Le don gratuit est l'âme de l'amour humain comme de l'amour divin.
Être libre, c'est se posséder soi-même.
L'injustice appelle l'injustice ; la violence engendre la violence.
La bonté, c'est l'amour gratuit.
L'amour pardonne tout, sauf une seule chose, qui est de ne pas être aimé.
Pour aimer à un certain degré, il faut une foi profonde, il ne faut pas seulement une raison.
Aimer, c'est estimer la vie de celui qu'on aime deux mille fois plus que la sienne.
La sympathie ne se refuse qu'à celui qui ne l'inspire pas.
L'amitié est, dans le christianisme, le terme et la récompense suprême de l'amour conjugal.
Rien de ce qui est sensible n'est immortel.
La fidélité dans l'amitié s'affermit par l'épreuve.
L'amitié, quand elle est vraie, n'est pas susceptible aux revers de fortune.
Que de mariages où l'amour est absent ! Que de foyers qui n'ont pour dieux que l'indifférence !
À peine homme, avant même qu'il le soit, l'enfant de la plus aimable mère aspire à se séparer d'elle.
L'exception n'a jamais détruit une règle.
La société n'est pas autre chose que l'ordre, et l'ordre a en Dieu sa racine invulnérable.
Le droit est la face égoïste de la justice, le devoir en est la face généreuse et dévouée.
Chaque goutte de notre sang est achetée de la terre au prix d'une vertu.
Il y a de la crainte lorsqu'il n'y a pas d'égalité dans le sort.
La charité ne consiste pas à être malheureux, pas plus que l'égoïsme à être heureux.
Tout être, quel qu'il soit, ne saurait agir et vivre que pour lui.
L'homme libre d'aimer ou de haïr, reste responsable de ses actes devant la justice suprême de Dieu.
L'amour sans la vertu n'est qu'une faiblesse et un désordre.
L'union est le terme de l'amour où il n'a plus rien à produire que la persévérance de ses actes.
Se dévouer, c'est se donner à autrui pour être sa chose.
La vertu seule produit l'amour, parce que seul elle produit le dévouement.
Beaucoup d'affections ne sont qu'un égoïsme déguisé ; on éprouve un attrait, on s'y abandonne.
Le dévouement est l'immolation de soi à l'objet aimé.
L'homme, si vaste que soit son cœur, ne peut s'attacher à tout avec la même force.
Les guerres commencent par l'ambition des dictateurs, et finissent par le malheur et le sang des peuples.
Notre vie se passe à subir le bien ou à le régler.
Le bien est la perfection et la béatitude de la volonté.
La vérité est l'objet de l'intelligence, le bien est l'objet de la volonté.
L'action est la conséquence de l'activité ; la production est la fin dernière de l'activité.
L'humilité renferme en soi l'amour et le respect de la supériorité dans ceux que la Providence a faits nos supérieurs, l'amour et le respect de l'égalité dans ceux que la Providence a faits nos égaux, l'amour et le respect de l'infériorité non seulement dans ceux que la Providence a faits nos inférieurs, mais encore pour nous-même et d'une manière absolue.
Si la primauté était notre but et notre vocation, un seul être existerait, et encore ne serait-il pas le premier, parce que pour qu'il y ait un premier, il faut qu'il y ait des derniers.
L'Église est comme une horloge inflexible qui répond l'heure véritable des choses à tout point de l'espace, et à tout moment de la durée.
Si jamais tu es tenté d'abandonner ta foi, songe que tu n'as éprouvé ce désir que depuis le jour où tu auras abandonné la vertu.
La chasteté est la sœur aînée de la vérité.
En adhérant à la parole de Dieu, la raison accepte un témoignage, elle a des raisons pour l'accepter.
Vivre, c'est agir ; agir, c'est produire ; produire, c'est tirer de soi quelque chose d'égal à soi.
Il faut pardonner en aimant comme Dieu nous pardonne tant d'infidélités que nous lui faisons. Et pourtant il a été crucifié pour nous ! Quel est celui de nous, qui croyons tant nous aimer, qui aura été crucifié pour son ami ?
Le vulgaire des hommes n'aspire qu'à la primauté de naissance, de fortune, de génie, de gloire, de puissance ; le rationaliste, capable de dédaigner tout cela, place son trône plus haut encore, et verra sans étonnement le jour où, par une conclusion logique, il s'estimera Dieu ou l'absolu.
