Quand on a trop souffert, on ne pense plus. La stupidité, c'est le coup de grâce de la misère.
Je l'aime, et je n'ai de goût à rien au monde parce qu'elle ne m'aime pas.
On voit tant de malhonnêteté en ce bas monde ! Avisez, soyez prudent.
Applique ton attention et ta volonté seulement à mériter ta propre estime à chacune de tes actions, et souviens-toi de cette double maxime : l'occasion de l'action n'importe guère.
Vous savez, mon cher maître, que je ne suis pas un animal destructeur. Je n'ai pas de goût pour le militarisme. J'ai même des idées humanitaires très avancées et je crois que la fraternité des peuples sera l'œuvre du socialisme triomphant. Enfin j'ai l'amour de l'humanité. Mais, dès qu'on me fiche un fusil dans la main, j'ai envie de tirer surtout le monde. C'est la joie innée de tirer des coups de fusil.
L'éloquence politique est l'art de promettre sans tenir, de jeter de la poudre aux yeux des autres.
Promettre est un, et tenir sa promesse est un autre.
On ne peut tout apprendre à la fois.
Il y a en ce monde des désirs qui ne sont jamais contentés.
La mort est la seule récompense de la vie.
Le véritable salaire du bien est de l'avoir fait.
L'avarice est la première vertu des sociétés humaines.
La haine engendre la haine.
Dieu, qui créa la femme, voulut qu'elle fût plus jolie que l'homme, mais aussi plus fragile.
La vie c'est souffrir d'un amour infini, c'est d'être torturé et de bénir sa souffrance.
Il n'y a pas de beauté sans voiles, et ce que nous préférons, c'est encore l'inconnu.
Il n'y a de loi sainte que dans l'amour ; il n'y a de justice que dans la charité.
Tant que la société sera fondée sur l'injustice, les lois auront pour fonction de défendre l'injustice.
La justice est la consécration de toutes les injustices.
Je t'aime avec tout mon cœur, je t'aime avec mes larmes.
Il y a pour conserver le bonheur un secret : C'est d'être bon.
Il ne suffit pas dans le mariage, d'aimer, de chérir, d'adorer : il faut encore compatir.
Il ne faut pas que ce qui doit s'accomplir ne soit déjà accompli et n'ait été de tout temps accompli.
Dans l'instinct est la seule vérité.
On ne taquine que ceux qu'on aime.
Sans argent, dit le proverbe, pas de suisse ! pas de suissesse, non plus.
Sans être vieux, j'ai vécu déjà trop longtemps pour n'avoir pas quelquefois souffert. Mais mes souffrances, si profondes qu'elles fussent, étaient moins après que celles que j'éprouve aujourd'hui. La tendresse ou la pitié qui les causaient y mêlaient quelque chose de leur céleste douceur. Au contraire, je sens qu'à cette heure mon chagrin a la noirceur et l'âcreté d'un mauvais désir. Mon âme est aride, et mes yeux nagent dans leurs pleurs comme dans un acide qui les brûle.
Nous vivons entre deux nuées épaisses, dans l'oubli de ce qui fut et l'incertitude de ce qui sera.
La science est le lien de l'homme avec la nature.
L'histoire n'est pas une science, c'est un art : on n'y réussit que par l'imagination.
Chaque homme a son ange, qui suit tous ses pas, qui le console et le soutient.
Épargner, pardonner, consoler, voilà toute la science de l'amour.
On n'aime sûrement que ceux qu'on aime jusque dans leurs faiblesses et leurs pauvretés.
La parole est notre seule arme. Puisse, un jour, l'univers n'en plus connaître d'autres !
Il n'est pas dans la nature des brutes de goûter la sagesse.
Il faut honorer toutes les religions, croire que toutes sont saintes, qu'elles sont égales entre elles par la bonne foi de ceux qui les professent, que semblables à des traits lancés de points différents vers un même but, elles se rejoignent dans le sein de Dieu.
Le propre de ce qui est mesurable est d'être compris entre deux points extrêmes.
Dieu est l'âme du monde, répandue dans toutes les parties de l'univers, auquel elle communique le mouvement et la vie. Cette âme, flamme artisane, pénétrant la matière inerte, a formé le monde, elle le dirige et le conserve.
Il ne faut point se laisser emporter par la haine des précieuses et des pédantes. Il est de fait que rien n'est odieux comme une pédante. Pour ce qui est des précieuses, il faudrait distinguer. Le bel air ne messied pas toujours, et un certain goût de bien dire ne gâte pas une femme.
Il faut douter du doute.
Toute bonne plaisanterie doit être courte.
Ce n'est pas assez de s'aimer beaucoup, il faut encore se bien aimer.
Il faut avoir la passion de son art, on ne fait bien que ce que l'on aime.
Faites l'amour la nuit, le jour, en hiver, en été, c'est pour cela que nous sommes au monde.
La grande absurdité est de confondre l'amour avec la jeunesse : la jeunesse est ivre d'elle-même.
L'amour, pour le bien faire, il faut l'avoir beaucoup fait : les novices n'y entendent rien.
La vie dans certaines conditions mérite d'être vécue. C'est une petite flamme entre deux ombres infinies, c'est notre part de divinité. Tant qu'un homme vit, un homme est semblable aux dieux.
Les sages, plus encore que le vulgaire, éprouvent le désir de percer l'avenir et de s'y jeter pour ainsi dire. C'est sans doute parce qu'ils espèrent de la sorte échapper au présent, qui leur apporte tant de tristesses et de dégoûts. Comment les hommes d'aujourd'hui ne seraient-ils pas aiguillonnés du désir de fuir leur temps misérable ? Nous vivons dans un âge fréquent en lâchetés, abondant en ignominies, fertile en crimes.
Le passé nous est caché comme l'avenir ; nous vivons entre deux nuées épaisses, dans l'oubli de ce qui fut et l'incertitude de ce qui sera. Et pourtant la curiosité nous tourmente de connaître les causes des choses et une ardente inquiétude nous excite à méditer les destinées de l'homme et du monde.
L'homme amoureux de la gloire fait consister son bonheur dans l'activité d'autrui ; le voluptueux, dans ses propres sensations ; l'homme intelligent, dans sa propre conduite.