Lorsque la mort frappe au loin une personne qui nous est chère, un pressentiment annonce presque toujours l'événement, et celui ou celle que la mort frappe nous apparaît au moment de sa mort.
Les vieillards aiment à mettre la mort de leurs contemporains sur le compte d'une imprudence, espérant bien être plus avisés et ne pas commettre la même faute.
Benoît Champy - Les pensées et réflexions philosophiques (1872)
La mort est l'enfantement de la vie véritable, l'aurore du jour qui n'aura point de fin.
Pour moi, je tiens à ma mort autant qu'à nulle chose au monde et je ne voudrais à aucun prix qu'elle me fût dérobée, escamotée. Un drame sans dénouement n'est pas parfait. L'épreuve est pathétique et c'est là que je m'attends.
Marcel Jouhandeau - Les réflexions sur la vieillesse et la mort (1956)
Ce qui rend la pensée de la mort si effroyable, c'est d'être seul pour affronter l'inconnu ; si on pouvait aller à la mort avec ce qu'on aime, la mort aurait l'attrait du vertige et semblerait éterniser l'amour.
On a souvent pensé à la mort de ceux qu'on aime, parce qu'on la craint ; à la mort de ceux qu'on hait, parce qu'on l'accueille. La mort des indifférents, qui pourtant n'émeut pas, est celle qui surprend davantage.
Prenez un chemin couvert d'or et de soie, prenez un chemin obstrué par les cailloux et rempli de fondrières, quel que soit celui que vous suiviez, il vous conduit à la mort.
La mort m'arrange quand elle permet de se tirer de situations sans issue. Elle me dérange dès lors qu'elle frappe des individus en bonne santé ou qui ne se méfiaient pas d'elle.
La mort fait vivre beaucoup de monde. Et les factures qu'on présente çà et là aident à oublier qu'en même temps qu'un être fait de chair et de sang, on enterre un pouvoir d'achat.