Ce que la mort a de cruel c'est qu'en général elle nous frappe lorsque nous sommes désenchantés de tout, que nous avons touché le fond de toutes choses, et que nos lèvres ont bu à toutes les amertumes.
Pourquoi pleures-tu ma fille ? Aie du courage ; ne mêle pas d'amertume aux derniers jours qui me restent à vivre ; fais-les-moi doux et sereins, berce-moi de tes caresses, endors-moi dans ton bonheur ; la mort me sera douce ainsi. Mais ne pleure pas, les larmes qui se versent autour des mourants leur sont amères. Lorsque je m'éteindrai dans vos bras, souriez-moi tous, mes enfants ; en vous voyant heureux, mon âme partira plus joyeuse et plus légère, même s'il est bien cruel de mourir !
Aimez-vous, et longtemps et toujours ; il n'y a que cela de bon sur la terre, le reste ne vaut pas un regret.
Il n'y a de mauvaises causes que celles qui ne rapportent rien.
Un cœur infortuné qui se soutient à peine, comme un lys flétri sur sa tige brisée, s'incline vers la terre.
La passion est l'âme du monde. Supprimez-la, vous supprimez la vie, de même que vous arrêtez une pendule quand vous en brisez le ressort.
Quand le monde vous est ouvert, allez où votre instinct vous pousse, allez où la vie vous attend.
Quand un cœur est rempli de tempêtes, il faut tout faire pour que sa colère avorte. Il faut que l'ouragan qui s'attend à briser des chênes ne courbe que des roseaux.
Les liaisons se rompent et ne se dénouent pas. Heureux lorsque le choc imprévu qui les brise nous meurtrit sans nous salir ! heureux lorsqu'aux affections les plus saintes et les plus ferventes ne succèdent pas la haine et le mépris ! heureux lorsqu'on peut respecter encore ce qu'on devait aimer toujours !
Il n'est rien de plus terrible que l'agonie d'un amour qui s'éteint ! Il nous brise de ses convulsions dernières, et nous ne l'arrachons pas de notre sein sans qu'il emporte avec lui quelque lambeau de notre cœur saignant.
Le calme et le silence n'ont qu'une patrie, c'est notre âme. Lorsqu'ils la délaissent, nous nous fatiguons en vain à les poursuivre ; nous avons beau rompre notre chaîne et fuir les lieux où elle était rivée, nous ne nous fuyons pas nous-mêmes, nous traînons partout à notre cœur meurtri un bout de cette chaîne que nous avons brisée.
Les caresses familières, ces délices des jeunes époux.
Berce-moi de tes caresses, endors-moi dans ton bonheur.
L'amour est la grande aventure de la vie. Une affection sincère est pour le cœur une source d'émotions plus vives, plus variées que tous les rêves de l'imagination la plus féconde ; un monde mystérieux, infini, qui sollicite sans cesse notre curiosité, dont l'attrait se renouvelle chaque jour et que personne ne connaît jamais tout entier.
Les joies inaccomplies, les déceptions amères, les vœux inexaucés trouvent auprès d'un ami des sympathies.
S'il est de nobles âmes chez lesquelles la douleur, au lieu de les tarir, ravive toutes les nobles sources, il en est d'autres aussi, moins pures et moins divines, que la souffrance dessèche, et qui se pétrifient dans leurs larmes. Pareilles à la menthe et à la verveine, plus on foule aux pieds les premières, plus elles exhalent leurs suaves odeurs. Les autres ressemblent à ces plantes moins généreuses qui parfument bien la main qui les caresse, mais qui, écrasées une fois, ne donnent plus que des senteurs amères.
Longtemps les pensées amères, comme la lie, gardent le fond du vase.
Dans ce monde il est bien rare ou bien difficile d'atteindre au terme de sa journée sans avoir à déplorer quelque accroc fait à sa conscience ! On se salit malgré soi au contact de certains hommes. Quand nous sommes seuls avec nous-mêmes, les idées s'agrandissent, le cœur se sanctifie ; le jour passe, et le soir on s'endort dans la paix et dans l'innocence de son âme.
