La femme est un animal timide, mais les animaux de ce caractère sont plus dangereux que ceux que la nature a doués d'un courage supérieur. Je vous conseille donc, sans parler de mille autres raisons, de faire en sorte de n'avoir jamais de femme pour ennemie.
Depuis une vingtaine d'années, je me demande souvent à quoi peut aboutir cet esprit d'idolâtrie qui me ramène toujours aux pieds des femmes, et comment je puis m'inquiéter de savoir si, après avoir eu dans mon jeune temps une jeune fille pour aplatir mon oreiller, je ne pourrais pas en trouver une dans mes vieux jours pour me donner mes pantoufles.
On ne peut avoir pour toutes les femmes les mêmes égards, mais d'un autre côté, on ne peut pas les négliger toutes pour une seule, car il est rare que l'affection d'une seule puisse dédommager de l'inimitié des autres.
Les femmes exigent au moins des égards. Elles les regardent comme un droit dont les sociétés polies ont qualifié leur sexe, et quand on les en prive, elles ont raison de s'en plaindre, et elles le font : il n'en est aucune qui ne soit disposée à se venger, ce qui prouve qu'elles ne veulent nullement être méprisées.
Les femmes ont une rhétorique surnaturelle à laquelle il est impossible de résister.
La vie est trop courte, quand on s'aime, pour la dépenser en de longues absences.
Un pardon accordé trop facilement occasionne la répétition d'une faute.
L'homme est une créature de peu de jours, et ses jours sont remplis de trouble et d'amertumes.
La solitude est la mère de la sagesse.
Un cœur bon en réclame toujours un second, il languit et se dessèche, s'il en est abandonné.
La meilleure façon d'augmenter son bonheur est de le communiquer aux autres.
L'homme miséricordieux a toujours une larme de tendresse prête à couler sur l'infortuné.
L'espérance abrège et adoucit toutes les peines.
L'homme, dans sa jeunesse, est une cire molle dont il faut écarter avec soin le sceau de l'ignorance.
Une bonne conscience est pour l'homme ce qu'est le berceau pour l'enfant.
J'admire la philosophie de celui qui pardonne, mais j'aime le caractère de celui qui sent.
Les franc-penseurs sont généralement ceux qui ne pensent jamais.
Il ne faut dire son secret qu'à un homme sobre.
Les hommes sont comme les plantes : les unes aiment le soleil, et les autres l'ombre.
Les bons écrits sont comparables au vin : le bon sens en est la force, et l'esprit la saveur.
Le savoir est le dictionnaire des sciences, mais le bon sens est leur grammaire.
L'homme sobre, quand il s'est enivré, a la même stupidité que l'ivrogne, quand il est sobre.
On voit souvent le vice marcher en avant, tandis que le mérite modeste chemine derrière.
L'impôt n'est juste qu'autant que la nation consent à s'y soumettre.
Le mensonge est la plus insupportable poltronnerie : c'est craindre les hommes et braver Dieu.
Ne faites point de votre testament un dernier acte de vengeance.
La tolérance est la mère de la paix.
La sympathie est l'aimant de la vie.
La fraude et les vices s'accroissent en raison des impôts.
L'avarice est le vêtement le plus voisin de l'âme, c'est le dernier vice qu'elle dépouille.
La paix et la bienveillance sont les sentinelles avancées de la religion.
La censure est la taxe que l'envie met sur le mérite.
La plus vraie piété est la plus secrète.
Un original est un monstre qu'on admire plus qu'on ne l'estime.
La potence, ainsi que l'arbre défendu du paradis terrestre, donne la mort et la science.
On peut comparer le vin aux amis : le nouveau est potable ; le vieux est généreux, mais il a du marc.
Le désir est une passion dans la jeunesse et un vice dans la vieillesse : quand il sollicite, il est pardonnable ; quand on le sollicite, il est vil.
La nécessité de paraître quelqu'un, pour le devenir, ruine et perd le monde.
Nous et nos enfants sommes nés pour mourir, mais aucun de nous est né pour être esclave.
Heureux l'homme qui a navigué sans dangers toute sa vie, et franchi tous les écueils.