Le but de la société est le bonheur commun.
Les hommes sont ce que les institutions les font.
L'incertitude de l'avenir est le pire de tous les maux.
Donnez au prolétaire le plus anarchique des droits, une place légale dans la société, vous en faites à l'instant un homme d'ordre, dévoué à la chose publique, car vous lui donnez des intérêts à défendre.
Dans tous les temps, à égalité d'arme, c'est le génie des chefs qui a décidé le succès ; c'est à son tour, à égalité de génie, la perfection des armes, de la discipline, de la tactique, qui a été cause de la victoire.
Ce qui distingue les grands hommes, ce qui en flamme leur ambition, ce qui les rend absolus dans leurs volontés, c'est l'amour de la vérité qu'eux seuls croient connaître.
Il n'y a que deux systèmes : L'un qui place l'alimentation du travail bien avant le bon marché du produit ; l'autre, qui considère le bas prix de la marchandise comme le premier élément de prospérité.
Le premier intérêt d'un pays ne consiste pas dans le bon marché des objets manufacturés, mais dans l'alimentation du travail. Créer le plus d'activité possible, employer tous les bras oisifs, tel doit être le premier soin d'un gouvernement.
Le vil prix de la marchandise, dépend du vil prix du travail, et le vil prix du travail, c'est la misère du peuple.
On se fie sur un traité signé par toutes les puissances : mais les différents Etats ne sont jamais retenus par la froide observation des traités, c'est la force irrésistible du moment qui les allie ou les divise.
Des années s'écoulent avant qu'un peuple mette la main sur l'endroit de ses blessures. Plus les griefs réels semblent faciles à proclamer, plus les esprits s'élancent dans le mysticisme des théories.
Mettons-nous en garde contre ces hommes à théories plus brillantes que vraies, qui poursuivent une idée sans se préoccuper des effets contraires qu'elle produit, et qui, voulant embrasser le monde entier de leur amour, font le malheur du genre humain.
Je veux, en m'entourant de toutes les sommités du pays, sans exception, et en m'appuyant uniquement sur la volonté et les intérêts des masses, fonder un édifice inébranlable.
Le gouvernement sera stable lorsque les institutions ne seront point exclusives, c'est-à-dire lorsque, ne favorisant aucune classe, elles seront tolérantes pour toutes, et surtout en harmonie avec les besoins et les désirs de la majorité de la nation.
Un gouvernement est inébranlable lorsqu'il peut se dire : ce qui profitera au plus grand nombre, ce qui assurera la liberté des citoyens, fera aussi la force de mon autorité et consolidera mon pouvoir.
La forme du gouvernement est stable lorsqu'elle est appuyée sur toute la nation, parce qu'alors aucune classe n'est repoussée, que la carrière est ouverte à tous les mérites sans donner prise aux ambitions funestes des factions ; parce qu'enfin le pouvoir a la force nécessaire pour protéger sans avoir celle d'empiéter sur les droits du peuple.
La souveraineté réside dans le peuple, elle est une indivisible, imprescriptible et inaliénable.
Les deux premières qualités pour le chef d'un grand peuple sont de savoir devancer l'opinion publique et pardonner.
Un homme d'État ne reste à la tête d'une société en travail qu'à la condition de la diriger, et il ne dirige qu'à la condition de favoriser et de régler les idées nouvelles.
Chaque homme porte en lui un monde composé de tout ce qu'il a vu et aimé et où il rentre sans cesse, alors même qu'il parcourt un monde étranger ; j'ignore alors ce qui est le plus douloureux de se souvenir des malheurs qui vous ont frappé ou du temps qui n'est plus.
La société renferme en elle deux éléments contraires : d'un côté immoralité et progrès, de l'autre malaise et désorganisation.
La centralisation des intérêts et des entreprises est dans la nature du despotisme. La nature de la République repousse le monopole.
Il fallait une révolution pour élever au-dessus des langues mortes les sciences physiques et mathématiques qui doivent être le but de notre société actuelle, car elles forment des travailleurs au lieu de former des oisifs.