Une réponse qu'on attend parfois décide d'un avenir, ruine ou couronne nos espérances.
Espérez : le soleil chassera les nuages, le bonheur essuiera vos larmes.
En amour, il n'y a que les blessés qui se plaignent.
Je n'ai plus d'autre ciel que le bleu de tes yeux.
L'homme n'est pas fait pour vivre seul, le bonheur n'a de prix qu'à la condition d'être partagé.
Quand on aime sérieusement, on respecte la personne qu'on aime, et l'on se garde de l'offenser.
L'amour est un feu qui dévore, une inquiétude qui consume.
Pour une femme, tant que le charme dure, l'être aimé est plus qu'un Dieu pour elle, mais dès que le charme tombe, le Dieu est moins qu'un homme. La grâce prend le nom de faiblesse, la tendresse n'est plus que de la fadeur, la passion que de l'emphase, et l'oubli de soi-même qu'une absence de dignité.
Le cœur de la femme est un creuset où tour à tour le plomb se change en or, et l'or en plomb.
L'amour n'est pas éternel, et en s'éteignant il ne laisse après lui que des cendres amères.
Les amours heureux commencés sur la terre se poursuivent au ciel.
L'amour, c'est le soleil de la jeunesse, et le rêve des nobles âmes.
En amour, c'est toujours la victime qui s'accuse et s'humilie.
Les joies paisibles de la sainte amitié sont préférables aux bonheurs tourmentés de l'amour.
Le temps a deux ailes : l'une essuie nos larmes, l'autre emporte nos joies.
Il est doux de se venger par le bonheur qu'on donne du bonheur qu'on n'a pas rencontré.
Quand les plaies de l'amour-propre s'ouvrent, celles de l'amour sont près de se fermer.
Les images caressantes du passé s'évanouissent devant le cortège des vanités blessées.
S'aimer, s'unir à la face du ciel, se prendre l'un et l'autre par la main pour traverser les jours bons et mauvais, ne jamais se quitter, mettre tout en commun, se soutenir dans l'infortune, s'améliorer, s'encourager au bien, chercher ensemble le bon et le beau, le vrai et le juste ; arriver ainsi au même but par le même chemin, pour s'unir plus étroitement encore et achever de se confondre dans le sein de la Divinité : oh ! c'est tout ce qu'on peut voir de plus adorable et de plus divin sur la terre.
Si la vie n'a qu'un printemps, ce printemps a plus d'un amour.
Le temps seul guérit les plaies de l'amour.
La misère est un monstre hideux qui flétrit lentement le cœur qu'il étreint de sa main de glace.
On ne fait pas avaler de couleuvres à un vieux renard.
Quand le temps presse, il faut savoir agir.
Le pardon est aisé, l'oubli est plus difficile.
La souffrance est féconde en enseignements, on apprend vite à l'école de la douleur.
L'esprit, s'épanouissant en poétiques rêveries, s'aventure sur les ailes de l'imagination, à la poursuite des chimères.
La manie d'écrire a perdu tous les amants, c'est par là qu'ils périssent tous. De tous les confidents, le papier est le plus dangereux, le plus indiscret, le plus perfide. Les amants le croient leur ami, il n'est jamais que leur délateur. C'est toujours lui qui les dénonce et les livre à leurs pires ennemis naturels.
N'attache pas à la vie d'un être cher un remords éternel : ménage-lui la gloire de te relever, après t'avoir entraînée dans sa chute.
Il faut jouer des femmes comme d'une flûte, pour en tirer les meilleurs sons.
Les femmes, pour concilier leur conscience avec leur plaisir, ne se donnent pas, mais se laissent prendre.
Toute faute entraîne des devoirs après elle.
L'âge qui sépare la jeunesse qui s'achève de la virilité qui commence, où la passion se raidit encore contre la froide raison qui l'écrase, où les illusions expirantes jettent un dernier cri de douleur devant la réalité qui s'avance, cet âge est un âge terrible, et les luttes et les déchirements qui l'accompagnent forment le plus triste spectacle que l'homme puisse s'offrir à lui-même.
