Obliger de bonne grâce, c'est obliger doublement.
Suivre la nature, c'est suivre la raison, quand il n'y a en elle rien que d'équitable et d'égal.
On dompte la nature, mais on ne peut la détruire.
La morale nous apprend à connaître que nos propres faiblesses, et à ne s'occuper qu'à corriger les dérèglements de notre cœur.
Plus on a de mérite, plus on doit prendre garde de ne pas gêner les moins méritants, et de leur être incommode ; car, ainsi va le monde, tout envieux de votre propre réussite est un ennemi déclaré.
Qui médit hautement est semblable à un chien qui aboie et qui mord.
Le médisant secret est un serpent qui mord sans faire de bruit.
Les mariages les plus parfaits sont les moins imparfaits, les plus pacifiques sont les moins orageux.
Les malheureux, qui ont toujours été malheureux, ne sentent que la moitié de leurs peines.
Il y a des justes à qui des malheurs arrivent, comme s'ils avaient fait les actions des méchants.
Les louanges ne touche que médiocrement les personnes modestes.
L'homme n'est vraiment libéral que quand qu'il donne sans intérêt.
La libéralité n'appartient qu'aux âmes nobles et généreuses.
La libéralité devient prodigalité dès qu'elle est excessive et peu judicieuse.
L'indifférent regarde tranquillement et sans émotion les injustices qui ne le frappent point.
On n'est jamais bien désabusé des préjugés, et des premières impressions de la jeunesse.
Le plus ignorant des hommes est celui qui ne se connaît pas lui-même.
Ignorer ce qui s'est passé avant soi, c'est toujours être enfant.
Il y a une humilité qui n'est qu'hypocrisie, et un mensonge continuel.
Les princes combattent pour la victoire, et les soldats pour le prince.
C'est un parti sage à la guerre de se tenir sur la défensive, mais ce n'est pas le plus brillant.
L'affectation de gravité extérieure est un soupçon d'hypocrisie.
Le goût est un sentiment qu'on ne saurait apprendre ni enseigner, il faut qu'il soit né avec nous.
Les plus beaux génies s'affaiblissent avec l'âge, et ne deviennent que les ombres d'eux-mêmes.
Les plus brillantes fortunes ne valent pas souvent les petitesses qu'il faut faire pour les acquérir, ni les humiliations qu'il faut essuyer.
Le propre de la prospérité est d'aveugler et de faire abuser d'elle. Il y a des méchants à qui tout prospère.
Le temps, disent les paresseux, est l'ennemi irrévocable de toutes choses.
Si la flatterie est fine et délicate, elle touche même le cœur de celui qui est le plus en garde contre elle.
Si vous avez quelque qualité éminente qui efface celles des autres, il faut les en dédommager par plus de modestie.
La patience n'ôte pas le sentiment des malheurs, elle les modère.
L'indolent reste dans une médiocrité qui ne l'élève à rien.
On fait moins par estime que par inclination, parce que l'estime est comme étrangère chez nous, et que l'inclination est un mouvement naturel.
Il y a des esprits spongieux qui prennent toutes les impressions qu'on leur présente.
Les ignorants condamnent tout ce qu'ils n'entendent point.
Un génie vif et plein de feu franchit et traverse ce qui arrête les esprits communs.
Il faut se défier des flatteurs, et plus encore des flatteurs sérieux que des enjoués.
Les hommes croient plus leurs yeux que leurs oreilles, c'est pourquoi le chemin des préceptes est plus long que celui des exemples.
L'une des sources des malheurs du mariage, c'est que la fille n'y envisage que la personne, et que la mère n'y considère que le bien.
La douceur a quelque chose de fade et d'ennuyeux quand le cœur ne l'anime pas.
Notre esprit, assez souvent, n'a pas moins besoin de bride que d'éperons.
Il vaut mieux être l'ouvrier de sa fortune que d'en être l'ouvrage.
Les bonnes manières commencent et forment les premiers nœuds de la société.
Le principal emploi de la morale est de donner des préceptes pour régler ses passions, et de détromper la raison des erreurs de son imagination et de ses sens.
L'homme malheureux, lorsqu'il paraît pensif, écoute son âme qui se déchire.
Quand les louanges sont fines, elles séduisent jusqu'aux plus austères.
C'est louer les gens grossièrement que de les louer en face.
L'ignorant est un homme courbé dans la plaine, et qui ne voit que son pourtour ; le savant est un homme debout dans la montagne, et qui voit tout son horizon.