Se conduire mal est indigne d'une personne bien née.
Qui refuse à servir son pays s'en exile.
Celui qui prend conseil de la bonne foi est équitable même envers son ennemi.
Après le fol amour, l'implacable colère est de toutes nos actions, la pire conseillère.
Les bons sont peu communs dans le siècle où nous sommes, qui veut vivre en paix, doit fuir les hommes.
En vain autour de toi tes amis sont réunis, mais tes pensées sont ailleurs, exilé, tu rêves à ton pays.
Faire son héritier d'un vieillard qui s'en va, c'est au fond d'un sépulcre enterrer ce qu'on a.
Le bonheur de sa coupe a beau nous enivrer, toujours par quelque endroit il laisse à désirer.
Quand vos pires ennemis souhaitent votre mort, à vous haïr vivant tous sont d'accord.
C'est un jeu dangereux que celui d'exciter, un esprit inflammable, et prompt à s'irriter.
Le mal que notre esprit est le plus prompt à craindre, c'est le mal qui jamais n'est venu nous atteindre.
On doit parer au mal dès que le mal menace, il est déjà bien tard quand il a pris la place.
Soyons toujours en garde, œil au guet et debout ; pour ne rien craindre, il faut se défier de tout.
Se plaindre du malheur quand on l'a bien cherché, c'est le comble en effet de la stupidité.
Un sot peut faire preuve, en gardant le silence, sinon de son esprit, du moins de sa prudence.
Un silence prudent est toujours salutaire, on perd à trop parler ce qu'on gagne à se taire.
L'innocence, traçant un lumineux sillon, s'illumine elle-même à son propre rayon.
Le clinquant est toujours un grossier hameçon qui d'un fin acheteur éveille le soupçon.
Le hasard ne séduit nul esprit raisonnable, au connu l'inconnu n'est jamais préférable.
Qui à sa santé ne porte un soin extrême, ne peut de ses douleurs accuser que lui-même.
À la frugalité la raison nous convie, car l'excès des plaisirs abrège aussi la vie.
Il est bon de prévoir et de se souvenir, un œil dans le passé, et l'autre vers l'avenir.
Sache prévoir les maux qui peuvent t'atteindre, un mal prévu d'avance est moins à craindre.
Fuis l'avarice, fuis le luxe et le fracas : L'avare et le prodigue, on en fait peu de cas.
Sois économe, l'argent, à la longue amassé, quand on en est prodigue, est si tôt dépensé.
De l'esprit et du corps fuis la double paresse, car où l'esprit languit, le corps aussi s'affaisse.
Redoute les bavards, aux doucereux discours ; simple est la vérité, le fourbe a ses détours.
En dépit des calomnies, poursuis ton devoir ; faire taire les envieux, n'est pas en ton pouvoir.
Parler en mal d'un ami véritable, c'est être indigne de lui, et c'est impardonnable.
Plus le vice en un cœur a pu s'invétérer, et moins facilement on l'en peut retirer.
Il est rare que l'homme, incertain, inégal, sache venir au bien sans passer par le mal.
Mieux vaut se prononcer entre deux ennemis, que d'avoir à juger des querelles d'amis.
Il vaut mieux déblatérer de deux ennemis, que d'avoir à prendre parti entre deux amis.
L'hypocrite cherche souvent à se déguiser, sous un masque souriant, ou sous un doux baiser.
Chassons de notre vie ces êtres vaniteux, qui à défaut de savoir écouter ne parlent que d'eux.
Il ne faut se hâter, ni de louer personne, ni d'accuser à tort quand peut-être on soupçonne.
L'homme, éternel jouet d'un mirage trompeur, sans cesse est ballotté de l'espoir à la peur.
Rien d'impossible à l'homme, ou de si difficile, qui se puisse soustraire à sa raison subtile.
La trop grande franchise est dupe bien souvent, et se prend aux pièges qu'on lui tend.
La mort, dont le moment est incertain, pendant qu'on songe à vivre arrive un beau matin.
À fort gros intérêts on place un bon office, quand la reconnaissance acquitte le service.
L'erreur est personnelle, et non héréditaire, nul homme ne doit souffrir des fautes de son père.
Déverser sur autrui l'injure et l'anathème, c'est la plupart du temps s'injurier soi-même.
L'aveu d'un tort dispose à l'indulgence, et se repentir d'une faute c'est presque l'innocence.
Il est rare qu'un homme, fût-il des moins sots, puisse parler beaucoup, et toujours à propos.
Il ne faut ni trop parler, ni se taire sans cesse, entre les deux se trouve la sagesse.