L'orgueil trouble tous les êtres, à commencer par lui-même ; l'humilité apaise tous les êtres, à commencer par elle-même : elle est la vertu-principe, comme l'orgueil est le vice-principe.
L'humilité est une force, elle surmonte le penchant de notre nature à l'égoïsme de la primauté ; elle résiste au mal et accomplit le bien, car le mal est une relation fausse, et le bien une relation vraie des sentiments et des actes avec les êtres.
La franchise n'exige pas qu'on se trahisse soi-même. Autre chose est de mentir à sa pensée, autre chose de se taire. Le silence est une grande vertu. Il n'est une lâcheté que si l'honneur exige de le rompre : et l'honneur ne l'exige pas dans des conversations où l'on ne fait, après tout, que répandre son âme pour le plaisir qu'on y trouve.
La vieillesse, qui flétrit le corps, rajeunit l'âme, quand elle n'est pas corrompue et oublieuse d'elle-même, et le moment de la mort est celui de la floraison de notre esprit.
Rien n'est plus beau que de mourir après avoir connu tout ce qu'on peut connaître ici-bas, mais cette pensée ne doit pas venir par un côté sombre de l'âme ; il faut qu'elle arrive par le côté le plus lumineux et le plus serein, comme le soleil sort de l'Orient.
Soyez toujours bien doux et bien humble ; tout se répare avec ces deux vertus, rien ne répare leur absence.
La souffrance est d'autant plus difficile à vaincre qu'elle a une cause moins réelle.
La mélancolie est la grande reine des âmes qui sentent vivement ; elle les touche sans qu'elles sachent comment ni pourquoi, à une heure secrète, inattendue.
Le travail a été imposé à l'homme quand Dieu le chassa du paradis terrestre avec cette sentence : Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ; en le repoussant, nous ne faisons que repousser un châtiment, et pour l'accepter, quand l'amour nous manque, il ne nous faut pas moins que toute la force de la nécessité.
Un homme se juge malheureux parce qu'une disgrâce le jette dans un château magnifique, où, entouré de toutes les jouissances et de toutes les distinctions, il ne lui manque qu'une multitude de solliciteurs et d'importuns qui l'empêchent de penser à soi.
L'humilité est la forme de l'amour, la passion de l'être vraiment grand, qui veut se faire petit pour se mieux donner.
L'orgueil n'est que la forme de l'égoïsme, la passion du néant qui se ramasse en soi et qui veut opprimer tout le reste.
La véritable élévation, l'élévation essentielle et éternelle, c'est l'élévation de mérite, l'élévation de la vertu. La naissance, la fortune, le génie ne sont rien devant Dieu.
Tout ce que peuvent faire les hommes, quand ils enseignent, c'est d'être certains, et aussi ne peuvent-ils pas exiger la foi à leur enseignement, c'est-à-dire une adhésion pure et simple, de cœur et d'esprit, à leur parole ; car, leur parole n'étant pas infaillible, il reste toujours à voir s'ils ne se trompent pas, ou s'ils ne veulent pas nous tromper.
Rien ne s'acquiert vite ici-bas, mais on en est souvent récompensé dans l'âge mûr.
Le résultat d'un travail consciencieux est toujours un bénéfice net.
Le but de notre vie, c'est Dieu ; la règle de notre vie, le devoir ; l'obstacle, les mauvaises passions.
Le culte ou la dévotion, car la dévotion n'est que la pointe la plus tendre du culte, le culte ou la dévotion c'est l'amour, en tant qu'il vit et s'exprime.
L'union de l'âme avec Dieu dans l'ordre surnaturel est une sorte de déification qui, sans confondre le fini avec l'infini, le créé avec l'incréé, le met dans un rapport si étroit, que non seulement l'homme pense comme Dieu, mais que Dieu est dans l'homme par une pénétration de sa substance, à la manière dont le feu est dans le fer qu'il transfigure par sa lumière et sa chaleur sans le dénaturer ni se dénaturer lui-même.
Je vous prie, mon cher ami, de ne point vous laisser séduire aux écrits modernes. Presque tous sont infectés d'orgueil, de sensualisme, de doutes, de prophéties qui n'ont d'autre valeur que l'audace des poètes qui se les permettent.
La volupté tue la sagesse et la vie.
L'égoïsme aspire à la solitude pour échapper à la dépendance.