Chaque homme est responsable de ses fautes, et doit seul en porter la peine.
Il n'est point de fautes irrémissibles : Dieu les reçoit toutes à rançon.
Dieu te rendra en larmes de joie les larmes que tu auras versées en expiation de tes fautes d'un jour.
Si les complices étaient plus rares, les victimes seraient moins nombreuses.
La docilité de la victime, parfois, simplifie singulièrement le rôle du sacrificateur.
Quand le cœur se brise, toute force nous abandonne.
Qu'il est doux, après tant d'orages, de nous reposer enfin dans un sentiment calme et durable.
Mieux vaut dénouer d'un commun accord des liens qui nous blessent que de nous délivrer l'un et l'autre d'une chaîne qui nous meurtrit.
Mieux vaut dénouer les liens qui nous unissent que de les briser.
Notre amour a donné toutes ses fleurs, tranchons-le dans le vif, avant qu'il rapporte des fruits trop amers ; réservons pour nos vieux ans un banc de mousse où nous pourrons nous retrouver tous les deux amis et échanger de tendres paroles ; préparons un champ sans ivraie à la fleur de nos souvenirs.
L'amour n'a point d'orgueil, il embrasse les pieds qui le foulent.
Aime-moi comme tu peux, je ramasserai avec reconnaissance les miettes de ton cœur.
Il est des plaies qu'on ne guérit qu'en y portant le fer et la flamme.
La vie est ainsi faite : nous passons tous par les mêmes épreuves, et toujours nous nous vengeons sur ceux qui nous aiment de ceux que nous avons aimés.
Quel que soit l'avenir que le sort nous réserve, ma pensée te suivra partout, et ni l'oubli ni l'ingratitude ne flétriront les souvenirs dont tu as fleuri les derniers jours de ma jeunesse.
D'or ou de fer, de chanvre ou de soie, l'habitude est un lien qu'on ne rompt pas impunément.
Les faux amis sont pareils aux feuilles des arbres, ils tombent au vent de l'adversité comme les feuilles au souffle de l'hiver.
Le bonheur, mieux que l'adversité, est le creuset des affections humaines.
La reconnaissance est semblable à cette liqueur d'Orient, dont parlent les voyageurs, qui ne se conserve que dans des vases d'or ; elle parfume les grandes âmes, et s'aigrit dans les petites.
L'amour est d'autant plus probable qu'il paraît impossible.
Bâtir sur l'amour, c'est bâtir sur le sable.
Quand il fut vieux, le diable se fit ermite.
L'absence est poétique, c'est une invisible fée qui pare à toute heure l'être aimé des plus brillantes fleurs de l'imagination.
Les âmes fortes, après avoir failli, se relèvent et se grandissent de leur chute.
Seul ici bas sur terre, il n'est pas en ce monde une âme qui s'intéresse à moi, ni parent, ni ami, pas une pensée fraternelle où puisse se réfugier mon âme solitaire, pas un être qui, me voyant triste et pleurant, me serre la main en me disant : Qu'as-tu ? Le passé ne m'a laissé que des souvenirs désolés. Je porte en moi un deuil qui s'étend sur toutes choses : mon présent est désert, mon avenir désenchanté.
Que sont devenues les promesses de nos belles années, tu t'en souviens, lorsque, seules et libres, nous tressions à notre avenir toutes les fleurs de notre printemps ? Quelles n'étaient pas nos espérances alors ? Quelles aspirations, quel enthousiasme ! quelle plénitude de vie, quels trésors de foi, d'amour et de jeunesse !
Toutes les souffrances ne crient pas, il est bien des douleurs qui marchent le front calme et serein, bien des tristesses qui n'ont jamais pleuré, bien des cœurs qui boivent leurs larmes en ce monde.
Je hais les pédants et les cuistres, les hypocrites et les cafards.
On aime avec sa conscience longtemps après qu'on a cessé d'aimer avec son cœur.
Les femmes ressemblent fort aux enfants qui tombent et se relèvent sans pleurer s'il n'est personne autour d'eux pour les plaindre et les consoler.