L'homme superficiel, où le bon sens sommeille, pour ses amis du jour oublie ceux de la veille.
L'avare ne jouit pas plus de son argent, que de l'or qu'il n'a pas ne jouit l'indigent.
Tout en obéissant, une femme de bien, pour commander son mari trouve toujours un moyen.
Les procédés d'autrui sont le retour des nôtres, ce que nous leur ferons attendons-le des autres.
Quand on ravit l'honneur d'autrui, on perd le sien.
Le voyageur qui craint de s'égarer et doute, fait mieux de tourner bride à moitié de sa route.
Avant d'être adultère, on l'est déjà dans l'âme, lorsque de son prochain on convoite la femme.
L'innocence est toujours environnée de son propre éclat.
D'un seul homme de bien le suffrage vaut mieux, que celui d'un public ignare et vicieux.
Qui se proclame heureux éveille la colère, des jaloux et des envieux qui vivent dans la misère.
Plus longue est notre vie, et plus nos repentirs, bourreaux de nos vieux jours font de nous des martyrs.
Le bien que l'on a semé dans la prospérité, une fois mûri se retrouve aux jours d'adversité.
La douleur, affolée et réduite aux abois, de la froide raison n'écoute plus la voix.
On est moins malheureux, dans la douleur commune, de voir qu'on n'est pas seul à souffrir l'infortune.
Nul vice qui ne trouve un complaisant appui, et ne traîne un essaim de flatteurs après lui.
Les vices haut placés, d'autant plus apparents, quelque petits qu'ils soient sont toujours les plus grands.
Quand le vrai mérite obtient sa récompense, le travail enhardi renaît à l'espérance.
Ne prends pas sans compter ce qu'un hâbleur avance : Ceux qui parlent beaucoup méritent peu créance.
Il n'est pas d'ennemi plus dangereux, ni pire, qu'un soi-disant ami qui contre nous conspire.
Les défauts des autres enseignent au sage à corriger les siens.
La fortune a parfois un enivrant poison, à ceux qu'elle veut perdre elle ôte la raison.
La méchanceté heureuse est la calamité des gens de bien.
Fou, qui veut exercer l'autorité suprême, et ne sait seulement commander à lui-même.
Le silence des sots a bien son avantage : Un sot veut-il se taire, il passera pour sage.
Si vraiment l'ignorance est un mal sans douleur, la pauvreté d'esprit, n'est-ce pas le bonheur ?
Dans la prospérité tel dont le front se dresse, devant les coups du sort s'humilie et s'abaisse.
Celui qui ne sait pas épargner ses amis, donne infailliblement prise à ses ennemis.
Quand l'esprit est distrait, et se trompe de route, les yeux ne tardent guère à ne plus y voir goutte.
Dans la justice même il faut de la mesure, et l'extrême justice est une extrême injure.
Discutée avec calme, une thèse s'éclaire, mais la vérité fuit aux cris de la colère.
La vengeance, achetée à notre détriment, est un plaisir de fou, payé trop chèrement.
Quand le sort obstiné s'acharne à nous trahir, toute prudence échoue, et ne peut qu'obéir.
Le pauvre lutte, hélas ! contre le pot de fer, le jour où avec le riche il veut aller de pair.
Le mal contre lequel on peut se prémunir, c'est grande folie de notre part de le laisser venir.
Le monde avec raison poursuit de ses mépris, la juste pauvreté qui du luxe est le prix.
Aimable et doux tourment, quand, pour mieux en jouir, nous savons à propos ménager un plaisir.
Tous les biens de l'avare, et l'or qu'il met en tas, ne sont pas plus à lui que les biens qu'il n'a pas.
Soupçonner un homme d'honneur c'est l'outrager, sinon de bouche, au moins de cœur.
Avant de se passer la corde autour du cou, on veut encore choisir un arbre de son goût.
Pour celui qui commande, il est de la prudence, de prévoir et la bonne et la mauvaise chance.
Nettoyons le dedans plutôt que le dehors, et les taches de l'âme avant celles du corps.
À tout être violent et brutal, traite-le non comme un homme, et bien moins qu'un animal.
Délibérer avec lenteur est sage, mais cette lenteur ne doit pas être éternelle.
Condamné faussement, arme-toi de constance : Nul ne jouit longtemps d'une inique sentence.
Sur ton ivresse, crois-moi, tu t'excuses en vain : Ta faute est bien ta faute, non celle du vin.
La vie de l'homme est courte, mais une mort glorieuse est l'immortalité.
L'occasion se perd, rarement elle s'offre.
Ne pas venger les délits, c'est prêter la main au crime.
C'est souffrir l'exil que de se refuser à sa patrie.