Quand on a trop souffert, on ne pense plus. La stupidité, c'est le coup de grâce de la misère.
Je l'aime, et je n'ai de goût à rien au monde parce qu'elle ne m'aime pas.
Applique ton attention et ta volonté seulement à mériter ta propre estime à chacune de tes actions, et souviens-toi de cette double maxime : l'occasion de l'action n'importe guère.
Vous savez, mon cher maître, que je ne suis pas un animal destructeur. Je n'ai pas de goût pour le militarisme. J'ai même des idées humanitaires très avancées et je crois que la fraternité des peuples sera l'œuvre du socialisme triomphant. Enfin j'ai l'amour de l'humanité. Mais, dès qu'on me fiche un fusil dans la main, j'ai envie de tirer surtout le monde. C'est la joie innée de tirer des coups de fusil.
La vie c'est souffrir d'un amour infini, c'est d'être torturé et de bénir sa souffrance.
Il n'y a pas de beauté sans voiles, et ce que nous préférons, c'est encore l'inconnu.
Il n'y a de loi sainte que dans l'amour ; il n'y a de justice que dans la charité.
Dans l'instinct est la seule vérité.
Sans argent, dit le proverbe, pas de suisse ! pas de suissesse, non plus.
Sans être vieux, j'ai vécu déjà trop longtemps pour n'avoir pas quelquefois souffert. Mais mes souffrances, si profondes qu'elles fussent, étaient moins après que celles que j'éprouve aujourd'hui. La tendresse ou la pitié qui les causaient y mêlaient quelque chose de leur céleste douceur. Au contraire, je sens qu'à cette heure mon chagrin a la noirceur et l'âcreté d'un mauvais désir. Mon âme est aride, et mes yeux nagent dans leurs pleurs comme dans un acide qui les brûle.
Il ne faut point se laisser emporter par la haine des précieuses et des pédantes. Il est de fait que rien n'est odieux comme une pédante. Pour ce qui est des précieuses, il faudrait distinguer. Le bel air ne messied pas toujours, et un certain goût de bien dire ne gâte pas une femme.
Il faut douter du doute.
Toute bonne plaisanterie doit être courte.
Ce n'est pas assez de s'aimer beaucoup, il faut encore se bien aimer.
Il faut avoir la passion de son art, on ne fait bien que ce que l'on aime.
Faites l'amour la nuit, le jour, en hiver, en été, c'est pour cela que nous sommes au monde.
La grande absurdité est de confondre l'amour avec la jeunesse : la jeunesse est ivre d'elle-même.
L'amour, pour le bien faire, il faut l'avoir beaucoup fait : les novices n'y entendent rien.
La vie dans certaines conditions mérite d'être vécue. C'est une petite flamme entre deux ombres infinies, c'est notre part de divinité. Tant qu'un homme vit, un homme est semblable aux dieux.
Les sages, plus encore que le vulgaire, éprouvent le désir de percer l'avenir et de s'y jeter pour ainsi dire. C'est sans doute parce qu'ils espèrent de la sorte échapper au présent, qui leur apporte tant de tristesses et de dégoûts. Comment les hommes d'aujourd'hui ne seraient-ils pas aiguillonnés du désir de fuir leur temps misérable ? Nous vivons dans un âge fréquent en lâchetés, abondant en ignominies, fertile en crimes.
Le passé nous est caché comme l'avenir ; nous vivons entre deux nuées épaisses, dans l'oubli de ce qui fut et l'incertitude de ce qui sera. Et pourtant la curiosité nous tourmente de connaître les causes des choses et une ardente inquiétude nous excite à méditer les destinées de l'homme et du monde.
Certains hommes sont moins bons que certaines femmes, cela tient à ce que les deux sexes ne sont pas aussi distincts l'un de l'autre et séparés que l'on croit et que, tout au contraire, il y a de l'homme dans beaucoup de femmes, et de la femme dans beaucoup d'hommes.
L'homme amoureux de la gloire fait consister son bonheur dans l'activité d'autrui ; le voluptueux, dans ses propres sensations ; l'homme intelligent, dans sa propre conduite.
Le passé c'est notre seule promenade et le seul lieu où nous puissions échapper à nos ennuis quotidiens, à nos misères, à nous-mêmes. Le présent est aride et trouble, l'avenir est caché.
La maladie a du moins un avantage, elle nous fait connaître nos amis.
L'espérance et le désir sont meilleurs, bien souvent, que tout ce qu'on désire et tout ce qu'on espère.
L'avenir est un lieu commode pour y mettre des songes.
Les imbéciles ont dans la fourberie des grâces inimitables.
Si tu ne parles que pour dire des sottises, tu ferais mieux de te taire.
La femme sans poitrine, c'est un lit sans oreillers.
Les promesses qu'on fait à une jolie fille n'engagent que la peau.
Dans l'amour, une femme se prête plutôt qu'elle ne se donne.
La vie, c'est la fleur et le couteau, c'est de voir rouge un jour et bleu le lendemain.
À nos morts, nos morts bien aimés ! que la patrie reconnaissante ouvre assez grand son cœur pour les contenir tous, les plus humbles comme les plus illustres, les héros tombés avec gloire à qui l'on prépare des monuments de marbre et de bronze et qui vivront dans l'histoire, et les simples qui rendirent leur dernier souffle en pensant au champ paternel.
Mieux vaut comprendre peu que comprendre mal.
Tout passe et se succède ; moi seul je demeure.
Le cœur se trompe comme l'esprit.
Tant vaut le vin tant vaut l'homme.
Il en est des bêtes comme des hommes, on les estime sur l'apparence.
Un homme qui dit tout ce qu'il pense et comme il le pense est aussi inconcevable dans une ville qu'un homme allant tout nu.
L'armée, c'est la sécurité et c'est l'espérance. C'est aussi l'école du devoir. Où trouver ailleurs que chez elle l'abnégation et le dévouement ?
La vue d'une jolie femme est une bonne fortune pour un honnête homme.
La fortune étant changeante, nos maux ont déjà trop duré pour ne pas bientôt faire place à la félicité.
Une femme qui a trahi la foi conjugale est capable des plus grands crimes.
La brièveté de la vie des hommes est la cause principale de leur ignorance et de leur férocité. Ils vivent trop peu pour apprendre à vivre.
À qui cherche dispute, le marteau tombe sur l'enclume.
La nature n'a pas de fléau plus terrible qu'une femme bavarde.
Nos morts nous ordonnent de vivre et de combattre en citoyens d'un peuple libre, de marcher résolument dans l'ouragan de fer vers la paix qui se lèvera comme une belle aurore sur l'Europe affranchie des menaces de ses tyrans, et verra renaître, faibles et timides encore, la Justice et l'Humanité étouffées par le crime.
Le seul abord d'une personne dépourvue de toute espèce d'imagination me glace jusqu'aux moelles. Ce qui vraiment attriste, ce n'est pas l'idée de l'injustice et de la haine. Ce n'est pas non plus le spectacle des douleurs humaines. Au contraire, les maux de nos semblables nous font rire pour peu qu'on nous les présente gaiement. Mais ces âmes mornes, qui ne reflètent rien, ces êtres en qui l'univers vient s'anéantir, voilà l'aspect qui désole et qui désespère.
Toutes nos misères véritables sont intérieures et causées par nous-mêmes. Nous croyons faussement qu'elles viennent du dehors, mais nous les formons au dedans de nous de notre propre substance.