Si l'Océan se transformait en nuages, le monde serait noyé.
L'océan peut-il être rempli par la rosée du matin ?
Est perdu tout ce qui tombe dans la mer, perdu le conseil pour celui qui n'écoute pas, perdu l'enseignement pour l'inintelligent, perdue l'offrande du sacrifice qui ne tombe pas dans le feu.
La lampe est inutile au jour, la jeunesse au pauvre, et le bienfait à l'homme du commun.
Les grands ne sont pas en situation de nous rendre un service comme les petits. Une petite source nous désaltère, mais jamais la mer ni l'océan.
Dans la mer, il y a de l'eau salée, qu'en peut-on faire ? Mieux vaut une petite source à laquelle les gens peuvent se désaltérer jusqu'à plus soif.
Un homme du commun n'a jamais assez de richesses, un lettré n'entend jamais assez de belles phrases, la mer n'a jamais assez d'eau, et l'œil de l'amoureux ne se fatigue jamais de contempler l'être aimé.
Ces immenses quantités de bois ne sauraient rassasier le feu, ces innombrables fleuves ne sauraient rassasier la mer ; toutes les créatures ensemble ne peuvent satisfaire le dieu de la mort ; la foule des hommes ne saurait contenter une belle.
Il n'y a pas de richesses capables de satisfaire le monde ; l'homme ressemble à la mer en ce qu'il n'a jamais assez.
Un temps fait place à un autre temps, comme une nouvelle année succède à une année écoulée.
Pour l'homme intelligent, comme pour un bouquet de fleurs, il n'y a que deux conditions possibles : il faut qu'il s'élève au-dessus de toutes les têtes, ou qu'il se dessèche dans la forêt.
Les arbres ne refusent leur ombre à personne, pas même au bûcheron qui les abat.
Celui qui nous reste fidèle dans la prospérité et dans l'infortune, pendant la famine et les temps de calamités, et qui ne nous abandonne ni à la cour du prince ni au cimetière, celui-là est un véritable ami.
Il ne faut jamais rien faire sans avoir bien réfléchi.
Le véritable ascète est celui qui a renoncé aux désirs.
L'œuvre véritable est celle qui est exempte de souillure.
L'homme qui nous porte une véritable affection est celui qui nous met à l'abri d'une infortune.
Un bain d'eau froide, un collier de perles et des frictions sur le corps, avec le parfum du santal, ne causent pas à l'homme accablé par la chaleur un plaisir égal à celui que font au cœur les paroles des gens de bien. Les paroles sincères sont, pour les gens vertueux, comme un charme qui les attire.
C'est à une fatigue sans cesse renaissante, plutôt qu'à un doux repos, que doit s'attendre le chef d'un grand peuple.
Le vrai sage est indépendant de la fortune.
Dans les choses sujettes au doute, l'événement est toujours favorable aux pressentiments du sage.
Une véritable affection conseille toujours bien.
Pour une femme clairvoyante de simples paroles ne touchent point son âme. Le cœur seul peut leur donner crédit. Le lapidaire habile regarde la pierre fausse avec une froide indifférence.
Les gens de bien ressemblent à la noix de coco, tandis que les méchants ont l'aspect de la jujube, et séduisent par leur extérieur. Lors même qu'ils ont rompu toute amitié, les hommes vertueux conservent toujours leurs qualités. On a beau briser la tige du lotus, les fibres qu'elle renferme n'en restent pas moins attachées.
Tous les métaux s'unissent parce qu'ils sont fusibles ; les animaux sauvages et les oiseaux, parce qu'ils ont un motif. L'union des insensés est fondée sur la crainte et la cupidité, mais celle des gens vertueux a son origine dans la vertu.
Celui qui ne pratique pas avec une ferme résolution la vertu, cette clef qui ouvre la porte du ciel, est tourmenté plus tard par le remords, tant qu'enfin, courbé par la vieillesse, il meurt consumé par le feu de la douleur.
