Celui qui nous reste fidèle dans la prospérité et dans l'infortune, pendant la famine et les temps de calamités, et qui ne nous abandonne ni à la cour du prince ni au cimetière, celui-là est un véritable ami.
Il ne faut jamais rien faire sans avoir bien réfléchi.
Le véritable ascète est celui qui a renoncé aux désirs.
L'homme qui nous porte une véritable affection est celui qui nous met à l'abri d'une infortune.
L'œuvre véritable est celle qui est exempte de souillure.
Dans les choses sujettes au doute, l'événement est toujours favorable aux pressentiments du sage.
C'est à une fatigue sans cesse renaissante, plutôt qu'à un doux repos, que doit s'attendre le chef d'un grand peuple.
Le vrai sage est indépendant de la fortune.
Une véritable affection conseille toujours bien.
Pour une femme clairvoyante de simples paroles ne touchent point son âme. Le cœur seul peut leur donner crédit. Le lapidaire habile regarde la pierre fausse avec une froide indifférence.
Un bain d'eau froide, un collier de perles et des frictions sur le corps, avec le parfum du santal, ne causent pas à l'homme accablé par la chaleur un plaisir égal à celui que font au cœur les paroles des gens de bien. Les paroles sincères sont, pour les gens vertueux, comme un charme qui les attire.
Les gens de bien ressemblent à la noix de coco, tandis que les méchants ont l'aspect de la jujube, et séduisent par leur extérieur. Lors même qu'ils ont rompu toute amitié, les hommes vertueux conservent toujours leurs qualités. On a beau briser la tige du lotus, les fibres qu'elle renferme n'en restent pas moins attachées.
Tous les métaux s'unissent parce qu'ils sont fusibles ; les animaux sauvages et les oiseaux, parce qu'ils ont un motif. L'union des insensés est fondée sur la crainte et la cupidité, mais celle des gens vertueux a son origine dans la vertu.
L'homme qui nous assiste dans les jours sombres est un véritable ami.
Celui qui ne pratique pas avec une ferme résolution la vertu, cette clef qui ouvre la porte du ciel, est tourmenté plus tard par le remords, tant qu'enfin, courbé par la vieillesse, il meurt consumé par le feu de la douleur.
L'inconscient lit sa faute dans son châtiment.
La libéralité est un moyen de conserver la fortune que l'on a acquise, de même qu'un canal empêche de se perdre les eaux qui sont à l'intérieur d'un étang.
L'humanité est changeante et mobile comme une goutte d'eau.
Les richesses ressemblent à la poussière qui s'attache aux pieds.
En s'élevant à la hauteur des êtres supérieurs, on recueille le fruit de son élévation suivant ses œuvres : Vâsouki lui-même, suspendu au cou de Hara, est un ascète.
Pour les hommes généreux, le monde entier n'est qu'une seule famille.
Qu'est-ce que la vertu ? C'est la sensibilité à l'égard de toutes les créatures. Qu'est-ce que le bonheur ? Pour les êtres de ce monde, c'est la santé. Qu'est-ce que l'amitié ? C'est le sentiment d'un bon naturel. Qu'est-ce que la science ? C'est le discernement.
La cupidité fait perdre la raison, la cupidité engendre la soif des richesses, et l'homme tourmenté par la soif des richesses ne trouve qu'affliction dans ce monde.
N'avoir que des connaissances superficielles, acheter l'amour à prix d'argent, et devoir sa subsistance à autrui, voilà trois choses mortifiantes pour des hommes de cœur.
Mieux vaut vivre d'aumônes que d'être heureux en mangeant le bien d'autrui.
Mieux vaut mourir que de trouver du plaisir dans la calomnie.
Quand on a perdu sa fortune, mieux vaut livrer sa vie au bûcher, que de demander quelque chose à un avare qui n'aime pas à rendre service.
Pour l'homme intelligent, comme pour un bouquet de fleurs, il n'y a que deux conditions possibles : il faut qu'il s'élève au-dessus de toutes les têtes, ou qu'il se dessèche dans la forêt.
Lorsque le destin lui est tout à fait contraire, et qu'il échoue malgré ses efforts, l'homme sensé, mais pauvre, peut-il trouver le bonheur ailleurs que dans une forêt ?
La mort ne nous cause qu'une souffrance légère, la pauvreté est un tourment insupportable.
La maison d'un homme qui n'a point de fils est une maison vide ; il en est de même pour celui qui n'a pas un bon ami ; pour l'ignorant les régions de l'univers sont vides ; tout est vide dans la pauvreté.
Le riche est regardé comme un savant ; le pauvre comme un ignorant.
Quand un homme peu intelligent a perdu sa fortune, toutes ses œuvres s'évanouissent, de même que les petits ruisseaux se dessèchent pendant les chaleurs de l'été.
