La force de l'habitude, l'incapacité de vivre seul, la difficulté de former de nouvelles intrigues, l'embarras de se trouver étranger dans la société, entretiennent beaucoup de vieilles liaisons, et donnent à l'ennui même un air de constance.
Il faut mettre bien du temps à juger ceux avec qui on se lie, pour ne contracter que des liaisons de longue durée.
On ne doit jamais rien détruire qu'on ne soit sûr de pouvoir remplacer aussi avantageusement.
Rien n'irrite davantage que de surprendre à mal faire un homme qu'on avait cru honnête.
Il est bon, il est même indispensable, dans l'éducation des enfants de ne pas négliger les écrits des anciens, et de faire un choix de bons livres.
Qui veut vivre en paix doit apprendre à maîtriser sa langue.
Les envieux souffrent à la fois du mal qui leur arrive et du bien qui arrive aux autres.
Si l'on demandait quel est le plus méchant, le plus pernicieux des hommes, tout le monde répondrait que c'est le traître.
Le superstitieux a peur des dieux, et c'est dans leur sein qu'il se réfugie : il les flatte et les outrage ; il les implore et les accuse.
Le sol riche produit aussi de mauvaises herbes.
Rien ne rend plus odieux que des manières dures et hautaines.
Tout homme justement décrié pour aimer les flatteurs s'aime toujours passionnément, et cet amour aveugle fait qu'il désire et croit posséder toutes les perfections.
L'avarice se tourmente sans cesse pour n'être jamais satisfaite.
Trois genres de vie différents partagent tous les hommes : la vie active, la vie spéculative et la vie voluptueuse.
Il n'est rien dont le travail et l'exercice ne viennent à bout.
Le principal avantage de la justice et de la bonne loi est de rendre la force inutile.
Il faut inventer en même temps que l'on apprend.
Les insensés négligent et méprisent les biens dont ils jouissent, c'est vers l'avenir qu'ils tournent toutes leurs pensées ; les sages se rendent présents par le souvenir les biens dont ils ont joui, et même après les avoir perdus, ils en jouissent encore.
Le moyen le plus sûr de se rendre inaccessibles aux chagrins, c'est de se bien pénétrer de l'inconstance du sort, et de se tenir préparés à tous ses caprices ; non seulement nous sommes tous mortels, mais tout ce qui nous touche est changeant et périssable.
Le sage prévoit tous les malheurs qui lui peuvent arriver. Quand ils surviennent, il travaille à les alléger autant qu'il est possible, et s'il ne peut en diminuer le poids, il se résigne à le supporter.
Il est d'un esprit léger de louer ce qui a été dit, sans savoir, sans se soucier d'apprendre si ce qui a été dit est utile ou sans utilité, nécessaire ou superflu.
Le repos est l'assaisonnement du travail.
Rien n'irrite autant la faim que de voir manger.
Le superflu fait l'orgueil du riche.
L'avarice est un tyran bien cruel : elle ordonne d'amasser et défend l'usage de ce qu'on amasse ; elle irrite le désir et interdit la jouissance.
L'un a du superflu, et l'autre manque du nécessaire.
Il faut vivre et non pas exister.
On entend avec peine ceux qui se louent eux-mêmes.
Il faut savoir saisir l'à-propos.
Le vent éteint facilement le feu quand il commence à s'allumer.
L'amour est comme le lierre, il peut s'attacher à tout.
L'ignorance est toujours à bon marché.
La barbe ne fait pas le philosophe.
Il n'est rien de plus pénible et pesant qu'un auditeur insensible et glacé parce que, secrètement convaincu de son mérite et d'une vaine estime de soi, il est persuadé qu'il dirait beaucoup mieux.
Le commencement de bien vivre, c'est de bien écouter.
La patience a beaucoup plus de pouvoir que la force.
Une bonne éducation est la source de toutes les vertus.
Quand les bougies sont éteintes, toutes les femmes sont jolies.
L'or et l'argent ne peuvent assouvir l'amour des richesses : la cupidité, en acquérant toujours, n'est jamais satisfaite.
Mentir est le fait des esclaves.
Tête fort chevelue embellit le beau et enlaidit le laid.