L'homme qui nous assiste dans les jours sombres est un véritable ami.
Les richesses ressemblent à la poussière qui s'attache aux pieds.
Mieux vaut être impuissant qu'adultère.
L'oiseau, qui voit sa proie à la distance de plus de cent yodjanas, n'aperçoit pas le piège qu'on lui tend, lorsque son heure est venue.
L'homme sage doit sacrifier sa fortune et sa vie même pour sauver son prochain. Il vaut mieux faire ce sacrifice dans un but louable, puisque tous on ne peut échapper à la mort.
L'inconscient lit sa faute dans son châtiment.
L'humanité est changeante et mobile comme une goutte d'eau.
Il ne faut jamais contracter aucune amitié, aucune liaison, avec l'homme méchant. Le charbon brûle lorsqu'il est chaud, mais quand il est froid, il noircit la main.
L'hypocrite, en face de vous, il rampe à vos pieds ; et par derrière, il vous déchire. Il fait entendre doucement à votre oreille un agréable murmure, et s'il trouve une ouverture, il y pénètre aussitôt avec audace. Le moucheron agit tout comme l'hypocrite.
Quand un homme peu intelligent a perdu sa fortune, toutes ses œuvres s'évanouissent, de même que les petits ruisseaux se dessèchent pendant les chaleurs de l'été.
Pour la fourmi, la rosée est une inondation.
Lorsque le destin lui est tout à fait contraire, et qu'il échoue malgré ses efforts, l'homme sensé, mais pauvre, peut-il trouver le bonheur ailleurs que dans une forêt ?
Si la femme est chaste, ce n'est ni par pudeur, ni par retenue, ni par vertu, ni par crainte, c'est seulement parce que personne n'a sollicité ses faveurs.
Le feu est un objet de vénération pour les brâhmanes ; le brâhmane est un objet de respect pour les autres castes ; un mari est le seul objet que doivent vénérer les femmes : pour tout le monde, un hôte est un objet de vénération.
Il ne faut pas demeurer dans un pays où il n'y a ni usage du monde, ni crainte, ni pudeur, ni droiture et ni libéralité. Il ne faut point habiter là où n'existent pas ces quatre choses : un homme qui paie ses dettes, un médecin, un brâhmane versé dans les Védas, et une rivière où coule une eau pure.
Mieux vaut mourir que de trouver du plaisir dans la calomnie.
Il faut abandonner un pays où il n'y a ni considération, ni moyens de s'instruire.
Mieux vaut vivre d'aumônes que d'être heureux en mangeant le bien d'autrui.
L'envie de causer du déplaisir, l'oubli des services passés, le manque d'égards, la divulgation de nos fautes, et, dans une conversation, l'oubli de notre nom, voilà les marques auxquelles nous devons reconnaître un homme qui n'a pour nous aucun attachement.
La maladie, le chagrin, les angoisses, la solitude et les malheurs, tels sont les fruits que les mortels recueillent de l'arbre de leurs fautes.
Le mendiant ne craint pas les revers de fortune.
Il ne faut pas abandonner sa première demeure avant d'avoir trouvé une autre place.
Mieux vaut une maison vide qu'un mari impuissant.
Là où il n'y a pas un savant, l'homme d'un savoir médiocre doit être vénéré : dans un pays qui manque d'arbres, l'éranda lui-même est considéré comme un arbre.
L'homme de la dernière classe et de la plus basse condition, lorsqu'il se présente chez vous, doit être reçu avec honneur et d'une manière convenable : un hôte, dans sa personne, représente tous les dieux.
Dans ce monde, la meilleure chose est de savoir distinguer ce que l'on doit faire afin d'agir suivant sa condition.
La libéralité est un moyen de conserver la fortune que l'on a acquise, de même qu'un canal empêche de se perdre les eaux qui sont à l'intérieur d'un étang.
Les gens de bien sont compatissants, même à l'égard des êtres les plus méprisables. La lune ne refuse jamais sa lumière à la demeure du tchandâla (la dernière des créatures).