Nous ne produisons pas trop, mais nous ne consommons pas assez.
Tuer ce qui doit vivre est un plaisir barbare, contraire aux lois de la nature.
La routine amoureuse des vieilles pratiques a conservé pendant des siècles les usages les plus stupides.
Non seulement la routine conserve scrupuleusement comme un dépôt sacré les vieilles erreurs, elle s'oppose encore de toutes ses forces aux améliorations les plus légitimes et les plus évidentes.
La richesse d'un pays dépend de la prospérité de l'agriculture et de l'industrie, du développement du commerce intérieur et extérieur, de la juste et équitable répartition des revenus publics.
On ne viole pas impunément la logique populaire.
Nul genre de travail, de culture, de commerce, ne peut être interdit à l'industrie des citoyens.
Pour être libre, ce qui n'est qu'une conséquence de l'indépendance, il faut que tout le peuple indistinctement puisse concourir aux élections des représentants de la nation ; il faut que la masse, qu'on ne peut jamais corrompre, et qui ne flatte, ni ne dissimule, soit la source constante d'où émanent les pouvoirs.
Il n'y a jamais eu, chez les peuples libres, de gouvernement assez fort pour réprimer longtemps la liberté à l'intérieur, sans donner de gloire au dehors.
Les gouvernements sont impuissants lorsqu'ils veulent aller contre le sentiment général d'un pays. Ils peuvent bien momentanément réprimer les insurrections, étouffer les plaintes, corrompre des individus ; mais ce qu'ils prennent d'un côté, il faut qu'ils le rendent de l'autre ; tout ce qu'ils retranchent par la force de la vitalité des faits va germer et se développer dans le domaine des esprits.
Le droit d'association est la base fondamentale d'un gouvernement représentatif.
Il ne s'agit pas de savoir si les soldats qui ont passé trois ans sous les drapeaux sont aussi rompus au métier des armes que ceux qui y sont demeurés huit ans, mais de trouver une organisation qui, au jour du danger, donne des milliers d'hommes exercés, et qui, pendant la paix, ne soit pas une forte charge pour le budget, et enlève peu de jeunes gens à l'agriculture.
L'armée est une organisation qui, devant exécuter aveuglément et avec promptitude l'ordre du chef doit avoir pour base une hiérarchie qui parte d'en haut.
Si l'organisation militaire d'un peuple ne devait pas toujours se plier à sa nature, à sa position politique, à son état social, il ne faudrait pas beaucoup de temps pour trouver le meilleur moyen d'avoir une bonne armée, car la question se bornerait à tâcher d'avoir le plus possible de soldats et à les garder le plus longtemps possible sous les drapeaux.
La loi qui organise la défense d'un pays est une loi plus politique que militaire.
Une alliance doit être le résultat de longs rapports bienveillants entre les nations et non le fruit d'un entraînement soudain.
Répandre dans les classes ouvrières, qui sont les plus nombreuses, l'aisance, l'instruction, la morale, c'est extirper le paupérisme, sinon en entier, du moins en grande partie.
Créer l'aisance, c'est assurer l'ordre dans un pays.
Le travail qui crée l'aisance, et l'aisance qui consomme, voilà les véritables bases de la prospérité d'un pays.
Ordinairement les revenus du sol sont partagés en trois parties, sans compter celle du fisc. La première fait vivre les ouvriers qui travaillent la terre, la deuxième est l'apanage du fermier, la troisième enrichit le propriétaire.
Les intérêts de l'agriculture et de l'industrie ne doivent pas être lésés au profit du commerce extérieur, et encore moins au profit du fisc.
L'agriculture et l'industrie étant les deux causes de vitalité, tandis que le commerce extérieur n'en est que l'effet, un gouvernement sage ne doit jamais sacrifier les intérêts majeurs des premiers aux intérêts secondaires des derniers.
Notre loi égalitaire de la division des propriétés ruine l'agriculture ; il faut remédier à cet inconvénient par une association qui, employant tous les bras inoccupés, recrée la grande culture sans aucun désavantage pour nos principes politiques.
