De sa nature l'amour exige l'amour ; il est impossible de préférer sans vouloir être préféré, de se dévouer sans vouloir qu'on nous rende le dévouement, et quand à l'union entre deux êtres, on ne saurait même la concevoir sans l'idée de la réciprocité.
L'humilité est une acceptation volontaire de la place qui nous a été marquée dans la hiérarchie des êtres, une possession de soi-même avec une modération égale à ce que l'on vaut, et qui nous porte à descendre vers ce qui ne nous vaut pas.
Le patrimoine est la portion de terre fécondée par le travail des aïeux.
Sans la famille, l'homme peut être citoyen d'une république, capable de défendre son corps de toute violence ; mais il ne s'appartient plus, et brisé par l'impuissance de vivre des plus saintes et des plus chères affections de sa nature, il languit sans épanchement et sans consolation.
Sans la patrie, l'homme est un point perdu dans les hasards du temps et de l'espace.
La famille est le cœur même de l'homme ; elle y verse l'amour sous toutes les formes qu'il a reçues de Dieu, et ce qu'il nous en reste en dehors d'elle est une goutte trop rare et trop amère pour nous contenter.
Les chagrins et les peines, c'est ce qui manque le moins dans le monde.
Il vient un temps dans le célibat où nous ne pouvons plus vivre pour nous-mêmes, où il nous faut quelque autre vie où la nôtre se rattache ; la famille comble admirablement ce besoin que nous éprouvons quand toutes les jouissances personnelles sont connues et comme épuisées.
J'apprends tous les jours davantage qu'on n'est jamais sûr du lendemain.
Le cœur, c'est la foudre ; on ne sait où elle tombe que quand elle est tombée.
L'amitié et l'estime viennent du cœur ; c'est le cœur qui juge les actions, qui apprécie les dévouements, qui sait ce qu'on doit de respect aux croyances des hommes, même quand on ne les partage pas.
La vérité est le premier nom de Dieu, la justice est le second.
L'erreur n'est qu'une feuille tombée de l'arbre de la vérité, et emportée par le vent.
Être intelligent c'est connaître ce qui est. Or, ce qui est c'est la vérité ; et la vérité absolue, unique, c'est Dieu.
Ce n'est pas la justice qui est sans miséricorde, c'est l'amour.
Le bonheur est le patrimoine naturel et prédestiné de tous les êtres intelligents.
L'action d'un être est égale à son activité.
On ne peut régner sur les hommes quand on ne règne pas sur leur cœur.
La jeunesse est un bien beau moment dans la vie : Enfant, on n'a pas assez de sensibilité, ni de connaissances des choses ; rien n'est profond. Dans l'âge mûr, on sait trop, on ne plaît plus autant ; le cœur, moins sollicité et plus circonspect, ne donne et ne reçoit plus autant. Mais entre vingt et trente ans, que de séve ! quelle plénitude ! on est si vite aimé et on aime si vite !
Les deux grandes vertus à acquérir sont l'humilité et la pénitence.
Nous avons deux grands vices à combattre et à détruire : L'orgueil et la volupté.
Vous devez apporter dans vos lectures un grand discernement : Lisez lentement et avec réflexion.
Etudiez beaucoup les anciens : Platon, Plutarque, Cicéron et beaucoup d'autres, sont mille fois préférables à la plupart de nos écrivains modernes ; c'étaient des gens religieux, pénétrés de respect pour la tradition, et n'attendant la perfection de l'homme que de sa communication habituelle avec la Divinité.
L'orgueil qui attaque la vérité n'inspire aucun sentiment doux.
La faiblesse qui pèche est digne de compassion.
Écrire, c'est agir ; écrire l'erreur avec opiniâtreté, c'est commettre un crime honteux.
Les lettres sont toujours bien froides et bien courtes en comparaison de la conversation.
L'égoïsme consiste à faire son bonheur du malheur de tous.
Le don gratuit est l'âme de l'amour humain comme de l'amour divin.
Être libre, c'est se posséder soi-même.
L'injustice appelle l'injustice ; la violence engendre la violence.
La bonté, c'est l'amour gratuit.
L'amour pardonne tout, sauf une seule chose, qui est de ne pas être aimé.
Pour aimer à un certain degré, il faut une foi profonde, il ne faut pas seulement une raison.
Aimer, c'est estimer la vie de celui qu'on aime deux mille fois plus que la sienne.
La sympathie ne se refuse qu'à celui qui ne l'inspire pas.
L'amitié est, dans le christianisme, le terme et la récompense suprême de l'amour conjugal.
Rien de ce qui est sensible n'est immortel.
La fidélité dans l'amitié s'affermit par l'épreuve.
L'amitié, quand elle est vraie, n'est pas susceptible aux revers de fortune.
Que de mariages où l'amour est absent ! Que de foyers qui n'ont pour dieux que l'indifférence !
À peine homme, avant même qu'il le soit, l'enfant de la plus aimable mère aspire à se séparer d'elle.
L'exception n'a jamais détruit une règle.
La société n'est pas autre chose que l'ordre, et l'ordre a en Dieu sa racine invulnérable.
Le droit est la face égoïste de la justice, le devoir en est la face généreuse et dévouée.
Chaque goutte de notre sang est achetée de la terre au prix d'une vertu.
Il y a de la crainte lorsqu'il n'y a pas d'égalité dans le sort.
La charité ne consiste pas à être malheureux, pas plus que l'égoïsme à être heureux.
Tout être, quel qu'il soit, ne saurait agir et vivre que pour lui.
L'homme libre d'aimer ou de haïr, reste responsable de ses actes devant la justice suprême de Dieu.
L'amour sans la vertu n'est qu'une faiblesse et un désordre.
L'union est le terme de l'amour où il n'a plus rien à produire que la persévérance de ses actes.
Se dévouer, c'est se donner à autrui pour être sa chose.
La vertu seule produit l'amour, parce que seul elle produit le dévouement.
Beaucoup d'affections ne sont qu'un égoïsme déguisé ; on éprouve un attrait, on s'y abandonne.
Le dévouement est l'immolation de soi à l'objet aimé.
Choisir, c'est préférer un être à tous les autres ; se dévouer, c'est le préférer à soi-même.
L'homme, si vaste que soit son cœur, ne peut s'attacher à tout avec la même force.
Les guerres commencent par l'ambition des dictateurs, et finissent par le malheur et le sang des peuples.
Notre vie se passe à subir le bien ou à le régler.
Le bien est la perfection et la béatitude de la volonté.
La vérité est l'objet de l'intelligence, le bien est l'objet de la volonté.
L'action est la conséquence de l'activité ; la production est la fin dernière de l'activité.
L'égoïsme aspire à la solitude pour échapper à la dépendance.