On voit courir après l'ombre tant de fous qu'on n'en sait pas la plupart du temps le nombre.
Le péril passé, l'on ne se souvient guère de ce qu'on a promis aux Cieux.
Par des vœux importuns nous fatiguons les dieux ; souvent pour des sujets même indignes des hommes.
Tout parle dans l'univers, il n'est rien qui n'ait son langage.
Pain qu'on dérobe et qu'on mange en cachette vaut mieux que pain qu'on cuit ou qu'on achète.
Petit poisson deviendra grand.
De loin, c'est quelque chose, et de près, ce n'est rien.
L'accoutumance nous rend tout familier, et ce qui nous paraissait terrible et singulier s'apprivoise avec notre vue quand cela vient à la continue.
Ici-bas maint talent n'est que pure grimace, et certain art de se faire valoir mieux su des ignorants que des gens de savoir.
Un heureux ménage ? — Après mûr examen, j'appelle un bon, voire un parfait hymen, quand les conjoints se souffrent leurs sottises.
Pour en ménage avoir du bon temps, de beaux jours, croyez-moi, la richesse est d'un puissant secours.
L'exemple est un dangereux leurre : où la guêpe a passé le moucheron demeure.
La ruse la mieux ourdie peut nuire à son inventeur, et souvent la perfidie retourne sur son auteur.
Les ouvrages les plus courts sont toujours les meilleurs.
Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ? Que ce soit aux rives prochaines. Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau, toujours divers, toujours nouveau, tenez-vous lieu de tout, et comptez pour rien le reste.
La discorde a toujours régné dans l'univers, notre monde en fournit mille exemples divers.
Dieu n'a point imprimé sur le front des étoiles ce que la nuit des temps renferme dans ses voiles.
Tel fait le métier de conseiller autrui, qui ne voit goutte dans ses affaires.
Une morale nue apporte de l'ennui, l'exemple fait passer le précepte avec lui.
La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir ; la vieillesse est impitoyable.
La raison du plus fort est toujours la meilleure.
Il ne se faut jamais moquer des misérables, car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?
Heureux, qui vit chez soi ; de régler ses désirs faisant tout son emploi.
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
Il n'est meilleur ami ni parent que soi-même.
Chacun croit aisément ce qu'il craint et ce qu'il désire.
Le bien, nous le faisons ; le mal, c'est la fortune : on a toujours raison, le destin toujours tort.
Il est bon de parler, et meilleur de se taire.
Ah ! si mon cœur osait encore se renflammer ! Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ? Ai-je passé le temps d'aimer ?
Il est bon d'être charitable, mais envers qui ? C'est là le point.
Jamais auprès des fous ne te mets à portée.
On ne plaint guère les gens qui retombent dans leurs erreurs.
Nous avons beau nous munir de préservatifs contre l'attaque des passions, elles nous emportent à la première occasion qui se présente, comme si nous n'avions fait résolution aucune de leur résister.
J'ai griffe et dent, et mets en pièces qui m'attaque.
Deux sûretés valent mieux qu'une.
On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain.
Nous nous pardonnons tout et rien aux autres hommes.
Les enfants n'ont l'âme occupée, que du continuel souci, qu'on ne fâche point leur poupée.
Le cœur suit aisément l'esprit.
Chaque pays a sa pensée.
Il en faut revenir toujours à son destin ; vous ne détournerez nul être de sa fin.
On tient toujours du lieu dont on vient.
Mes affaires m'occupent autant qu'elles en sont dignes, c'est-à-dire nullement.
Un sot plein de savoir est plus sot qu'un autre homme.
L'amour récompense ceux qui le servent fidèlement.
Ne nous associons qu'avec nos égaux.
Il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
Le travail est un trésor.
Rien de trop est un point dont on parle sans cesse et qu'on n'observe point.
Pour sauver son crédit, il faut cacher sa perte.
Il ne faut point juger des gens sur l'apparence.
Alléguer l'impossible aux Rois, c'est un abus.
C'est double plaisir de tromper le trompeur.
La dispute est d'un grand secours ; sans elle, on dormirait toujours.
Il faut coucher la colère à sa porte.
Plus fait douceur que violence.
On rencontre sa destinée, souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter.
Entre la chair et la chemise, il faut cacher le bien que l'on fait.
Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose : Rien n'est plus commun que ce nom, rien n'est plus rare que la chose.
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles ; on hasarde de perdre en voulant trop gagner.
L'absence est le plus grand des maux.
Patience et longueur de temps, font plus que force ni que rage.
La douleur est toujours moins forte que la plainte.
Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre.
Rien n'a d'empire sur l'amour, l'amour en a sur toutes choses.
Les délicats sont malheureux, rien ne saurait les satisfaire.
Chacun a son défaut où toujours il revient.
Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole ; le Temps ramène les plaisirs.
L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Il se faut entraider, c'est la loi de la nature.