Si la femme est chaste, ce n'est ni par pudeur, ni par retenue, ni par vertu, ni par crainte, c'est seulement parce que personne n'a sollicité ses faveurs.
Il n'existe pas un homme pour lequel les femmes aient de l'aversion ou de l'amour ; les femmes sont comme la vache qui cherche l'herbe nouvelle dans la forêt : ce qu'elles désirent, c'est du nouveau, toujours du nouveau.
Se livrer à la boisson ; fréquenter mauvaise compagnie ; s'éloigner de son mari ; courir de côté et d'autre ; dormir dans une maison étrangère, ce sont là six actions honteuses pour une épouse.
L'amour des richesses et le désir de vivre sont deux sentiments très vifs chez tous les mortels, mais pour un vieillard, une jeune femme est un bien plus précieux que la vie même. Le vieillard ne peut ni jouir de l'objet de son amour, ni y renoncer ; il est comme le chien qui a perdu ses dents et qui ne peut plus que lécher un os avec sa langue.
L'envie de causer du déplaisir, l'oubli des services passés, le manque d'égards, la divulgation de nos fautes, et, dans une conversation, l'oubli de notre nom, voilà les marques auxquelles nous devons reconnaître un homme qui n'a pour nous aucun attachement.
Il ne faut jamais contracter aucune amitié, aucune liaison, avec l'homme méchant. Le charbon brûle lorsqu'il est chaud, mais quand il est froid, il noircit la main.
Pour la fourmi, la rosée est une inondation.
Le feu est un objet de vénération pour les brâhmanes ; le brâhmane est un objet de respect pour les autres castes ; un mari est le seul objet que doivent vénérer les femmes : pour tout le monde, un hôte est un objet de vénération.
Il ne faut pas demeurer dans un pays où il n'y a ni usage du monde, ni crainte, ni pudeur, ni droiture et ni libéralité. Il ne faut point habiter là où n'existent pas ces quatre choses : un homme qui paie ses dettes, un médecin, un brâhmane versé dans les Védas, et une rivière où coule une eau pure.
Il faut abandonner un pays où il n'y a ni considération, ni moyens de s'instruire.
Le talent de prêcher la morale aux autres est une chose que tout le monde peut aisément acquérir, mais pratiquer soi-même la vertu, voilà ce que peut seule une âme d'élite.
Il ne faut pas abandonner sa première demeure avant d'avoir trouvé une autre place.
Le sage avance un pied, et se tient ferme sur l'autre.
Pour l'homme brave et intelligent, qu'est-ce que le pays natal ? Existe-t-il pour lui un pays étranger ? Dès qu'il entre dans une contrée, il s'en rend maître par la force de son bras. Lorsque le lion, sans autres armes que ses dents, ses griffes et sa queue, pénètre dans une forêt, il y étanche sa soif avec le sang du roi des éléphants.
Les lions, les hommes courageux et les éléphants quittent leur demeure et s'en vont ; tandis que les corbeaux, les hommes peureux et les daims meurent à la place même qu'ils occupent.
Les dents, les cheveux, les ongles et les hommes perdent toujours à quitter leur place. Que le sage se fasse cette réflexion, et n'abandonne pas sa demeure.
L'amitié de l'homme dont le cœur est pur comme la rosée est bien différente du langage de celui dont l'âme est pervertie et corrompue. Penser d'une manière, parler d'une autre et agir autrement, telle est la conduite des méchants ; penser, parler et agir de même, voilà ce que font les honnêtes gens.
L'indiscrétion, la manie de solliciter, la dureté, l'inconstance, la colère, le manque de sincérité et la passion du jeu sont les plus grands défauts que l'on puisse rencontrer chez un ami.
Il faut entendre parler un homme pour juger de son talent dans la parole et de sa véracité ; il faut le voir pour reconnaître s'il est maître de lui-même et constant.
La pureté du cœur, la libéralité, la bravoure, la participation à nos joies, à nos peines et à nos douleurs, la sincérité, l'attachement et la franchise : voilà les qualités d'un véritable ami.
Le méchant est comme le vase de terre, que l'on brise aisément et dont on recolle difficilement les morceaux ; mais l'homme de bien ressemble au vase d'or, que l'on brise avec peine et que l'on raccommode avec facilité.
Quelque fortune qu'il possède, celui qui accorde sa confiance à des ennemis, à des femmes et des hommes qui n'ont pour lui aucun attachement, est bien près de sa ruine.
La réunion de petites choses et l'union des forces conduisent à un grand résultat : des brins d'herbe tressés en forme de corde suffisent pour attacher un éléphant furieux.
Quand le miel manque, on se contente de mélasse.