Le sage avance un pied, et se tient ferme sur l'autre.
Il faut accorder l'hospitalité même à un ennemi, et le recevoir d'une manière convenable, lorsqu'il vient dans notre maison. L'arbre ne refuse jamais l'abri de son ombrage au bûcheron.
La mort ne nous cause qu'une souffrance légère, la pauvreté est un tourment insupportable.
Le talent de prêcher la morale aux autres est une chose que tout le monde peut aisément acquérir, mais pratiquer soi-même la vertu, voilà ce que peut seule une âme d'élite.
En s'élevant à la hauteur des êtres supérieurs, on recueille le fruit de son élévation suivant ses œuvres : Vâsouki lui-même, suspendu au cou de Hara, est un ascète.
Quand on a perdu sa fortune, mieux vaut livrer sa vie au bûcher, que de demander quelque chose à un avare qui n'aime pas à rendre service.
Quelque fortune qu'il possède, celui qui accorde sa confiance à des ennemis, à des femmes et des hommes qui n'ont pour lui aucun attachement, est bien près de sa ruine.
Pour l'homme brave et intelligent, qu'est-ce que le pays natal ? Existe-t-il pour lui un pays étranger ? Dès qu'il entre dans une contrée, il s'en rend maître par la force de son bras. Lorsque le lion, sans autres armes que ses dents, ses griffes et sa queue, pénètre dans une forêt, il y étanche sa soif avec le sang du roi des éléphants.
Il n'existe pas un homme pour lequel les femmes aient de l'aversion ou de l'amour ; les femmes sont comme la vache qui cherche l'herbe nouvelle dans la forêt : ce qu'elles désirent, c'est du nouveau, toujours du nouveau.
Se livrer à la boisson ; fréquenter mauvaise compagnie ; s'éloigner de son mari ; courir de côté et d'autre ; dormir dans une maison étrangère, ce sont là six actions honteuses pour une épouse.
La vertu est le seul ami qui nous suive après notre mort, tout le reste périt avec le corps.
Les dents, les cheveux, les ongles et les hommes perdent toujours à quitter leur place. Que le sage se fasse cette réflexion, et n'abandonne pas sa demeure.
Pour les hommes généreux, le monde entier n'est qu'une seule famille.
La maison d'un homme qui n'a point de fils est une maison vide ; il en est de même pour celui qui n'a pas un bon ami ; pour l'ignorant les régions de l'univers sont vides ; tout est vide dans la pauvreté.
Le véritable ami est celui qui peut nous tirer du malheur lorsque nous y sommes tombés, et qui ne sait mettre aucun retard quand il s'agit de chercher un moyen de nous secourir ou de nous sauver.
L'amour des richesses et le désir de vivre sont deux sentiments très vifs chez tous les mortels, mais pour un vieillard, une jeune femme est un bien plus précieux que la vie même. Le vieillard ne peut ni jouir de l'objet de son amour, ni y renoncer ; il est comme le chien qui a perdu ses dents et qui ne peut plus que lécher un os avec sa langue.
Les lions, les hommes courageux et les éléphants quittent leur demeure et s'en vont ; tandis que les corbeaux, les hommes peureux et les daims meurent à la place même qu'ils occupent.
Dans l'adversité, ce que l'homme peut faire de mieux est de s'unir avec les siens, si chétifs qu'ils soient. Les grains de riz ne peuvent germer lorsqu'ils sont dépouillés de leur pellicule.
Celui qui ne montre ni joie dans la prospérité ni abattement dans l'infortune, et qui déploie de la valeur dans le combat, est une sorte de merveille qui porte la marque distinctive des trois mondes : il est rare qu'une mère donne le jour à un pareil fils.
Le riche est regardé comme un savant ; le pauvre comme un ignorant.
La réunion de petites choses et l'union des forces conduisent à un grand résultat : des brins d'herbe tressés en forme de corde suffisent pour attacher un éléphant furieux.