Il est avéré que l'extrême division des propriétés tend à la ruine de l'agriculture, et cependant le rétablissement de la loi d'aînesse, qui maintenait les grandes propriétés et favorisait la grande culture, est une impossibilité. Il faut même nous féliciter, sous le point de vue politique, qu'il en soit ainsi.
L'agriculture est le premier élément de la prospérité d'un pays, parce qu'elle repose sur des intérêts immuables et qu'elle forme la population saine, vigoureuse, morale des campagnes.
Empêcher l'anarchie est plus facile que de la réprimer.
Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi.
Tout ce qui est compliqué n'a jamais produit de bons résultats.
Le génie de l'ouvrier est de savoir se servir des matériaux qu'il a sous la main.
Les Etats ne périssent que par trop d'orgueil ou par trop de lâcheté.
Attribuer à des événements secondaires la chute des empires, c'est prendre pour la cause du péril ce qui n'a servi qu'à le déclarer.
C'est une mauvaise politique que d'abandonner ses amis de peur de déplaire à ses ennemis.
C'est une grande et sainte mission, bien digne d'exciter l'ambition des hommes, que celle qui consiste à apaiser les haines, à guérir les blessures, à calmer les souffrances de l'humanité en réunissant les citoyens d'un même pays dans un intérêt commun.
Les peuples libres ne connaissent d'autres motifs de préférence dans leurs élections que les vertus et les talents.
Tous les hommes, grands et petits, placent leur honneur quelque part.
Avec une tribune, une chambre ressemble trop à un théâtre où les grands acteurs seuls peuvent réussir. Sans tribune, au contraire, les chambres prennent le caractère d'hommes graves, qui discutent leurs intérêts sans emphase et sans apparat. Avec une tribune, les avocats seuls remportent, en général, tous les triomphes. Sans tribune, tout homme de bon sens peut exercer l'influence que donne sur ses sembles l'expression d'un sentiment vrai, d'une idée juste, dépouillée de toute ostentation et de tout luxe de paroles.
Tous ceux qui ont fondé leur autorité sur l'égoïsme et les mauvaises passions ont bâti sur le sable.
Jamais il n'y a eu, en France, autant de savoir et d'intelligence mis en mouvement et aptes à concourir au bien-être général ; jamais pourtant on n'a si peu produit ; c'est qu'il n'y a aucun ensemble, aucune direction, aucun système, et la société, remplie d'idées sans faits et de faits sans pensées, se lasse de théories sans application, comme d'application sans suite et sans portée.
Gouverner, ce n'est plus dominer les peuples par la force et la violence ; c'est les conduire vers un meilleur avenir, en faisant appel à leur raison et à leur cœur.
Ce qui doit nous consoler et nous encourager, c'est de constater les éléments de force et de richesse que renferme notre pays.
L'excès de centralisation, sous l'empire, ne doit pas être considéré comme un système définitif et arrêté, mais plutôt comme un moyen.
Si je rappelle des droits déposés par la nation dans les mains de ma famille, c'est uniquement pour expliquer les devoirs que ces droits nous imposent.
Heureux ceux dont la vie s'écoule au milieu de leurs concitoyens, et qui, après avoir servi leur patrie avec gloire, meurent à côté du berceau qui les a vus naître.
Lorsque les changements successifs de constitution ont ébranlé le respect dû à la loi, il faut recréer l'influence légale, avant que la liberté soit possible.
Quelque gloire que je mette à défendre les fondations de l'empereur, ma vénération pour le chef de ma famille n'irait jamais jusqu'à me faire préconiser ce que ma raison repousserait comme nuisible à l'intérêt général de ma patrie.
Malheureusement en politique, comme en religion, on préfère trop souvent celui qui est entièrement opposé à vos principes, au schismatique, qui n'en diffère que par des nuances imperceptibles.
On ne peut décrire les différentes phases d'un art sans faire en quelque sorte l'histoire de la civilisation ; car tout se tient dans le savoir humain, et chacune de ses conquêtes a besoin du concours de toutes les autres.