Les citations d'Anne Barratin

L'âme et l'oiseau qui s'envolent ne regardent qu'en haut.

Un bavard me fait toujours l'effet d'un train qui va dérailler.

Un principe n'est ni vieux ni jeune, il a l'âge de ce qu'il vaut.

Les plus haineux sont souvent les plus envieux.

Flatteuse récompense d'une pensée saine : se faire craindre par son jugement.

Un bavard peut ne pas être un méchant, mais il en fait souvent la besogne.

Avant de s'élancer, l'ironie fait sa première apparition sur la lèvre.

Un goût cède le pas à son voisin, une passion l'écrase.

Qui dit prétention, dit disproportion.

Qui ne vit que dans ses convictions vit souvent dans ses erreurs.

Le nombre favorise l'excès en diminuant la responsabilité de chacun.

Avoir modestement raison, c'est le grand succès.

L'immobilité de la montagne a l'air de s'amuser de la mobilité de l'eau.

Dans le veuvage, Dieu semble mettre en chapelle quelques belles âmes, avant qu'elles n'arrivent à Lui.

Certaines gens ont l'air endimanché dans la dépense, comme le paysan dans sa veste neuve.

Qui persévère dans son entreprise est toujours récompensé de son endurance.

Tout ce que les hommes peuvent dire n'est rien, et tout ce qu'ils peuvent faire si peu de chose.

Les prétentions se regardent en ennemies, pourquoi ? Elles sont pourtant de même race.

Les prétentions s'habillent toutes de la même loque : la vanité.

La clarté est à l'intelligence ce que la lumière est au logement.

On a de la reconnaissance à ses amis quand ils se portent bien.

Toujours au-dessus : Quelle belle devise pour endurer et se taire !

Deux genres d'absolution : Celle qu'on se donne et celle qu'on reçoit.

L'obéissance demande plus d'amour que d'esprit.

La dissimulation est un art que nous apprend la vie.

Les promesses sont gaillardes comme les maîtresses d'auberge.

Rien de plus édifiant que l'esprit de famille, et rien de plus égoïste pourtant.

Les faiblesses de nos amis, quand elles restent orthodoxes, quelle charmante occasion pour nous de leur complaire !

Quand un être ne sait pas parler, essayez de le faire chanter et vous lui trouverez de la voix ; la nature ne boude aucun de ses enfants.

Quand on a pris haut son vol et qu'on est bon, on regarde avec intérêt ceux qui essaient leurs ailes.

Le sacrifice, c'est comme le sinapisme, on en parle à son aise quand on ne le sent pas.

Les sottises humaines, lasses d'aller à pied, se promènent quelquefois sur des échasses.

Les gens d'esprit ont le droit de faire des sottises, ils n'ont pas le droit d'en dire.

La jeunesse mousse dans certains êtres comme le champagne dans le verre.

La tentation dédaigne certains êtres, comme le goût certains palais.

Les femmes prennent souvent le chemin de l'amitié dans l'espoir d'y rencontrer l'amour.

Il est toujours prudent d'avoir des rames de rechange.

Il est des peines où les autres ne peuvent nous suivre, même les plus compatissants.

Ceux qui me défendent me font souvent plus de peine que ceux qui m'attaquent.

L'intuition est un éclair que Dieu nous prête.

On est jaloux de l'âme de son ami, et ce n'est pas sans douleur qu'on la voit déchoir.

Ménager le cœur d'une femme et flageller l'ambition d'un homme, on peut plus mal rêver.

Les chances du revoir sont aussi capricieuses que les lèvres de Vénus à son réveil.

Nos forces nous conviennent quand nous sommes jeunes, et plus tard c'est nous qui les convions.

De même qu'un bon livre n'instruit pas toujours, un voyage n'aère pas toujours intellectuellement.

La patience n'a qu'un mot dans son code : attendre ! Oh ! le cruel mot qui vous cloue les bras, qui compte lentement vos pulsations, qui s'amuse de vos larmes, qui semble se réjouir de vos angoisses !

Si la ronce me déchire, je m'en prends à la ronce et non au chemin ; si l'homme me blesse, pourquoi en accuserais-je la vie ?

Un riche qui pleure fait toujours plaisir à quelqu'un.

Un bel automne ne fait pas plus oublier un vilain été qu'une caresse ne fait oublier une injure.

Pour louer la création, les oiseaux ont leurs chants, les fleurs leurs parfums, les éléments leurs mystères et l'homme son cœur.