Avec un ennemi, il ne faut pas contracter même l'alliance la plus solide. L'eau, si chaude qu'elle soit, éteint toujours le feu.
Dans ce monde, l'homme qui désire la prospérité doit éviter six défauts : la nonchalance, la paresse, la crainte et la colère, l'oisiveté et la lenteur.
Le méchant est comme le vase de terre, que l'on brise aisément et dont on recolle difficilement les morceaux ; mais l'homme de bien ressemble au vase d'or, que l'on brise avec peine et que l'on raccommode avec facilité.
La pureté du cœur, la libéralité, la bravoure, la participation à nos joies, à nos peines et à nos douleurs, la sincérité, l'attachement et la franchise : voilà les qualités d'un véritable ami.
Même dans la colère, le cœur de l'homme de bien ne change pas. Un brandon d'herbes sèches ne pourrait chauffer les eaux de l'Océan.
N'avoir que des connaissances superficielles, acheter l'amour à prix d'argent, et devoir sa subsistance à autrui, voilà trois choses mortifiantes pour des hommes de cœur.
Une parole dite avec réflexion et une action bien pesée sont autant de choses qui ne peuvent devenir mauvaises, même au bout d'un long espace de temps.
Une mère, un ami, un père, ont pour nous une affection qui prend sa source dans la nature ; mais il y a encore d'autres personnes qui nous témoignent de la bienveillance pour des raisons particulières.
L'amitié de l'homme dont le cœur est pur comme la rosée est bien différente du langage de celui dont l'âme est pervertie et corrompue. Penser d'une manière, parler d'une autre et agir autrement, telle est la conduite des méchants ; penser, parler et agir de même, voilà ce que font les honnêtes gens.
L'indiscrétion, la manie de solliciter, la dureté, l'inconstance, la colère, le manque de sincérité et la passion du jeu sont les plus grands défauts que l'on puisse rencontrer chez un ami.
Il faut répondre au diable dans la langue du diable.
Quand le miel manque, on se contente de mélasse.
La cupidité fait perdre la raison, la cupidité engendre la soif des richesses, et l'homme tourmenté par la soif des richesses ne trouve qu'affliction dans ce monde.
Qu'est-ce que la vertu ? C'est la sensibilité à l'égard de toutes les créatures. Qu'est-ce que le bonheur ? Pour les êtres de ce monde, c'est la santé. Qu'est-ce que l'amitié ? C'est le sentiment d'un bon naturel. Qu'est-ce que la science ? C'est le discernement.
Il faut entendre parler un homme pour juger de son talent dans la parole et de sa véracité ; il faut le voir pour reconnaître s'il est maître de lui-même et constant.
Un homme n'est pas l'ami ou l'ennemi d'un autre homme, c'est la manière d'agir qui fait les amis et les ennemis.
Dans l'adversité, le découragement est une marque de lâcheté. Montrons donc de la résolution et cherchons un moyen de salut.
Il est dangereux de se faire trop d'ennemis, car même un petit tas de vermine peut détruire un immense éléphant.
Le courage dans l'adversité, la modération dans la prospérité, l'éloquence dans une assemblée, la bravoure dans le combat, l'ambition de la gloire et l'application à l'étude des Védas, voilà ce que la nature a mis dans les grandes âmes.
Le fou dévoile toutes ses pensées, le sage les garde pour lui.
Qui est plus aveugle qu'un aveugle ? Le passionné.
La ténacité est toujours productrice de toutes choses.
La ténacité rend fructueuse l'œuvre entreprise par l'homme.
Le vieil homme qui épouse la jeune femme épouse le poison.
L'épouse fidèle est la femme la mieux aimée au monde.
L'amour est un crocodile sur le fleuve du désir.
On oublie quelquefois le mal que l'on a souffert, jamais celui que l'on a fait.
Il n’y a pas de sincérité là où la fourberie a trouvé accès.