Avec un ennemi, il ne faut pas contracter même l'alliance la plus solide. L'eau, si chaude qu'elle soit, éteint toujours le feu.
Même dans la colère, le cœur de l'homme de bien ne change pas. Un brandon d'herbes sèches ne pourrait chauffer les eaux de l'Océan.
L'hypocrite, en face de vous, il rampe à vos pieds ; et par derrière, il vous déchire. Il fait entendre doucement à votre oreille un agréable murmure, et s'il trouve une ouverture, il y pénètre aussitôt avec audace. Le moucheron agit tout comme l'hypocrite.
Celui qui n'écoute pas les avis d'un ami bienveillant voit le malheur près de lui, et fait la joie de ses ennemis.
Un homme n'est pas l'ami ou l'ennemi d'un autre homme, c'est la manière d'agir qui fait les amis et les ennemis.
Là où il n'y a pas un savant, l'homme d'un savoir médiocre doit être vénéré : dans un pays qui manque d'arbres, l'éranda lui-même est considéré comme un arbre.
La vertu est le seul ami qui nous suive après notre mort, tout le reste périt avec le corps.
L'homme de la dernière classe et de la plus basse condition, lorsqu'il se présente chez vous, doit être reçu avec honneur et d'une manière convenable : un hôte, dans sa personne, représente tous les dieux.
Les gens de bien sont compatissants, même à l'égard des êtres les plus méprisables. La lune ne refuse jamais sa lumière à la demeure du tchandâla (la dernière des créatures).
Il faut accorder l'hospitalité même à un ennemi, et le recevoir d'une manière convenable, lorsqu'il vient dans notre maison. L'arbre ne refuse jamais l'abri de son ombrage au bûcheron.
L'oiseau, qui voit sa proie à la distance de plus de cent yodjanas, n'aperçoit pas le piège qu'on lui tend, lorsque son heure est venue.
L'homme sage doit sacrifier sa fortune et sa vie même pour sauver son prochain. Il vaut mieux faire ce sacrifice dans un but louable, puisque tous on ne peut échapper à la mort.
La maladie, le chagrin, les angoisses, la solitude et les malheurs, tels sont les fruits que les mortels recueillent de l'arbre de leurs fautes.
Dans ce monde, il n'y a pas un homme plus heureux que celui qui converse avec un ami, qui demeure avec un ami, qui s'entretient avec un ami, mais la véritable amitié est rare.
Une mère, un ami, un père, ont pour nous une affection qui prend sa source dans la nature ; mais il y a encore d'autres personnes qui nous témoignent de la bienveillance pour des raisons particulières.
Dans l'adversité, ce que l'homme peut faire de mieux est de s'unir avec les siens, si chétifs qu'ils soient. Les grains de riz ne peuvent germer lorsqu'ils sont dépouillés de leur pellicule.
Dans ce monde, l'homme qui désire la prospérité doit éviter six défauts : la nonchalance, la paresse, la crainte et la colère, l'oisiveté et la lenteur.
Celui qui ne montre ni joie dans la prospérité ni abattement dans l'infortune, et qui déploie de la valeur dans le combat, est une sorte de merveille qui porte la marque distinctive des trois mondes : il est rare qu'une mère donne le jour à un pareil fils.
Le courage dans l'adversité, la modération dans la prospérité, l'éloquence dans une assemblée, la bravoure dans le combat, l'ambition de la gloire et l'application à l'étude des Védas, voilà ce que la nature a mis dans les grandes âmes.
Dans l'adversité, le découragement est une marque de lâcheté. Montrons donc de la résolution et cherchons un moyen de salut.
Le véritable ami est celui qui peut nous tirer du malheur lorsque nous y sommes tombés, et qui ne sait mettre aucun retard quand il s'agit de chercher un moyen de nous secourir ou de nous sauver.
Une parole dite avec réflexion et une action bien pesée sont autant de choses qui ne peuvent devenir mauvaises, même au bout d'un long espace de temps.
Le mendiant ne craint pas les revers de fortune.
Il faut répondre au diable dans la langue du diable.
Le fou dévoile toutes ses pensées, le sage les garde pour lui.
Il est dangereux de se faire trop d'ennemis, car même un petit tas de vermine peut détruire un immense éléphant.
Qui est plus aveugle qu'un aveugle ? Le passionné.
La ténacité rend fructueuse l'œuvre entreprise par l'homme.
La ténacité est toujours productrice de toutes choses.
Il n’y a pas de sincérité là où la fourberie a trouvé accès.
L'amour est un crocodile sur le fleuve du désir.
L'épouse fidèle est la femme la mieux aimée au monde.
Le vieil homme qui épouse la jeune femme épouse le poison.
On oublie quelquefois le mal que l'on a souffert, jamais celui que l'on a fait.