Français, leur passion, le but ultime de leur vie. Ils ne travaillent onze mois de l'année que pour le douzième, pendant lequel ils se reposeront. Le culte du repos, d'ailleurs, a remplacé celui du travail.
La miséricorde de Dieu est infinie, jusqu'à l'ultime fraction de seconde il peut pardonner.
Il y a toujours assez de temps pour s'ennuyer, c'est pour s'amuser ou travailler qu'on en manque.
La facilité est une illusion meurtrière car la vie n'est pas facile. A chaque instant on bute aux limites du possible, on se sent impuissant, écrasé, ligoté par le monde. Gagner facilement de l'argent, cela fait croire que tout est facile. Quand on a beaucoup d'argent, la vie ne présente plus d'obstacles.
Les femmes sont des caméléons, des miroirs pour l'homme qu'elles aiment.
Il y a des gens qui passent toute leur vie sans savoir qui ils sont, d'autres qui ne se doutent de rien, d'autres qui ne se sont jamais donné la peine de jeter un coup d'œil sur le monde extérieur. L'univers est rempli d'inconscients et d'aveugles. Tantôt ils ont de la chance, tantôt ils n'en ont pas. C'est cela, le destin.
À la longue on se lasse de faire le bonheur des gens malgré eux.
Un homme qui n'a pas d'ennemis est un homme qui n'a guère de personnalité, guère de caractère, qui, sa vie durant, s'est plié à plaire à tous plutôt que d'être fidèle à soi-même.
Il est des temps où rien n'est plus aisé que d'être brave, c'est quand tout le monde est lâche.
L'amour nous entraîne dans des chemins qu'on ne soupçonnait guère et tel se croit dans une comédie de Marivaux quand il est déjà dans une tragédie de Racine.
Beaucoup de choses qui nous arrivent dans la vie sont des accidents dans lesquels on se trouve pris par bêtise ou par inattention.
Une femme qui vous a quitté laisse dans l'âme une traînée éblouissante.
En amour, l'homme est un chasseur et la femme une proie.
Les lois de la bêtise sont aussi aberrantes que celles de l'absurdité.
Il existe une fraternité internationale des gens cultivés, qui sont tous semblables et s'entendent à demi-mot, bien que leurs cultures soient absolument différentes.
Ce n'est qu'en s'entêtant comme une mule dans une absurdité sublime qu'on devient grand homme. Il est quelques situations difficiles dans la vie où le bon sens est une tentation à laquelle il ne faut surtout pas céder.
La bêtise est l'axe de l'univers et de la vie. Il n'y a pas loin de la bêtise à l’absurdité.
L'amour, c'est uniquement une question d'odeur.
La vraie vie n'est pas d'aller s'enterrer à la campagne avec des imbéciles. La vraie vie c'est de voyager. Mais voyager comme autrefois, quand on restait parti dix ans ou trente ans, faute de moyens de transport pour revenir.